Le Pape dans la mansarde
Long article publié sur le site du magazine "The Atlantic" (22/4/2014)
L'article qui suit, trouvé grâce à Teresa, a été publié sur le site internet de "The Atlantic" .
Renseignement pris, il s'agit d'une revue américaine fondée au XIXe siècle (qui fut) de prestige, dont le cœur de cible serait aujourd’hui les "décideurs". Si lesdits décideurs s'informent en lisant de tels articles, on peut s'interroger sur la qualité de leurs décisions...
L'auteur Paul Elie, est senior fellow au Georgetown University’s Berkley Center for Religion, Peace, and World Affairs. Pas moins!
Il s'est rendu à Rome pour un prétendu "grand reportage" mais en réalité, il a essentiellement « brodé » autour de photos et d'articles publiés depuis un an par la presse italienne et allemande. Il n'est pas le premier à user du procédé, mais cela pose des questions sur la déontologie de la profession de journaliste.
L'article, un catalogue des pires lieux communs sur Benoît XVI, n'est toutefois pas dénué d'intérêt (sinon, je ne me serais pas donnée la peine de traduire un tel pavé !): il a notamment celui de montrer que la renonciation de Benoît n'a pas mis un terme à l'activité de ses ennemis, ni endormi leur méchanceté, qu'ils soient internes - anonymes, ou claironnants comme le théologien "in gamba" ami du Pape François, le cardinal Kasper, qui dépasse ici toute mesure - ou externes: l'hostilité de la presse ne faiblit pas, et il est clair que François n'est pas à l'abri... et qu'on l'attend au tournant des décisions qui fâchent.
Mise à jour
L’image ci-contre est celle qui illustre l’article original en anglais.
La qualité du dessin n’est pas en cause, mais à part le soin apporté à la reproduction de la soutane blanche, il n’y a aucune ressemblance avec le modèle.
J'imagine qu'il veut correspondre au titre (The Pope in the attic, où le mot "attic" désigne une mansarde, ou un grenier), donnant une idée dépréciative de la retraite de Benoît XVI - une image qui elle non plus ne correspond absolument pas à la réalité et qui a quelque chose de révoltant, puisqu'elle présente le Pape émérite comme un rebut dont on se débarrasse au grenier.
On attend une mise au point de la cellule de communication du Vatican.
Les sous-titres sont de moi.
Le Pape en cellule: Benoît au temps de François
C'est comment, pour le premier ex-pape encore en vie depuis 600 ans, de regarder de près le successeur auquel il a permis de démanteler son héritage?
Paul Elie
The Atlantic
16 avril 2014
(ma traduction)
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Ces jours-ci, il est un "autoclaustrato", une auto-cloîtré contemplatif dans un ordre dont il est le seul membre.
Son nom est encore Benoît, quinze mois après qu'il ait renoncé à la papauté. Ses vêtements sont toujours blancs, les vêtements papaux, sans cape ni ceinture. Sa maison est maintenant la Mater Ecclesiae, un monastère sur la colline derrière la basilique Saint-Pierre, érigée par Jean-Paul II comme maison de prière près du Palais apostolique, le site des appartements pontificaux.
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"CES" deux papes
Le Pape François ne vit qu'à quelques centaines de mètres en bas de la colline, dans la Casa Santa Marta: la maison d'hôtes où les cardinaux séjournent lors de l'élection d'un nouveau pape. Il est arrivé là pour le conclave de 2013, comme Jorge Mario Bergoglio, le cardinal jésuite archevêque de Buenos Aires. Après son élection, il a surpris tout le monde, d'abord en prenant le nom de François, le saint à la simplicité radicale et ensuite en refusant de s'installer dans le palais, et en restant dans la maison d'hôtes. Tout le monde a acclamé l'acte, comme si il avait planté une petite tente sur la place Saint-Pierre.
Benoît était aussi surpris que les autres. D'un seul coup, l'Argentin l'avait surpassé dans la simplicité. Benoît s'était retiré au palais d'été de Castel Gandolfo pendant que le monastère était en cours de rénovation, et tout à coup, sa retraite semblait être une vie de luxe. Lorsque les rénovations ont été terminées, il est retourné dans la Ville sacrée en hélicoptère, comme il l'avait quittée, et s'est installé au monastère pour de bon.
Et ainsi, dans sa 88ème année, il vit à la Mater Ecclesiae, servi par quatre laïques consacrées et son secrétaire-prêtre, avec un piano et une ribambelle de livres pour le garder occupé. Ici, il regarde l'Argentin, prie pour lui, et garde le silence - une discipline difficile pour un homme qui a passé sa vie publique à définir la nature de Dieu et de l'homme, la vérité et le mensonge.
