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Finances, une réforme qui cherche sa voie

Le très bon "décryptage" d'Angela Ambrogetti, après le motu proprio instaurant un "Secrétariat aux Finances" au Vatican (26/2/2014)



Much ado about nothing?
Le 24 février était publié un motu proprio Fidelis Dispensator et Prudens (http://visnews-fr.blogspot.fr/2014/02/motu-proprio-fidelis-dispensator-et.html ), créant un nouveau dicastère, le Secrétariat pour l'économie destiné à assurer "une coordination des affaires économiques et administratives du Saint-Siège et de l'Etat de la Cité du Vatican" (http://visnews-fr.blogspot.fr/2014/02/coordination-des-affaires-economiques.html ).

Questions en apparence absconses pour les non-initiés.
Angela Ambrogetti réussit pourtant à donner des explications très claires, montrant en particulier la difficulté de trouver une voie juste pour la réforme des finances du Vatican (pour le moment, il s'agit plutôt de simple effet d'annonce), et surtout, les graves problèmes de budget auxquels il est confronté, en particulier du fait du coût exhorbitant des "Consultants externes", sans parler du trou énorme des "triophales" JMJ du Brésil..

>>> Ceux qui lisent l'italien pourront également lire l'article très détaillé d'Andrea Gagliarducci (http://www.korazym.org/) et celui de Sandro Magister sur son blog Settimo Cielo (http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/)

     

La spending review (*) du Pape François cherche sa voie
24 février 2014
Angela Ambrogetti
http://www.korazym.org/13163/la-spending-review-di-papa-francesco-cerca-la-sua-strada/
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Le Pape tenait à ce que la nouvelle soit donnée immédiatement.
Le Père Federico Lombardi le dit aux journalistes qui se pressent autour de lui dans la salle de presse (ndt: pardon pour la répétition). Nous cherchons à comprendre ce qu'est ce «Secrétariat pour l'économie» que François a établi comme dicastère, et «qui aura autorité sur toutes les activités économiques et administratives à l'intérieur du Saint-Siège et de l'État de la Cité du Vatican. Le Secrétariat sera responsable, entre autre chose, de la préparation d'un budget annuel pour le Saint-Siège et l'État de la Cité du Vatican, ainsi que de la planification financière et des diverses fonctions de soutien comme les ressources humaines et les achats. Le Secrétariat sera également tenu de rédiger le budget détaillé du Saint-Siège et de l'État de la Cité du Vatican».

C'est une décision née après les rencontres du C8 de la semaine dernière, et du Conseil du 15 cardinaux.
A lire les premières lignes du communiqué de presse qui annonce le Motu Proprio du Pape, il vient à l'esprit une autre définition d'un service déjà existant «chargé de l'orientation et de la planification économique, ainsi que de la surveillance et du contrôle des Administrations du Saint-Siège, ou en dépendant, quelle que soit l'autonomie dont elles jouissent».

C'est la Préfecture pour les Affaires Économiques du Saint-Siège, dont le statut a été complètement révisé en 2011. «La Préfecture -lit-on dans les statuts - selon les recommandations du Conseil des cardinaux pour l'étude des problèmes organisationnels et économiques du Saint-Siège: rédige le document de programmation économique dans lequel sont proposés les objectifs qui, de manière unifiée, doivent être poursuivis par les administrations; propose, périodiquement, les principaux paramètres macro-économiques de référence, à l'usage des Organismes concernés pour la préparation de leurs budgets annuels prévisionnels».

Un langage très sec qui semble décrire exactement les mêmes fonctions que le nouveau dicastère voulu par le Pape Franàois.

A y regarder de près, il y a bien une différence. La Secrétairerie d'Etat est complètement court-circuitée. Le Secrétariat (des Finances) répond directement au Pape. Et au-dessus de lui, il y a un nouveau conseil des cardinaux qui, au lieu d'être composé uniquement de cardinaux aura parmi ses membres 7 laïcs et sera composé non seulement de cardinaux mais aussi d'évêques. Le Conseil pour l'économie a pour tâche «d'offrir des orientations sur la gestion économique et de veiller sur les structures et sur les activités administratives et financières des dicastères de la Curie romaine, des institutions liées au Saint-Siège et de l'État de la Cité du Vatican».

En somme, des structures supplémentaires plutôt que des regroupements comme beaucoup l'avaient prévu. Pour le moment, il n'y a ni statut ni organigramme. On sait officiellement que c'est le cardinal australien George Pell qui sera le Préfet du Secrétariat, et officieusement, Lucio Ange Vallejo Balda devrait être le Secrétaire général. Vallejo Balda est actuellement secrétaire de la Préfecture pour les Affaires économiques et de COSEA, la commission mise en place par le Pape en Juillet pour la révision économique.

Le sentiment de beaucoup est que la décision est précipitée et «bâclée», peut-être un moyen pour le Pape de répondre aux critiques de ceux qui soutiennent qu'en fait, en un an, au-delà des réunions des conseils, on a vu peu de faits concrets. Pour l'instant, on n'a pas les noms des 15 membres du Conseil, ni d'éventuels membres du Secrétariat, puisque qu'il a pas de Statut.

Il y a ensuite au Vatican un problème immédiat de budget. On dit que les Agences externes appelése pour être conseillers économiques et financiers coûtent très cher. Rien que pour l'action de Promontory, qui devait terminer son travail en décembre mais qui fonctionne encore, on parle de 10 millions d'euros, peut-être plus. C'est l'IOR qui devra les payer, les soustrayant de fait au bénéfice que chaque année le président apporte directement au pape qui en a la pleine disponibilité. Pour le moment, aucune décision ne concerne l'IOR qui, selon le père Lombardi «continue d'être l'objet d'étude et de réflexion, mais il n'est pour le moment pas touché par cette réorganisation, qui a un horizon beaucoup plus large et qui se rapporte aux dimensions économique et administrative du Saint-Siège et l'État de la Cité du Vatican dans leur ensemble».

La mauvaise humeur, cependant, augmente, en particulier parmi les laïcs, car outre le blocage du recrutement, sauf dans des cas particuliers, s'ajoute également la nouvelles que ceux qui ont été embauchés, mais encore dans leur année d'essai ne se verront pas confirmer leur contrat.

Les Cardinaux en revanche, même ceux nouvellement créés, ont 100 litres d'essence chaque année et une remise de 20% sur les achats dans les magasins du gouvernorat. En compensation, les cardinaux, évêques et monsignori de la Curie romaine devront payer leur chambre et leur pension pour la semaine d'exercices spirituels que le pape a décidé de faire à Ariccia dans la maison du Divin Maître des Pauliniens. Les exercices ont eu lieu chaque année au Vatican «à coût zéro».

La spending review du Pape Francis est toujours à la recherche de sa voie. Est-ce pour cela que dans le Motu Proprio, le Pape a établi que le Secrétariat pour l'économie s'occupe des «politiques et procédures relatives aux achats et l'affectation adéquate des ressources humaines»?

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(*) Examen (ou revue?) des dépenses