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Le Pape au bout du fil (2)

Carlota a traduit un article d'un religieux mexicain, Légionnaire du Christ, en poste à Rome. Il pense que le dernier coup de fil médiatisé de François est un canular. (24/4/2013).

>>> Le Pape au bout du fil

>>> Photo: le couple en question..

Peut-être. Mais, avec tout le respect dû, le problème n'est pas là.
Le problème n’est pas vraiment de savoir si l’appel est authentique ou pas: le problème est que le comportement habituel du Pape le rend PLAUSIBLE !!

     

La femme « divorcée » que le Pape a autorisée à recevoir la communion.
http://www.religionenlibertad.com
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La nouvelle qui tourne autour d’un appel du Pape à une femme argentine qui vit avec un homme divorcé s’est transformée en ce qu’on appelle une nouvelle virale. La particularité qui a été à l’origine de la mondialisation de l’événement est due à une supposée autorisation pour que la femme, dénommée Jacqueline Lisboa, puisse accéder au sacrement de l’Eucharistie malgré sa situation personnelle. « Le Pape m’a appelé et m’a dit qu’un divorcé ne fait pas de mal s’il prend la communion ».

Le supposé appel aurait été motivé par une lettre que Jacqueline aurait écrite au Pape François en 2013. Le premier qui a raconté quelque chose sur le supposé appel a été Julio Sabetta, l’homme avec qui vit Jacqueline, depuis son profil Facebook. Maintenant l’histoire sur ce qui est supposé avoir eu lieu circule partout (en le donnant pour certain), comme circule sur beaucoup de médias Jacqueline racontant son histoire.

Évidemment tout cela contient les ingrédients qui vont bien pour polémiquer, entretenir et, - depuis un point de vue médiatique, susciter une épidémie. Il est curieux que jusqu’à aujourd’hui il y en a peu qui ont pensé que ce qui se raconte est peut-être faux (1).
Faux pour différentes raisons : étant donné la renommée des appels du Pape en Argentine, prolifèrent les imitateurs qui pour le malheur de ceux qui reçoivent les appels ne savent jamais si ils ont vraiment reçu un appel de Rome ou depuis un quartier tout proche (Jacqueline le reconnaît elle-même dans un entretien avec la « Cadena 3 » (photo ci-dessus) : elle reconnaissait qu’elle attendait un appel du Pape de sorte que, avec une telle information, il était plus facile de lui faire une blague).
Faux parce que le Saint Siège n’a pas confirmé cela (1) et que bien que l’on veuille faire passer le Pape François pour un libéro-progressiste il a déjà dit maintes fois qu’il est fils de l’Église et qu’il suit sa doctrine. Vu que ce à quoi Jacqueline fait référence va contre cette doctrine, il est plutôt douteux que le Pape François se mette à faire des appels téléphoniques pour dispenser individuellement des personnes de vivre selon les normes de la foi sachant que cela peut ensuite finir - comme cela s’est passé dans ce cas, dans la presse internationale.

Enfin: pour une plus grande précision, il faudrait dire que Jacqueline n’est pas divorcée, le divorcé est la personne avec qui elle est mariée civilement (2). Dans l’entretien qu’a donné son mari, Julio Sabetta, à une radio locale de Buenos Aires, on peut noter des imprécisions (« Le Pape m’a dit » et ensuite « le Pape a dit à ma femme ») qui augmentent à 99,99% les possibilités de ce qu’on leur a fait une blague.

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Remarque de Carlota

Tant mieux si ce que pense Jorge Enrique Mújica est la réalité.

La seule chose que je puisse dire en tant que catholique lambda c’est que j’en ai plutôt assez de ces cas particuliers qui deviennent des cas généraux (même si certains sont plus attendrissants que d’autres, mais l’Église, est-ce vraiment ce type de sentimentalisme ?)
Même si l’appel est un canular, la situation des intéressés existe. J’en ai assez de tout ce petit monde qui écrit ou téléphone au pape pour lui raconter ses malheurs, ou qui écrit ou parle aux médias au micro et à la caméra toujours prêts pour certains sujets et pas d’autres, parce que les vrais malheureux, ils n’écrivent pas ou ne téléphonent pas au Pape, ils ne convoquent pas le ban et l’arrière ban médiatique sur des sujets « sociétaux » qui plaisent tant aux secteurs des catholiques adultes.
Les vrais malheureux, heureusement que leur foi ne dépend pas de tels « faits divers » face à des situations tellement plus graves de persécutions physiques et/ou morales. Les vrais malheureux, ils se mettent d’abord humblement à genoux pour demander pardon de leurs péchés quels qu’ils soient, avant de décréter que certains péchés en sont moins que d’autres et que l’Eucharistie est un droit, et que le curé du coin, il ne compte pas et qu’il faut écrire au Pape à Rome. Les vrais malheureux, ils pleurent en silence sur Jérusalem…

     

NDLR

(1) Le Père Lombardi aurait pu dire fermement qu’il s’agissait d’un faux, il ne l’a pas fait (il l’avait fait quand un homosexuel français avait prétendu avoir reçu un appel du Pape). Tout simplement parce qu’il n’en sait rien ! (voir ici).

(2) Voir ici: Le Pape au bout du fil