C'est assez étrange qu'il existe deux papes vivants. C'est encore plus étrange qu'ils vivent dans une telle proximité. Mais ce qui est le plus étrange, c'est que les deux papes soient CES deux papes, et que celui qui a passé un tiers de siècle à ériger un édifice catholique de doctrine ferme et de stricts interdits doive maintenant regarder de près comment l'autre le démantèle joyeusement dans le service d'une Église plus ouverte, plus flexible.
Extérieurement, le dispositif fonctionne. François agit librement, il n'est pas inhibé parce que Benoît regarde par-dessus son épaule. Benoît fait ce qu'il a dit qu'il ferait: il vit une vie tranquille de prière après 23 ans en tant que conseiller de Jean-Paul culminant en huit années difficiles et conflictuelles comme pape. Pour la petite histoire, il n'a aucun regret. Mais il est maintenant dans une cellule de son propre fait, il s'est engagé à ne pas voyager et a promis de ne pas parler contre son successeur. En Février de cette année, lorsque François l'a invité à prendre part à un consistoire, une messe dans laquelle de nouveaux cardinaux sont nommés, les deux papes ont décidé ensemble (comme François l'a dit à propos de Benoît) que «ce serait mieux qu'il voie des gens, sorte et participe à la vie de l'Église». Il a pris part au consistoire. Et pourtant, sortir n'est pas un substitut à la parole, pas pour l'ancien cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, qui a corrigé même Jean-Paul.
Avec la presse fascinée par François, je suis allé à Rome pour parler de Benoît. Invariablement, les conversations tournaient sur les deux. Les prêtres, les responsables de l'Église, et les spécialistes du Vatican m'ont tous dit que les différences entre les deux hommes concernaient les personnalités, pas le principe, et que Benoît se réjouissait de la bonne volonté que le monde témoigne à François. C'est probable. Pourtant, quand il était l'arbitre de la doctrine de l'Église, il n'a jamais manqué une occasion de déclarer que l'Eglise était fondée sur la vérité révélée plutôt que sur la personnalité, et que peu importait la complaisance du monde . «Qui suis-je pour juger?» - la remarque de François sur les gays - était un virage brutal par rapport au point de vue de Benoît que le rôle de l'Église est de rendre un jugement, dans un monde en proie à «la dictature du relativisme». Les déclarations désinvoltes de François et l'ouverture à de nouvelles approches montrent clairement qu'il est un pape très différent et sauf si Benoît a perdu l'esprit (!!!), il ne peut pas être tout à fait heureux.
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La vie trépidante de François
Chaque mercredi, le jour de son audience générale hebdomadaire, le Pape François commence sa matinée avec la prière en privé, puis il célèbre la messe dans la chapelle de la pension, avec des fidèles. Après un petit déjeuner léger, souvent pris avec des visiteurs, il se rend à son bureau, dans le Palais apostolique, non loin des appartements pontificaux désormais vacants. En toute simplicité, pour la partie bureaucratique, il a un collaborateur à un bureau avec un ordinateur et un téléphone et un aide - Georg Gänswein, le prêtre dont il partage les services avec Benoît (??). Il y a beaucoup de paperasse à liquider avant l'audience, qui commence à 10h30.
«L'ironie - me dit un jésuite bien placé au Vatican - c'est que ce pape, grand agent de la décentralisation dans l'Église, est personnellement le pape le plus centralisé depuis Pie IX. Tout doit passer par son bureau».
Dès l'aube chaque mercredi, des dizaines de milliers de pèlerins se rassemblent sur la place Saint-Pierre, le triple du nombre de ceux qui venaient voir et entendre Benoît (ndt: ceci serait à vérifier). François va sur la place dès 9h45, pour passer longuement et lentement à travers la foule dans la papamobile. Il sourit et salue, serre les mains, et s'arrête pour embrasser un pèlerin occasionnel, comme l'homme, grossièrement déformé de la tête et du cou, dont l'étreinte avec François, en Novembre dernier est devenue un virus (informatique?), une étreinte biblique pour l'ère numérique.
Il sort de la papamobile et gravit au pas de course les marches devant de la basilique. La cérémonie suit: prière d'ouverture, salutations aux pèlerins dans une demi-douzaine de langues, lecture des Écritures, homélie, Notre Père, la bénédiction sur les pèlerins, et les salutations individuelles pour les invités aux places privilégiées. Le jour où j'étais là-bas, une forte pluie tombait, mais après l'audience, François a fait un autre tour dans la foule, en papamobile, puis est descendu sous une arche pour bénir les personnes handicapées.
