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Le cardinal Biffi au secours de Christine Boutin

Dans un livre écrit en 2007, il citait l'Epître de Saint Paul aux Romains, et n'avait pas peur de traiter de lâches ceux qui la censuraient (8/4/2014)

Ceux qui suivent mon site savent que le cardinal Biffi est un de mes "maîtres à penser" (hélas peu connu en France). J'ai déjà cité le texte ravageur qui suit à plusieurs reprises. Il est plus que jamais d'actualité (je précise, pour les censeurs, que c'est "hard"... Mais il se réclame d'un autre texte, écrit il y a 2000 ans!).

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Christine Boutin est ces jours-ci la cible d'un lynchage médiatique impitoyable et généralisé depuis que, dans une interviewe, elle a osé déclaré:
Je n'ai jamais condamné un homosexuel. L'homosexualité est une abomination. Mais pas la personne. Le péché n'est jamais acceptable, mais le pécheur est toujours pardonné. (…) J'ai des amis homosexuels. (…) Ils sont pécheurs comme je le suis, on est tous pêcheurs. Je suis dans le péché, moi aussi, je suis une pécheresse, mais vous ne me verrez jamais faire l'apologie d'un péché.

Christine Boutin lynchée

Capture d'écran Google

     

En réalité, Christine Boutin n'a rien fait rien d'autre que reprendre l'enseignement de toujours de l'Eglise catholique.

Connaît-elle le cardinal Biffi?
Dans son livre "Memorie e digressioni di un cardinale italiano", paru en 2007 (bien sûr pas traduit en français), il se réfère à un texte fondateur qui apparaît aujourd'hui incroyablement prophétique: l'Epître aux Romains (*).
Voici ce qu'il écrit (cité par Sandro Magister en mai 2012)

GIACOMO BIFFI : "JE PENSE COMME SAINT PAUL ET CEUX QUI LE CENSURENT SONT DES LÂCHES"
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En ce qui concerne le problème aujourd’hui émergent de l’homosexualité, la conception chrétienne nous enseigne qu’il faut toujours distinguer le respect dû aux personnes - qui comporte le refus de leur exclusion sociale et politique sous quelque forme que ce soit (à la réserve de la nature incontournable de la réalité matrimoniale et familiale) - du refus, qui est juste, de toute “idéologie de l’homosexualité” exaltée.

La parole de Dieu, telle que nous la connaissons dans une page de l’épître de l’apôtre Paul aux Romains, nous propose en revanche une interprétation théologique du phénomène de l’aberration culturelle qui se répand dans ce domaine : cette aberration – affirme le texte sacré – est en même temps la preuve et le résultat du fait que Dieu est exclu de l’attention collective et de la vie sociale, et de la réticence à lui rendre la gloire qui lui revient (cf. Romains 1, 21).

L’exclusion du Créateur provoque un déraillement universel de la raison : «Ils ont perdu le sens dans leurs vains raisonnements et leur cœur inintelligent s’est enténébré. Dans leur prétention à la sagesse, ils sont devenus fous» (Romains 1, 21-22). En conséquence de cet aveuglement intellectuel, il s’est produit une chute comportementale et théorique dans la débauche la plus complète : «C’est pourquoi Dieu les a livrés selon les convoitises de leur cœur à une impureté où ils avilissent eux-mêmes leurs propres corps» (Romains 1, 24).

Et, de façon à empêcher toute équivoque et toute lecture accommodante, l’apôtre poursuit par une analyse impressionnante qui est formulée en termes tout à fait explicites :

«C’est pourquoi Dieu les a abandonnés à des passions avilissantes ; en effet leurs femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre nature. Pareillement les hommes, délaissant le rapport naturel avec la femme, ont brûlé de désir les uns pour les autres, perpétrant l’infamie d’homme à homme et recevant en leur personne l’inévitable salaire de leur égarement. Et comme ils n’ont pas jugé bon de garder la vraie connaissance de Dieu, Dieu les a livrés à leur esprit sans jugement et ils ont commis des actions indignes» (Romains 1, 26-28).

Enfin saint Paul prend soin de faire remarquer que l’on atteint le summum de l’abjection lorsque “les auteurs de pareilles actions… non seulement les commettent, mais approuvent également ceux qui les commettent” (cf. Romains 1, 32).

Il s’agit là d’une page du livre inspiré, qu’aucune autorité terrestre ne peut nous obliger à censurer. Et, si nous voulons être fidèles à la parole de Dieu, nous n’avons même pas droit à la lâcheté de passer cette page sous silence par crainte de ne pas paraître “politiquement corrects”.

