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La lettre de Jeannine du 9 mai

"Les deux papes et moi": réflexions en vrac (9/5/2014)

Deux voisins se rencontrent...

et échangent quelques mots. Benoît penché légèrement vers François paraît lui donner les dernières nouvelles. Ils sont réunis tous deux dans la simplicité. Les cérémoniaires, surtout Mgr Marini avec la crosse, paraissent un peu dubitatifs. (Jeannine).

     

Chère Béatrice

(…)

Benoît XVI est retiré mais pour moi il est toujours présent.

Je ne désire pas agir sur l’émotivité des lecteurs, je ne cherche pas à les convaincre. Rationnelle, pragmatique, j’énonce seulement ce que j'aime en lui tout en restant moi, sans me créer une double personnalité : une qui vous écrit et une autre qui pense tout autrement mais surtout ne le dit pas de crainte de...

Les grandes phrases ne sont pas de mon fait. Le pape émérite est un homme avant tout; intelligence hors norme, foi, connaissances touchant à tant de domaines, humilité, noblesse des gestes, du caractère, tout cela remonte à Joseph Ratzinger. A chaque fois Benoît XVI est là, comme s'il revenait d'un long voyage et posait ses bagages pour un temps de repos.

Sans parler du sondage, il est aimé. Débarrassé des images et propos dévalorisants des médias et de ceux qu'il gênait parmi les proches dans la fonction, la foule qui n'est pas uniquement composée d’idiots découvre depuis un an un personnage bien différent de celui qu'on leur avait concocté. Même les médias que je fréquente, lorsqu'ils en parlent, ont perdu leurs propos acides, je n'en demande pas plus.

Pour le consistoire il fallait le découvrir assis bien sagement à sa place. Cette fois il était seul pour rentrer dans l'arène face à la foule immense, son image étant relayée par les écrans géants les clameurs et les applaudissements lui étaient bien réservés. Je me demande si le visage grave de Mgr Gänswein ne traduisait pas une certaine inquiétude quant à la qualité de l'accueil lors de son apparition sur la place Saint-Pierre. L'invitation de François pour la présence de Benoît le 22 février avait été présentée comme une opportunité pour tester la réaction des cardinaux et autres à son retour. Rassuré, il savait qu'il pouvait l'avoir avec lui pour les canonisations, chose faite. En simple visiteur le 22 février le pape émérite avait retiré sa calotte pour saluer le pape ; cette fois il n'en a pas été de même, on était en présence de deux personnalités de l'Eglise. Si le cardinal Ratzinger devenu le Pape Benoît XVI avait été moins soucieux de ne pas déroger d'un iota à la longue tradition de l'Eglise et de disparaître derrière la fonction, dans un style très différent il aurait été un pape "super" pour la foule et pour les fidèles plus exigeants car il possède toutes les qualités pour retenir l'attention, la fixer. Notre époque veut toujours plus de tout et tout de suite.

Selon moi, François n'a pas tout faux. Pour le besoin de rester lui-même il a certes été un peu loin, mais [si j’étais Pape] avoir en permanence une ou des personnes autour de moi, selon un code immuable ou presque, voilà qui me donnerait envie d'affirmer encore plus mon besoin d'indépendance.
Caroline Pigozzi et Sandro Magister, chacun à leur façon, présentent tous deux François comme s’ouvrant uniquement lorsqu’il est au contact de la foule simple, des enfants ; le reste du temps il offre ce visage dur, fermé, qui s'apparente à de la mauvaise humeur. Les amis de François, eux, parlent de son intériorisation dans la prière. Je pencherais plutôt vers le signe de mécontentement, trop de choses imposées. A Buenos-Aires il ne riait pas, ici il rit beaucoup mais pendant les tours en jeep, dans les rencontres informelles qu'il affectionne particulièrement. Avec les membres de la Curie, pour les longues célébrations, on va même jusqu'à dire que tout le rituel établi et à respecter lui pèse, cela je le crois aisément.

Le ravalement extérieur commencé n'est pas encore terminé. Ainsi que le dit le Père Lombardi il y a encore beaucoup de choses à découvrir, à la grâce de Dieu !! Il ne faut pourtant pas prendre au pied de la lettre toutes les paroles lancées lors de discours, d'interviews et qui, récupérées par les médias deviennent le fil conducteur d'un pontificat que François est le seul à connaître si tant est qu'il est clairement défini pour lui.

François s'appuie sur le peuple qui paraît lui apporter un soutien inconditionnel. Cela me gêne. Qu'un gouvernement se base sur les votes, les oboles versées par ses sympathisants, normal. On est dans un régime qui a été porté au pouvoir par le peuple et il est plus que juste qu'il s'en soucie. Dans le cas présent les mécontents n'ont pas moyen de faire entendre leurs voix : pas de scrutin, pas de motion de censure, pas de référendum.
Mis à part le contact très affectueux, les signes amicaux, échangés avec la foule, je voudrais bien savoir ce que demande exactement le peuple fidèle aux RDV.
Si je récapitule bien on retrouve l'éternelle complainte des "pôvres" incompris : communion pour tout le monde, égalité pour tous, croyants ou pas, et dans tous les domaines, mariage pour les prêtres, pour les homosexuels, PMA, adoption d'enfants pour tous, société nouvelle qui ne prône plus la supériorité de la famille et donc valorise tous les mariages classiques ou nouvelle gamme, euthanasie, contraception, liberté pour l'avortement comme moyen de réguler les naissances et l'économie le cas échéant; j'en oublie peut-être mais il y a une grande absence dans tout ce fatras : qui parle de foi? Dommage que ce soit moi, la catholique de bout de banc qui pose la question!!

Je vous livre ces quelques réflexions vite rédigées.

A bientôt

Jeannine