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La vie (inventée) à Mater Ecclesiae
Sur la colline, Benoît suit un régime beaucoup plus léger. Il vit dans une chambre à coucher, un bureau, et un salon au rez de chaussée du monastère. Il se lève à 5h30, une demi-heure plus tard qu'il ne faisait quand il était pape, et commence la journée par la prière. Il est aidé pour endosser le costume blanc pontifical et on lui tend sa canne pour le court trajet vers la chapelle (bien entendu, tout cela est pure imagination, l'auteur de l'article a simplement vu quelques photos). Là, à 6 heures, il dit la messe pour les femmes de ménage: les quatre laïques consacrées - Carmela, Rossella, Loredana et Cristina, d'âge moyen, en jupes et chandails unis - (même remarque) et Gänswein, qui concélèbre, la première des nombreuses occasions tout au long de la journée où il se tient aux côtés de l'ex-pape. La chapelle pourrait être la chapelle d'une école secondaire catholique : murs de briques beiges, bancs de planches, crucifix standard en bois. Les réformes de Vatican II ont détaché l'autel de la paroi arrière dans les églises catholiques, et l'ont tourné en sorte que le prêtre dise la messe face au peuple, plutôt que l'opposé, c'est-à-dire vers Dieu. Mais ici l'autel recouvert de dentelle est placé contre la paroi, à l'ancienne mode. Les femmes, à genoux, contemplent le dos du vieil homme (idem! en réalité, les memores contemplent le Christ).
Suit le petit-déjeuner dans le réfectoire: pain, confiture, fruits, et jus de fruits, les femmes s'activant avec respect autour de lui. Jean-Paul, avait comme Clinton un goût pour des groupes de personnes, avec lui au centre, et au cours de son pontificat, son secrétaire-prêtre organisait évidemment ces rencontres. «Benoît a immédiatement coupé court à cela», me dit un initié du Vatican. «Il prenait ses repas plus ou moins seul, même quand il était pape, quand il était LE pape».
Il se rend à son bureau, lit les journaux du matin, écrit une lettre ou deux. Il a cessé d'écrire - trop vieux, a dit Gänswein, pour écrire un livre entier. Certaines personnes disent que sa retraite a commencé quand il a été élu pape (!!!). Dès 1985, alors qu'il était préfet, il a dit à un journaliste que «si la Providence me libére un jour de mes obligations», il se consacrerait à un ouvrage savant sur le péché originel. Deux fois, il a présenté sa démission; deux fois Jean-Paul l'a refusée. En 2000, avec le déclin de la santé du pape, il est intervenu, dirigeant l'Église de son bureau au Palais Sacré et insistant sur le fait que Jean-Paul ne démissionnerait jamais (tout cela est évidemment pure invention). Il a été élu doyen du Collège des cardinaux en 2002, et trois ans plus tard, il a supervisé l'enterrement de Jean-Paul et le conclave suivant, où il a été élu pape. Il était épuisé quand il a pris ses fonctions.
Une blague circule à Rome ces jours-ci: Question: Est-ce que Benoît s'ingère dans la gouvernance de l'Église? Réponse: Vous plaisantez? Il n'interfèrait pas même quand il était pape!
Quand il était cardinal, Benoît envisageait une église plus petite, plus solidaire. Au monastère, son souhait est exaucé (!!). Des ecclésiastiques et des fidèles prennent le chemin de la colline à deux ou trois. Le Cardinal Müller vient à pied du Palais Sacré, où il dirige la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Et aussi le Cardinal Meisner, qui vient de se retirer de son poste à Cologne. Et Manuel Herder, l'éditeur des œuvres complètes de Benoît XVI à Fribourg. Et le Cardinal Schönborn de Vienne, qui a amené une fois les autres évêques de l'Autriche avec lui (c'est extrêmement peu probable, vu la situation de fronde que traverse l'Eglise en Autriche). On parle allemand. De nouveaux livres de la patrie sont présentés. Les prières de midi sont dites. Le déjeuner est servi, et le "Papa emerito" est laissé à sa sieste (j'ai de gros doutes sur la véracité de ce récit, qui n'est que malveillant).
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Certaines personnes au Vatican ont pitié de Benoît, le savant dont le destin était de tomber entre les rock-stars Jean Paul et François. Mais il n'a jamais recherché la renommée du monde. Il envisage un héritage différent. «Il aimerait être un docteur de l'Eglise (c'est évidemment une méchanceté de plus, c'est diamétralement opposé à la modestie du Pape émérite) - m'a dit un chroniqueur du pontificat de Benoît XVI - avec Augustin et Thomas d'Aquin, Thérèse d'Avila et Jean de la Croix». Avec cela à l'esprit, il passe une partie de la journée à polir le recueil de ses écrits, qui couvrent 16 volumes. Le fait qu'il ait tellement écrit contredit son espoir d'être lu dans le futur (!!). «La forme naturelle de Ratzinger est l'essai, pas le livre» dit le jésuite bien placé. Ce qui s'approche le plus d'un classique, dans l'oeuvre de Ratzinger est «Introduction au christianisme» , qu'il publia en 1968, avant que les événements de la fin des années 60 ne le fasse pencher du côté des néotraditionalistes.