Nous devons au contraire souligner l’intérêt remarquable, pour notre époque, de cet enseignement de la Révélation : il apparaît bien que ce que saint Paul signalait comme se produisant dans le monde gréco-romain correspond prophétiquement à ce qui s’est produit dans la culture occidentale au cours de ces derniers siècles. L’exclusion du Créateur – jusqu’à cette proclamation grotesque, il y a quelques décennies, de la “mort de Dieu” – a eu comme conséquence (et presque comme punition intrinsèque) la diffusion d’une interprétation aberrante de la sexualité, inconnue (dans son arrogance) aux époques précédentes.

L’idéologie de l’homosexualité – comme cela arrive fréquemment aux idéologies lorsqu’elles deviennent agressives et qu’elles en arrivent à être politiquement victorieuses – devient un piège pour notre légitime autonomie de pensée : ceux qui ne l’approuvent pas risquent d’être condamnés à une espèce de marginalisation culturelle et sociale.

Les attentats contre la liberté de jugement commencent par le langage. Les gens qui ne se résignent pas à faire bon accueil à l’“homophilie” (c’est-à-dire la bonne opinion théorique concernant les relations homosexuelles) sont accusés d’“homophobie” (étymologiquement la “peur de l’homosexualité”). Que ce soit bien clair : celui qui est rendu fort par la lumière de la parole inspirée et qui vit dans la “crainte de Dieu”, n’a peur de rien, sauf de la stupidité, face à laquelle, disait Bonhoeffer, nous sommes sans défense. Maintenant on va parfois jusqu’à lancer contre nous l’accusation incroyablement arbitraire de “racisme” : un terme qui, d’ailleurs, n’a rien à voir avec ce problème et qui, en tout cas, est tout à fait étranger à notre doctrine et à notre histoire.

Le problème de fond qui se profile est le suivant : est-il encore permis, de nos jours, d’être des disciples fidèles et cohérents de l’enseignement du Christ (qui, depuis des millénaires, a inspiré et enrichi toute la civilisation occidentale), ou bien faut-il que nous nous préparions à une nouvelle forme de persécution, mise en œuvre par les homosexuels factieux, par leurs complices idéologiques et aussi par ceux dont le devoir serait de défendre la liberté intellectuelle de tous, y compris celle des chrétiens ?

Nous posons une question en particulier aux théologiens, aux biblistes et aux responsables de la pastorale. Comment se fait-il que, dans l’actuel climat de valorisation quasi obsessionnelle de la Sainte Écriture, le passage de l’épître aux Romains 1, 21-32 de saint Paul ne soit jamais cité par personne ? Comment se fait-il que l’on ne se préoccupe pas un peu plus de le faire connaître aux croyants et aux non-croyants, malgré son évidente actualité ?

(traduction Ch de Pechpeyrou)

     

Extrait de l'Epītre aux Romains, ch1

21 puisque ayant connu Dieu, ils ne l'ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces; mais ils se sont égarés dans leurs pensées, et leur coeur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres.
22 Se vantant d'être sages, ils sont devenus fous;
23 et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en images représentant l'homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes, et des reptiles.
24 C'est pourquoi Dieu les a livrés à l'impureté, selon les convoitises de leurs coeurs; en sorte qu'ils déshonorent eux-mêmes leurs propres corps;
25 eux qui ont changé la vérité de Dieu en mensonge, et qui ont adoré et servi la créature au lieu du Créateur, qui est béni éternellement. Amen!
26 C'est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes: car leurs femmes ont changé l'usage naturel en celui qui est contre nature;
27 et de même les hommes, abandonnant l'usage naturel de la femme, se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres, commettant homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes le salaire que méritait leur égarement.
28 Comme ils ne se sont pas souciés de connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur sens réprouvé, pour commettre des choses indignes,
29 tant remplis de toute espèce d'injustice, de méchanceté, de cupidité, de malice; pleins d'envie, de meurtre, de querelle, de ruse, de malignité; rapporteurs,
30 médisants, impies, arrogants, hautains, fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à leurs parents,
31 dépourvus d'intelligence, de loyauté, d'affection naturelle, de miséricorde.
32 Et, bien qu'ils connaissent le jugement de Dieu, déclarant dignes de mort ceux qui commettent de telles choses, non seulement ils les font, mais ils approuvent ceux qui les font.