Accueil

Barack Obama et Philippe VI d'Espagne

Quand le pouvoir trahit le peuple, ou quand il ne le représente plus, doit-on continuer à lui obéir? Les exemples récents de Philippe VI d'Espagne et de Barack Obama croisés dans une réflexion de Riscossa Cristiana (29/6/2014)

Si l'autorité, qu'elle soit représentée par un roi ou un président, non seulement ne poursuit pas le bien commun, mais même oeuvre contre le bien, une telle autorité peut-elle encore être considéré comme légitime?

     

Les hasards (enfin, pas vraiment...) de l'actualité font se croiser deux noms.

L'un est celui du roi d'Espagne, Philippe VI qui n'a rien trouvé de mieux que de convier les représentants LGBT à l'une de ses premières audiences officielles, refusant le même traitement aux mouvements pro-vie - l'affaire a été rapportée par Carlota (cf. Espagne : la monarchie fait allégeance ). Notons que, pour son premier déplacement à l'étranger, le couple royal sera reçu en audience demain 30 juin par le pape, qui pourrait se rendre en Espagne en 2015...

L'autre est celui du président des Etats-Unis (je n'ai pas trouvé de trace dans les media français...).
Selon Il Giornale du 28 juin l'administration Obama fait le forcing pour imposer davantage d'ambassadeurs LGBT, le dernier en date et huitième étant Ted Osius, ouvertement homosexuel (photo éloquente ici), qui vient d'être nommé à un poste diplomatiquement prestigieux, le Vietnam.
Le secrétaire d'Etat, John Kerry, grand manitout de l'opération au nom du nouvel ordre mondial, a déclaré: «Je suis très fier des progrès que nous faisons dans la nomination d'ambassadeurs LGBT... Ted sera le premier membre officiel LGBT à servir comme ambassadeur en Asie» (selon Il Giornale, le fameux "Ted" aurait même opéré à la Cité du Vatican).
Comme si le fait de faire partie de la communauté LGBT était en soi une garantie de compétence!!!

Par ailleurs, Tomaso Scandroglio rapportait cette semaine sur la Bussola:

Le 16 Juin, Barack Obama assistait à une soirée de gala organisée par des groupes d'activistes LGBT lors du Comité national démocrate qui se tenait à New York.
...
Il ne s'agissait pas tant de montrer son visage gay friendly que de lever des fonds: une place pouvait coûter jusqu'à 32400$ et pas moins de 1200$. Et il y avait 550 places. L'ancien sénateur de l'Illinois a parlé seulement 15 minutes, mais il pris le temps d'embrasser Edith Windsor, l'activiste lesbienne qui a déclenché le différend sur le Defense of Marriage Act (Doma), la loi qui prévoit que le mariage ne pouvait être qu'entre un homme et une femme. Contentieux qui est arrivé jusqu'à la Cour Constitutionnelle, laquelle a l'an dernier déclaré le DOMA illégal.
Sur ce sujet, Obama, a également rencontré jeudi dernier à la Maison Blanche des groupes LGBT, pour étudier comment rendre effectif l'arrêt de la Cour constitutionnelle. Le président a ainsi conclu son discours, s'adressant à un public composé essentiellement par des activistes homosexuels: "Nous croyons en votre dignité et votre égalité. Les États-Unis sont avec vous. Le mois de la fierté est une occasion à célébrer et cette année nous avons beaucoup à célébrer. Dans 19 États des États-Unis, on est aujourd'hui libre de se marier avec qui on aime, et ceci est extraordinaire"».