Benoît est sorti de son silence auto-imposé l'an dernier pour défendre son livre, et sa réputation, après qu'un mathématicien italien, et athée déclaré, Piergiorgio Odifreddi, lui ait adressé en 2011 un petit livre ("Caro Papa, ti scrivo") et ait utilisé des exemples issus d'«Introduction au christianisme» pour faire valoir l'idée que la religion est juste de la «science-fiction». Benoît a lu le livre et pris sa plume. «Distingué Professeur», a-t-il commencé, et sur 11 pages, il a contesté la vision théologique d'Odifreddi, l'évolution, le travail de Richard Dawkins, et bien d'autres choses. «Ma critique de votre livre est, en partie sévère», a-t-il conclu. «Toutefois, la franchise fait partie du dialogue ... Vous avez été très franc et donc vous accepterez que je le sois aussi».
Odifreddi a demandé à Benoît XVI l'autorisation de publier des extraits sur La Repubblica, l'un des quotidiens de Rome (il serait bon de préciser qu'il s'agit du navire-amiral de l'anticatholicisme primaire... très prisé du pape actuel). Benoît a demandé à François - qui a dit, "bien sûr, très bien".
«Il est toujours l'universitaire efficace, pour obtenir un rectificatif - dit Robert Mickens, qui couvre le Vatican pour The Tablet, un hebdomadaire catholique (Mickens est le misérable qui a été mis à pied pour avoir écrit sur Twitter qu'il souhaitait la mort du "rat"!!! voilà les sources de Elie!) - Mais rompre son silence pour défendre un livre qu'il a écrit il y a 50 ans? C'est fort de café!»
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Un après-midi, il y a peu de temps, tandis que Rome s'éveillait à nouveau après la pause de midi, Benoît a reçu un visiteur. C'était François. Ils se sont embrassés. Ils se sont agenouillés dans la chapelle, deux vieillards en robe blanche. Ils se sont assis et ont parlé, en présence de Gänswein (le dialogue qui suit est évidemment inventé).
- Benoît: «Maintenant, je suis un claustrato» -un cloîtré.
- Gänswein: «Vous êtes un autoclaustrato».
- François: «Mais vous pouvez sortir si vous voulez».
Le bureau de presse du Vatican publie des photos de leurs rencontres, avec l'intention de montrer que Benoît et François s'entendent, mais les images ont pour effet de suggérer autre chose: que la rencontre des deux papes est une occasion spéciale. En un sens, ça l'est. L'été dernier, un universitaire américain faisait partie d'une délégation qui allait rencontrer François quand le mot d'ordre est venu pour le groupe de s'arrêter: l'AUTRE pape était dans le palais.
La plupart des après-midis, Benoît passe ses heures au monastère. Il tourne les pages (!!) de L'Osservatore Romano, le journal du Vatican. Il se met au piano et joue un peu de Mozart. S'il se sent fort, il s'habille (avec le gilet blanc matelassé, la casquette de baseball blanche, la canne) et marche avec précaution à travers les jardins jusqu'à la grotte de Notre-Dame de Lourdes. Gänswein le protège contre les éléments, au besoin, avec un parapluie géant blanc. Quand Pie XII était pape, au milieu du 20e siècle, on disait aux hommes qui s'occupaient des jardins du Vatican de se cacher derrière un buisson s'ils le voyaient s'approcher au cours de ses promenades. Le besoin de solitude de Benoît n'est pas si grand, mais Gänswein est à l'affût des paparazzi qui pourraient essayer d'obtenir une photo de l'ex-pape affaibli.
Souvent, il y a de la musique: au piano, sur la chaîne stéréo, ou joué par des musiciens venus pour une performance de commande. Un jour, une paire de pianistes allemands est venu et a joué des œuvres à quatre mains. Une autre fois, Gänswein organisé un récital de musique de chambre dans le Collegio Teutonico, en bas de la colline, où Ratzinger avait l'habitude de célébrer la messe avec des étudiants. L'an dernier, alors que le frère aîné de Benoît, Mgr Georg Ratzinger, directeur musical d'église (?) à Ratisbonne, approchait de ses 90 ans, des collègues ont programmé là-bas un concert d'anniversaire. Puis Benoît a renoncé à la papauté, et le concert a été déplacé à la ville sacrée. Dans un studio de Radio Vatican près du monastère, les deux frères (l'aîné, vêtu de noir, dans un fauteuil roulant, le plus jeune, vêtu de blanc, voûté sur son siège) ont écouté la correspondante religieuse de Fox News, Lauren Green, une pianiste classique virtuose, jouer Bach, Liszt, et un intermezzo de Brahms. «J'étais sans voix - a dit Green - j'avais auparavant prié devant la grotte».
Le souper est léger, généralement une soupe et un plat d'accompagnement. Déjà quand il était cardinal, Benoît XVI regardait les nouvelles du soir à 8 heures, et certains disent que l'angoisse de voir les JT rapporter la nouvelle d'une fuite de documents volés par son majordome l'a poussé à démissionner. Sa renonciation, à son tour conduit à des rapports selon lesquels il aurait été forcé de démissionner par des cardinaux qui menaçaient de révéler les coulisses de sexcapades dans le palais (???).
