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Le cardinal Maradiaga... suite

Après l'interviewe que j'ai traduite hier, je voulais laisser les commentaires à des voix plus autorisées que la mienne. Qui n'ont pas tardé - mais je regrette que la France soit absente du débat (23/1/2014)

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Le cardinal Maradiaga et le théologien allemand

Matteo Matzzuzi, qui collabore régulièrement à la Bussola et Il Foglio cite Magister, et brosse un tableau d'ensemble.
Magister: Disons qu'il ya un climat général qui encourage ces sorties

     

Petite carte d'un conflit mondial âpre et fort

Matteo Matzuzzi
http://www.ilfoglio.it/soloqui/21589
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Le chef de la commission qui conseille le Pape sur le gouvernement de l'Église universelle contre le chef du Saint-Office. Tout cela dans la presse et sans en parler d'abord au principal intéressé - «ce qui est un peu étonnant», note le vaticaniste Marco Tosatti. Oscar Maradiaga, le très écouté (à Sainte Marthe) cardinal hondurien, salésien, ennemi acharné du capitalisme et des grands cercles financiers mondiaux (??? Ce n'est pas si évident, cf. La nouvelle férule de François ), suggère à Gerhard Müller, que Hans Küng avait stigmatisé comme le «nouvel Ottaviani» (du nom d'un célèbre prince de l'église de Pie XII, qui était à la tête des conservateurs lors du Concile), de se montrer plus souple. «Il est allemand, c'est un théologien allemand, pour lui il n'y a que le bien et le mal», disait le prélat au journal Kölner Stadt-Unzeiger. Il n'a pas de voie médiane, en somme, et cela est évident à partir de sa position sur les divorcés remariés, une question sur laquelle la curie et les Conférences épiscopales nationales ne se le sont pas envoyé dire, dans la perspective du synode extraordinaire sur la famille prévue pour Octobre prochain. L'attaque de Maradiaga à Müller - dit Sandro Magister à Il Foglio - explique comment «une partie de la haute hiérarchie se sent désormais autorisée à utiliser avec ceux qui sont identifiés comme les gardiens de l'ordre et de la doctrine, la même désinvolture témoignée par le pape sur plusieurs fronts ces derniers mois. Disons qu'il ya un climat général qui encourage ces sorties».

Le thème choisi pour le synode est fort, l'un de ceux capables d'exaspérer les esprits et de mener à une confrontation, mais qui «à la fin, pourtant, compte tenu de la quantité de problèmes mis sur la table, pourrait même conduire à rien, à aucune conclusion», spécule Magister.

D'ailleurs, Robert Zollitsch, chef (partant) des évêques allemands l'avait dit: «Lors du synode sur la famille, nous ferons entendre notre voix».
Depuis que le pape François a lancé les assises sur la pastorale de la famille, ç'a été la course pour invoquer le tournant, pour reprendre en main une question abordée pour la dernieère fois trente ans auparavant par le pape Jean-Paul II, dans l'exhortation Familiaris consortio, fille du synode de 1980. Depuis lors, beaucoup de temps a passé. Ce modèle de famille n'existe presque plus (ndt: est-ce si vrai que cela?), entre les parents non mariés, les naissances de plus en plus rares. Et puis il y a les familles patchwork, hantise du cardinal-Prince Christoph von Schönborn.
De Fribourg, un bureau diocésain a immédiatement annoncé la réadmission des divorcés remariés aux sacrements: «La confiance et la miséricorde de Dieu valent aussi pour ceux dont le projet de vie a échoué», faisait-on savoir du diocèse allemand. Très juste, si ce n'est que «la miséricorde de Dieu n'est pas une dispense des commandements de Dieu et des instructions de l'Église» écrivait dans L'Osservatore Romano, le 23 Octobre, le préfet gardien de la foi, Mgr Gerhard Müller. «A travers ce qui résonne objectivement comme un faux appel à la miséricorde, il y a le risque de la banalisation de l'image de Dieu, selon laquelle Dieu ne pourrait faire autre chose que pardonner. Au mystère de Dieu appartiennent également, outre la miséricorde, la sainteté et la justice; si on cache ces attributs de Dieu et qu'on ne prend pas au sérieux la réalité du péché, on ne paut pas non plus négocier sa miséricorde pour les gens», ajoutait le théologien choisi par Benoît XVI et l'un des premiers, Septembre dernier, à être confirmé dans sa charge par François.

