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Indissolubilité ou indisponibilité?

Sandro Magister cite un théologien italien qui apporte des arguments au cardinal Kasper en vue du prochain Synode, plaidant pour une "reformulation courageuse de la doctrine de l'indissolubilité [du mariage], qui sauve la substance du dépôt de la foi, mais en modifie la discipline". (20/5/2014)

     

Un lecteur attire mon attention sur un passage particulièrement intéressant du dernier billet de Sandro Magister (chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350797?fr=y), consacré à Paul VI: QUE RESTE-T-IL DE PAUL VI, BIENTÔT BÉATIFIÉ?

Sandro Magister rappelle un débat qui avait furieusement agité la vie polititique et la société transalpines, il y a juste 40 ans: le 10 mai 1974, un référendum donnait la majorité aux partisans du divorce, qui allait être introduit le 8 juin 1974 dans la législation italienne.
Paul VI avait à plusieurs reprises manifesté sa grande préoccupation et sa douleur, réaffirmant à cette occasion avec force «l’indissolubilité du mariage, fondée sur la parole du Christ et sur l’essence même de la vie conjugale».

La suite de l'article est très importante (le titre est de moi)

     

Vers la dissolution du mariage sacramentel?

Le 19 octobre, date à laquelle Paul VI sera proclamé bienheureux par le pape François, sera également le jour où s’achèvera la première session du prochain synode des évêques, qui est convoqué précisément pour travailler sur le thème de la famille.
On peut facilement prévoir que, au cours de cette session, ce n’est pas la question de l’introduction du divorce dans les législations civiles qui se trouvera au centre des discussions du synode. En effet, actuellement, c’est plutôt l’accès des divorcés remariés à la communion qui constitue le principal sujet de débat, un débat au ton particulièrement vif.

Et déjà ce changement n’est pas quelque chose de négligeable.
C’est comme si, du débat sur la place publique à propos de la dissolution du mariage en tant qu’institution "naturelle" – dissolution qui est désormais autorisée presque partout par les lois sur le divorce – on était maintenant passé au débat tout à fait interne à l’Église à propos de la dissolution du mariage "sacramentel", celle-ci étant, en fait, un présupposé pour ceux qui veulent que les divorcés soient autorisés à recevoir la communion.

Cette dissolution qui est désormais admise ouvertement – en tant que "courageuse reformulation de la doctrine de l’indissolubilité" une fois que les époux ont constaté "la mort du lien" – par un théologien comme Andrea Grillo, professeur à l’Athénée Pontifical Saint-Anselme de Rome, dans une interview qu’il a accordée au journal "Il Foglio", qui l’a publiée le 13 mai dernier
(je n'ai pas trouvé le texte), et également dans un livre qui est paru ces jours-ci en Italie : A. Grillo, "Indissolubile ? Contributo al dibattito sui fedeli divorziati risposati", Cittadella Editrice, Assise, 2014

     

Voici la présentation de l'éditeur, sur le blog de l'auteur du livre (grilloroma.blogspot.fr/2014/04/un-nuovo-libro-sui-fedeli-divorziati.html ), qui cite en exergue cette phrase du cardinal Martini:
«La question de savoir si les divorcées peuvent recevoir la communion doit être renversée: comment l'Église peut-elle parvenir à aider avec la force des sacrements ceux qui ont des situations familiales complexes»

Il faut distinguer, dans le mariage chrétien, «ce qui ne meurt pas, et ce qui peut mourir».
Pour ce faire, nous devons préserver la tradition avec une reformulation courageuse de la doctrine de l'indissolubilité, qui sauve la substance du dépôt de la foi, mais en modifie la discipline.
Le Pape François a dit qu'il voulait une pastorale matimoniale "intelligente, courageuse, pleine d'amour" . Le rapport de W. Kasper au Consistoire a apporté sérieusement une réponse pour l'accès à la confession et à la communion des fidèles divorcés remariés. Reste l'exigence d'une reconnaissance différente de la nouvelle union, qui ne soit pas en contradiction avec la parole de Dieu.

Le même blog propose plusieurs textes sur l'ouvrage, dont une présentation plus détaillée par l'auteur lui-même.
Je vais essayer de le traduire, car cela en vaut la peine... et ce n'est pas trop long.