Ces jours-ci, toutefois, les nouvelles du Vatican sont toutes pour François.
A 10 heures, l'ex-pape est déshabillé. Avant de se retirer, il prie - et ainsi la journée se termine comme elle a commencé, avec le vieil homme de foi se plaçant devant Dieu et demandant sa direction.
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L'agenda de Martini
Jean Paul et Benoît ont conduit l'Eglise pendant 35 ans. Décennie après décennie, ils se sont opposés aux courants de modernité que, selon eux, les catholiques progressistes identifiaient faussement avec «l'esprit de Vatican II»: les mouvements en faveur des droits des femmes, des droits des homosexuels, des arrangements familiaux hétérodoxes, et contre la liberté religieuse, et une religion solide dans la vie publique. Ils ont nommé les cardinaux qui devaient élire leurs successeurs. Leurs effort semblaient fonctionner: au moment où Benoît est devenu pape, les catholiques progressistes étaient recroquevillés. Les vérités de l'orthodoxie et les conclusions de la sociologie convergeaient; les organismes religieux qui épousaient les doctrines les plus fermes et imposaient les exigences les plus strictes à leurs adhérents étaient ceux qui gaganaient le plus de disciple.
Carlo Maria Martini voyait les choses différemment. Prêtre jésuite et bibliste, Martini était un cas particulier, même après que Jean-Paul l'ait nommé archevêque de Milan. Quand à Rome, il oeuvrait auprès des pauvres et célébrait la messe à la périphérie de la ville. Il a publié un dialogue avec Umberto Eco. Il a cherché comment traiter des questions comme le sexe avant le mariage, et le divorce. Au conclave de 2005 qui a élu Joseph Ratzinger comme pape, Martini a eu neuf voix au premier tour, derrière Ratzinger (qui en a obtenu 47) et l'Argentin Jorge Mario Bergoglio jésuite (10) (au nom du ciel, comment peut-on affirmer de telles choses). Au deuxième scrutin, après une nuit de politique politicienne à la Casa Santa Marta, tous les votes de Martini sont passés à Bergoglio.
Comme Jean-Paul II, Martini souffrait de la maladie de Parkinson. Peu de temps avant sa mort, en 2012, à l'âge de 85 ans, il a donné une interview à un compagnon jésuite. «L'Église est fatiguée, s'est épuisée en bourgeoisie, en Europe et en Amérique» a-t-il dit. «Notre culture a vieilli, nos églises et monastères sont grands et vide, la bureaucratie de l'Eglise est pléthorique, nos rites et vêtements sont pompeux ... la prospérité nous tire vers le bas». Il a appelé «le pape et les évêques à rechercher 12 personnes extérieures au système pour les postes administratifs, des gens ... qui essayeront de nouvelles choses». Il a appelé l'Église à s'ouvrir aux familles non traditionnelles et aux pauvres. Il a adopté une vision à long terme. «L'Eglise - a-t-il dit - a 200 ans de retard».
Au conclave de 2013, Bergoglio a été élu pape - et si son pontificat a un agenda, c'est celui que Martini a énoncé sur son lit de mort. Benoît a-t-il vu cela venir? Sans doute pas. En 2005, Martini, à 78 ans, a été considéré comme trop vieux pour être élu. Il s'ensuit qu'en 2013, Bergoglio, à 76 ans, aurait également dû être considéré comme trop vieux. Mais le renoncement de Benoît a changé le calcul. Maintenant, aucun homme plus âgé ne peut être exclu. Maintenant un homme plus âgé peut être élu pape et travailler dur pendant quelques années, sachant qu'il est libre de démissionner quand son énergie flanche, ou quand il estime qu'il a fait tout ce qu'il pouvait.
C'est ce que fait François - et Benoît sait, mieux que quiconque, que sa renonciation à la papauté est ce qui rend possible le pontificat en roue libre, opposé au jugement, de François. L'idée suffit à le tenir éveillé la nuit. Car sa conviction est que la volonté de ne pas juger est au coeur de la dictature du relativisme.
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Kasper
Le cardinal Walter Kasper- petit, trapu, 81 ans - habite au n°1 de la Piazza della Città Leonina, un immeuble de brique près des vieux murs du Vatican, à quelques pas des appartements pontificaux. Le bâtiment est peuplé par des cardinaux et archevêques, une maison de la confrérie des célibataires.
Kasper est un théologien d'Allemagne qui, à Rome, a dirigé les efforts de l'Église catholique vers l'unité avec les autres Églises et l'amitié avec le judaïsme. La presse l'appelle «Kasper le cardinal-amical» et quand il sourit derrière des lunettes sans monture, on peut voir pourquoi. Son appartement est simple mais confortable, bourgeois «Upper West Side» (je suppose que c'est le quartier chic de New York): meubles en cuir, tableaux, une chaîne stéréo, un ordinateur portable ouvert sur une table de côté, et deux murs tapissés de livres.