Les réactions ont été immédiates à ce qui ressemblait à une fermeture du Saint-Office aux ouvertures papales annoncées pendant le vol de Juillet dernier (y compris la pratique orthodoxe de concéder aux divorcés une seconde chance).
Toujours d'Allemagne, Reinhard Marx, archevêque de Münich, a invité Mgr Müller à rester à sa place, lui rappelant qu'il n'avait pas à tronquer les débats ouverts par d'autres et que de toutes les questions à l'attention du Synode - «qui réclament une réponse nécessaire et urgente » - seraient examinées dans le sens le plus large large, «avec des résultats qu'on ne peut pas prévoir maintenant». Et puis, assez parlé des principes non négociables, nous avons besoin de plus de souplesse.
Et si quelque cardinal de Curie, comme l'Américain Raymond Burke, soulignait que l'opinion exprimée par le préfet gardien de l'orthodoxie n'était pas une opinion personnelle, mais «l'enseignement de l'Église, qui ne peut être changé», d'autres répondaient avec des citations extraites de 'interview accordée par le pape à la Civiltà Cattolica l'été dernier: «Nous ne pouvons pas insister seulement sur les questions liées à l'avortement, le mariage homosexuel, et à l'utilisation des méthodes contraceptives. Ceci n'est pas possible. Je n'ai pas beaucoup parlé de ces choses, et on me l'a reproché. Mais quand on en parle, il faut en parler dans un certain contexte».

Des mots qui signalaient un changement de priorité dans l'agenda papal, comme on l'avait du reste déjà compris par les rares références de François aux questions d'Evangelium Vitae au cours de la journée dédiée (en Juin dernier) à la grande encyclique de Jean-Paul II sur la défense de la vie.

Bien sûr, le pape a utilisé des mots violents contre le crime de tuer les enfants à naître, encouragé les fidèles français à poursuivre leur combat anti-avortement.
Mais désormais, la priorité est la mission, la sortie vers les périphéries, et «la pastorale missionnaire n'est pas obsédée par la transmission d'une multitude doctrines disparates et à imposer avec insistance». Ce qu'il faut, c'est «un nouvel équilibre». Un changement de marche ressenti particulièrement, et avec des conséquences déroutantes aux États-Unis, le contexte où depuis plusieurs années s'est aiguisé le conflit entre l'Église et l'État sur la triade non négociable.
Du haut des chaires des cathédrales, des archevêques comme Timothy Dolan tonnaient contre le mariage homosexuel, la réforme des soins de santé promue par Obama, l'avortement. Et le successeur du cardinal de New York, le «modéré» Joseph Kurtz, n'a pas changé les choses, au contraire. Si de Rome le Pape prêche l'attention aux pauvres et la nécessité de convertir les cœurs, en Amérique, les évêques écrivent à la Maison Blanche des lettres de fin de l'année dans lesquelles ils accusent le président de mettre en danger la liberté de pratiquer librement sa propre religion avec l'Obamacare.
Cette ligne est dûe au fait «que la grande majorité de l'épiscopat américain est conservatrice et est unie dans la défense des principes non-négociable» dit Magister.
Et de même pour l'avortement, avec l'Espagne qui raidit sa législation et les catholiques français qui descendent dans la rue exposant des pancartes où l'on peut lire «je suis enceinte, et si je le gardais?».
Le cas français, ajoute Magister «est l'opposé par rapport à l'Amérique. Ici, on fait des marches, on écrit des appels, la résistance des fidèles est là, et elle est forte. Le problème est que les évêques, ici, ne sont pas une présence significative.