* * *

Sur un thème semblable, le Salon Beige évoquait sous le titre "Faut-il obéir aux lois injustes?" un essai publié aux éditions Téqui, "Socrate contre Antigone?" (Thierry de Vingt-Hanaps), présenté par l'éditeur en ces termes:

« L’injustice, mieux vaut la subir que la commettre. Mais mieux vaut parfois la combattre que la subir. »
Par ces propos, l’auteur renvoie à deux réactions, qui paraissent opposées, face à une loi injuste : Socrate, injustement condamné, boit la ciguë afin de ne pas désobéir à l’ordre établi ; Antigone désobéit à une loi injuste, entraînant sa propre condamnation par le pouvoir en place.
Cet essai développe donc la question de l’obligation morale face à une loi injuste en manifestant les liens étroits entre conscience, justice, loi et obéissance.

* * *

Evidemment, on ne peut manquer de proposer comme référence absolue le discours extraordinaire prononcé par Benoît XVI devant le Bundestag le 22 septembre 2011, que je ne cesse de rappeler (car l'actualité ne cesse de nous y renvoyer), «sur les fondements de l’État de droit libéral».
L'information correcte étant aussi répétition, je le remets en ligne, partiellement, ici: Les fondements de l’État de droit libéral.

* * *

Voici sur le même sujet un article publié aujourd'hui sur le site <www.riscossacristiana.it>:

     

Riscossa Cristiana

QUAND LE POUVOIR TRAHIT LE PEUPLE
Paolo Deotto
28 juin 2014
-----

Les récentes décisions du roi d'Espagne et du Président des États-Unis posent à nouveau un problème aussi dramatique que non résolu, celui de la légitimité du pouvoir et de l'obligation d'obéissance de la part du citoyen. Obligation d'obéissance qui peut se transformer dans des situations d'extrême gravité, en obligation de rébellion.

Deux nouvelles différente, mais avec un dénominateur commun: l'obsession homosexualiste et la prostitution à l'idéologie, par ceux qui, en tant que chef d'Etat, auraient la très haute responsabilité de travailler pour le bien du peuple à eux confié.

Des Etats-Unis, nous apprenons que «le président Barack Obama travaille dur pour faire en sorte que d'ici la fin de son mandat, il y aura des ambassadeurs lesbiennes, bisexuels et transgenres».

En Espagne, le nouveau roi, Philippe VI, invite à la cour le mouvement LGBT : «La Maison Royale a organisé une rencontre avec les organisations impliquées dans le domaine social et parmi les groupes invités, il y a aussi les principaux mouvements LGBT Espagnols».

A l'origine de ces choix il y aura sûrement des calculs d'opportunité politique, ou plus banalement quelque "do ut des" ("je te donne afin que tu me donnes"). Pour les États-Unis, on parle de la nécessité de trouver davantage de financement pour le Parti démocrate (et on sait que la mafia des pervers dispose d'importantes ressources financières). Peut-être le nouveau roi d'Espagne («Sa Majesté Catholique», entre autres titres ...) pense à relancer l'institution monarchique par l'«ouverture» aux temps nouveaux ...

Il peut y avoir mille calculs à l'origine de ces choix, mais aucun d'entre eux ne sera jamais acceptable, de même que les calculs pourraient s'avérer spectaculairement erronés, parce que l'histoire réserve souvent des surprises sainement amères à ceux qui pensent qu'ils peuvent agir trop longtemps et de manière trop retentissante contre les lois de Dieu, allant même, comme dans ces cas, jusqu'à, appuyer de leur autorité un déni de l'ordre de la création.

Sans doute cela impose-t-il aussi une autre considération: si la décision d'Obama, abortiste et homosexualiste plus qu'évident, ne peut guère impressionner, le roi Philippe VI a pris une décision qui non seulement corrompt encore plus un état déjà très corrodé, mais jette également le déshonneur sur une maison régnante de traditions bien différentes.

Cette totale prostitution à la mortifère idéologie homosexualiste rappelle avec force le problème fondamental de la cohabitation civile: la légitimité de l'exercice de l'autorité et le devoir d'obéissance qui s'ensuit de la part du sujet-citoyen.