Quand il était cardinal, Ratzinger vivait dans un appartement similaire juste au-dessus (et perturbait la paix avec son piano). Maintenant le cardinal Kasper jouit de la retraite à laquelle le cardinal Ratzinger, avant la papauté, aspirait. Il gère son propre agenda. Il lit et écrit. Il va à des réceptions et d'autres événements dans Rome. Il voyage en Allemagne et en Amérique. Il rencontre la presse quand il veut; il donne son avis.
J'ai interrogé Kasper à propos de son ancien voisin. «Il est difficile d'être un professeur à la retraite - a-t-il dit - et encore plus difficile à sa manière. Il ne peut pas faire les choses normales. Il ne peut pas faire une promenade. Il ne peut pas publier un livre. Il doit être très discret».
Qu'en est-il de Benoît et François? A-t-il vu la couverture de Rolling Stone sur François, où Benoît était caricaturé en maniaque torturant les jeunes avec des gants aux doigts de couteau? «Tout le monde veut dire combien François est différent, dit Kasper en soupirant, et tous persistent à faire les constatations habituelles sur les caractères des deux hommes. Mais la différence entre les deux papes concerne autant la doctrine que le caractère» - surtout une doctrine que Kasper, dans un différend très visible avec Ratzinger, définit mieux que quiconque. Il s'agissait précisément de ce que le pape est. Kasper soutenant que le pape est principalement l'évêque de Rome: éminent, oui, mais un évêque parmi d'autres. Ratzinger soutenant que le pape est un super-évêque, que les autres évêques doivent suivre comme un signe de l'unité ecclésiale.
Avant le conclave de 2005, Kasper, s'exprimant dans l'ancienne basilique de Santa Maria in Trastevere, en appelait à un nouveau pape qui ne serait pas méfiant envers le monde. Les gens ont pris cela comme un avertissement à Ratzinger. Le lendemain, Ratzinger prononçait son discours aux cardinaux sur la dictature du relativisme. Il a été élu pape. Le super-évêque avait gagné, du moins en apparence.
Mais le pape François a pris le parti de Kasper dans le différend. Il a nommé un groupe de huit conseillers cardinaux; l'évêque de Rome s'entretient désormais avec ses collègues évêques du monde entier. Et en rendant clair que l'Église et la papauté doivent changer avec le temps, il met un terme au long effort de Jean-Paul et de Benoît pour faire de la doctrine de l'Église un rempart contre le relativisme. Quand quelque 200 cardinaux sont venus à Rome pour le consistoire de Février, il a choisi Kasper pour prêcher l'homélie d'ouverture pour eux.
Dans notre interview, Kasper a longuement parlé des deux papes. «Il existe de réelles convergences entre eux», a-t-il dit. «Benoît a cherché à réformer la Curie, et maintenant François cherche à réformer la Curie. Mais il y a certainement plus de collégialité sous François, davantage l'accent sur l'église locale. Et d'autres changements. Les mocassins rouges: ridicule, ridicule! (*) Maintenant, tous les cardinaux portent des croix simples. Ces changements sont irréversibles».
Il poursuit: «Ils ont des façons différentes de lire les signes des temps. Benoît est bon avec les idées, mais il a un mauvais jugement des personnes. François connaît les gens, comment ils pensent (c'est sans doute pour cela qu'il a nommé Mgr Battista à un poste de confiance et qualifié Kasper de «teologo in gamba»). Il prenait le bus à Buenos Aires (!!). Il appelle les gens au téléphone. Il utilise l'ordinateur. Mais Benoît, il ne conduit pas - ici le «cardinal-amical» saisit un volant imaginaire - Il ne fait pas Internet (sic!) - ici il désigne son ordinateur portable - Il n'est pas ... normal! François, il est normal!»
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Tensions "à droite"
L'«autoclaustrato» n'est pas un simple homme de prière, pas plus qu'il n'est un simple retraité. Certains catholiques qui s'opposent à la direction dans laquelle François engage l'Église regardent désormais Benoît, le pape sur la colline, comme leur porte-étendard.
Ce sont les séminaristes aux cheveux ras (crew cuts) marchant à grandes enjambées en groupes autour de Rome, la soutane bruissant aux chevilles (j'imagine que ce sont, dans l'esprit de l'auteur, les "tradis"). Ce sont les fidèles de la messe en latin et les défenseurs de la réunion avec les schismatiques «fascist-friendly» de la Fraternité Saint-Pie X. Ce sont les disciples de l'archevêque Charles Chaput de Philadelphie - un conservateur qui en règle générale, parle avec chaleur de François, mais qui a dit que «l'aile droite ... n'a pas été vraiment heureuse» avec François et que «nous verrons dans un an», ce que ses disciples ont interprété comme des signes qu'on commence à y voir clair, entre François et une majorité silencieuse dans la hiérarchie. C'est le «libre marché» des évangéliste qui défendent le pape comme agent d'une «réforme évangélique catholique» mais rejettent ses commentaires à propos de l'inégalité des revenus comme un cliché latino-américain.
Durant les 35 dernières années, les catholiques progressistes se sont senti contrecarrés. Maintenant, c'est au tour des traditionalistes. «Benoît était comme un père pour eux» me dit le jésuite bien placé au Vatican. «Non, il était un père pour eux. Maintenant, ils sont orphelins». Selon eux, le courageux acte de renoncement de Benoît ne devait pas tourner de cette façon - pas quand la lutte pour l'Eglise avait finalement été gagnée. Ils sont contrariés par l'idée que le changement est irréversible, que les portes que Jean-Paul et Benoît s'étaient efforcés de tenir fermées, sur la sexualité, l'ordination des femmes, l'autorité du pape, vont maintenant rester ouvertes.
Une femme à Rome m'a parlé d'un dîner peu de temps après l'élection de François, où elle était assise à côté du cardinal Raymond Burke, l'américain archiconservateur (!!) préfet de la Signature apostolique, la Cour suprême du Vatican. Son mari était gravement malade, et elle en a parlé Burke, attendant des mots réconfort. Elle a eu autre chose: «Ce sont des moments difficiles pour nous tous dans l'Église en ce moment», a-t-il dit.
Des initiés du Vatican racontent l'histoire d'un 'vaticanista' Italien, c'est-à-dire un correspondant à temps plein au Vatican (!!) qui est encore remué par le comportement de François à une audience papale à plusieurs milliers de membres de la presse internationale peu après qu'il ait été élu (il s'agit en fait de la traditionnelle première rencontre avec les médias). Reconnaissant que beaucoup d'hommes et de femmes présents à l'événement n'étaient pas catholiques, François a donné une bénédiction «en respectant la conscience de chacun d'entre vous, mais en sachant que chacun de vous est un enfant de Dieu». Le 'vaticanista' a pris cela comme voulant dire que ce qu'une personne croit n'a pas vraiment d'importance. «Qu'est-ce que c'est que cette putain de bénédiction apostolique» (sic!! What kind of fucking apostolic blessing is that?) a-t-il dit, selon un autre vaticaniste , qui résume l'objection de cette façon: «Si ce pape donne une bénédiction comme ça, il ne prend pas la papauté au sérieux. Donc, nous n'allons pas le prendre le sérieux ».
Les traditionalistes, dit-on, vont pousser leur cause. Mais il n'y a aucun signe que François va les accueillir. «François sait exactement ce que le pouvoir signifie», dit Bernd Hagenkord, un jésuite qui est en charge de la programmation allemande de Radio Vatican. «Il est un communicateur de la trempe de Mère Teresa et du Dalaï Lama. Ils disent qu'il n'est pas clair, mais nous savons exactement ce qu'il veut dire».
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Dans la tête de Benoît
Le vendredi soir, le Vatican est l'endroit le plus solitaire à Rome. La basilique est fermée. Le musée est fermé. Les maisons de pèlerins à la périphérie de la ville sacrée ont fermé leurs portes et servi leurs soupers. Le personnel est rentré chez lui, sauf quelques gardes suisses et portiers endormis.
C'est en tout cas ce qu'on ressentait un vendredi soir, quand un fonctionnaire du Vatican m'a emmené faire un tour en voiture dans le territoire restreint derrière Saint-Pierre, où deux papes vivent désormais. Nous sommes passés près des Palais Sacré et du Collegio Teutonico. La Casa Santa Marta était éclairée, pour des raisons de prestige ou de sécurité, ou les deux. Il n'était pas difficile d'imaginer le pape François à l'intérieur, somnolant devant le Saint Sacrement, comme il a coutume de le faire (!!). Avec toute sa vitalité, il n'est pas jeune.
Un gardien nous a fait signe devant le palais connu sous le nom de Governorato, le siège de la Cité du Vatican, et nous avons roulé dans les jardins vers le monastère sur la colline, où, il était facile d'imaginer l'ex-pape absorbé dans la prière, demandant à Dieu si sa démission avait été la bonne chose à faire.
<< Que fais-Tu de moi?
Ainsi court sa prière tandis qu'il se tourne vers Dieu, comme il s'est tourné vers Dieu dans la nuit depuis son enfance en Bavière, et Dieu veut toujours plus, demande plus. Dieu demande, et Benoît répond, comme il l'a fait dans trois livres-interviewes qu'il a accordées à des journalistes amis au fil des annés (de quels journalistes parle l'auteur? s'il inclut Messori, il y a 4 livres). Dieu lui a demandé de servir pendant 23 années dans le bureau de la doctrine, et il a servi. Dieu lui a demandé d'être pape, et il est devenu pape. Dieu lui a demandé de démissionner, et il a démissionné, aussi risqué que ce fût. A présent, Dieu lui demande davantage, une fois de plus - il lui demande d'être tolérant avec cet homme dont il a rendu possible le chemin d'accès à la papauté. Il aime Bergoglio (??). Chaque jour son estime pour l'Argentin grandit. Ce que l'homme peut faire avec un sourire, un geste; ce qu'il fait pour mettre le nom du Seigneur sur les lèvres des peuples du monde entier: tout cela est remarquable. En vérité, l'Esprit est en lui. Autrement, comment pourrait-il être aussi simple dans les souliers de Pierre?