Le problème ne concerne évidemment pas seulement les Etats-Unis et l'Espagne. Partout dans le monde occidental est en cours une course vers l'abîme.

En situation de normalité, sans aucun doute, le citoyen est tenu d'obéir à l'autorité et de respecter les règles fixées par elle. Ce principe, qui nous est enseigné depuis toujours, et aussi par l'Église, trouve toutefois sa limite dans le fait que l'autorité agit pour le bien commun. Si l'autorité, qu'elle soit représentée par un roi ou un président, non seulement ne poursuit pas le bien commun, mais même oeuvre contre le bien, une telle autorité peut-elle encore être considéré comme légitime? (*)

La réponse est certainement «non», et cela d'autant plus lorsque cette oeuvre contre le bien commun ne se concrétise pas dans des mesures qui, par leur nature sont contingentes, et relatives à des problématiques purement matérielles et/ou d'organisation, mais va jusqu'à investir les fondements mêmes de la cohabitation, l'ordre naturel sur lequel s'appuis l'existence humaine. Sans aucun doute, l'exercice de l'autorité qui met en péril le salut des âmes des citoyens-sujets est totalement illégitime.

En ce sens, le geste du monarque espagnol semble beaucoup plus grave que celui de l'inconscient de la Maison Blanche. Alors que ce dernier, aux prochaines élections, perdra le pouvoir (c'est déjà son deuxième mandat, il ne peut pas être réélu), et sera peut-être remplacé -plaise au ciel! - par un président responsable, le roi Philippe VI représente au contraire la continuité de l'Etat. La décision du roi d'Espagne, bien qu'il n'ait en fait que très peu de pouvoir, est cependant d'une gravité exceptionnelle, car elle légitime la perversion et par conséquent, par l'autorité morale que revêt malgré tout la couronne, elle met en péril la santé morale et spirituelle d'une nation toute entière.

Ces derniers jours, nous avons développé sur ce site une discussion très intéressante et riche d'idées sur le «parti catholique» et sur la présence catholique dans la vie politique.

La course, apparemment imparable, des Etats occidentaux vers la dissolution, impose selon nous de réfléchir sérieusement à un autre problème, qui, à y regarder de plus près, précède celui du parti catholique et de la présence catholique dans la vie politique (ndt: cette question est spécifiquement italienne; dans notre France hyper-laïciste, elle est tout simplement - et malheureusement - sans objet). Les systèmes politiques actuels marchent tous vers la dictature de la perversion qui ne peut pas ne pas conduire - c'est juste un question de temps - la cohabitation civile à la catastrophe, avec la catastrophe de l'État, qui de cette cohabitation devrait être le garant.

La présence catholique dans la vie politique va devenir de plus en plus une chimère, aussi longtemps que d'un côté il y aura de moins en moins de catholiques, comme il est malheureusement facile de le constater dans la crise terrible qui tourmente l'Eglise, tandis que de l'autre côté l'Etat édictera de plus en plus de règlements si violemment anti-chrétiens, et donc contre nature, qu'ils rendront impossibles une présence réelle en politique des - rares - catholiques restants.

La fuite de l'Église, qui ne sous semble pas avoir soulevé la moindre protestation, ni contre le comportement du roi d'Espagne, ni contre les projets politiques de notre propre gouvernement, rend de plus en plus urgente la réponse à une question dramatique: n'est-ce pas un devoir, avant tout, d'arrêter, par tous les moyens, les dirigeants des nations, quand ils conduisent à la ruine les peuples qui leur sont confiés? N'est-ce pas un devoir d'arrêter la course vers la destruction, par tous les moyens, avant qu'il ne soit trop tard?

Quand arrivera le jugement final, tous en pâtiront, les justes et les méchants. Mais ceux qui se seront limités à regarder ou, au plus, à critiquer, seront-ils parmi les justes?

* * *

(*) Cf Catéchisme de l'Eglise catholique, §1897-1917 (http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P6D.HTM)