Et pourtant, la simplicité de l'Argentin ne sera pas facile à tenir. A l'heure de vérité du pontificat de l'homme nouveau, les difficultés viendront au grand jour.
La réforme de la Curie: Dieu sait qu'il l'a lui-même cherchée. Bergoglio peut-il réussir là où lui-même n'a pas pu, mais une véritable réforme n'est jamais facile ni populaire.
La situation de la personne qui a rejeté Dieu: certes, Dieu est présent dans cette personne, comme le dit Bergoglio, mais si Dieu est pleinement présent dans une telle personne, où est la nécessité de la rédemption que Dieu s'est fait homme pour atteindre? Qu'en est-il des enseignements confiés à l'Eglise en ce qui concerne la sainteté du mariage?
Certes, l'Eglise ne doit pas parler de ces questions de manière obsessionnelle, comme l'a dit Bergoglio - mais n'est-ce pas le monde qui est obsédé, octroyant à des personnes qui ne sont pas faites l'une pour l'autre un simulacre de vrai mariage?
Et les relations charnelles entre personnes du même sexe: qu'elles soient désordonnées est un jugement aussi vieux que la papauté.
«Qui suis-je pour juger?» Qui, en effet? Ce n'est pas une question simple; ça ne peut pas l'être. En fin de compte, est-il nécessaire de juger et d'être jugé, ou pas? Nous sommes, lui et moi, les successeurs de Pierre, gardien des clés du royaume. Qui jugera, sinon nous? >>
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Hypothèse
Le 27 Avril, une autre paire de papes sera canonisée dans une grande messe à Rome: Jean XXIII, le simple et rusé «bon pape Jean», qui a convoqué le Concile Vatican II, et Jean-Paul II, qui a cherché à la fois à remplir le message de fraternité mondiale du Concile grâce à ses voyages, et à étouffer les changements que le même Concile avait mis en mouvement. Plusieurs millions de personnes vont converger vers Rome, et on s'attend à ce que les deux papes vivants concélébrent la messe sur la place Saint-Pierre (cela m'étonnerait). Ce sera sans doute un jour de spectacle religieux solennel surpassant tout depuis les funérailles de Jean-Paul, en 2005, présidées par le cardinal Ratzinger, qui serait bientôt le Pape Benoît; et cela sera sans doute un jour de spectacle tel que Benoît n'en verra plus.
Sauf s'il est appelé de Mater Ecclesiae pour présider d'autres funérailles d'un pape.
Que se passera-t-il si, dans une Église avec deux papes, celui de la Casa Santa Marta meurt le premier?
Lorsque la santé de Jean-Paul a décliné, des gens lui demandaient comment ils pourraient porter en avant son héritage. «Comment savez-vous que je mourrai en premier?» avait raillé le vieux guerrier. Effectivement, Jean-Paul a survécu à amis et ennemis, conscient que c'était la mort subite d'un pape - Jean-Paul Ier, mort après un mois de ministère en 1978 - qui avait mené à son élection, et conscient qu'il avait vécu son pontificat-marathon après avoir survécu à la balle d'un assassin, en 1981. Un tiers de siècle après la mort du premier Jean-Paul, les gens de Rome ressassent encore l'idée qu'il a été achevé - empoisonné par des ennemis de la réforme. Les gens qui se soucient de François ont toujours présent à l'esprit que son ouverture au monde - les étreintes, les selfies, les rencontres spontanées avec les gens ordinaires - font de lui une cible.
François ne semble pas troublé par cette perspective. Il est poussé à agir avec audace en partie par la perspective de sa propre fin imminente. Il sait, d'une part, qu'il n'a pas besoin de rester pape jusqu'à sa mort; et il sait, d'autre part, que les gens puissants qui s'opposent à lui n'ont pas besoin d'attendre sa mort pour pousser à une contre-réforme. Ce qu'ils savent, et ce qu'il sait, c'est qu'il n'est pas seul: l'autre pape demeure sur la colline, à regarder.
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Note de traduction:
(*) Le cardinal Kasper qui pavoise pour son actuelle faveur, croit pouvoir tout se permettre. Mais il n'est pas à l'abri de la police de la pensée, comme en témoigne cette anecdote datant de 2010: www.lavie.fr/religion/catholicisme/la-faute-du-cardinal-kasper-16-09-2010