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Le roman-feuilleton de la santé du Pape

Questions (et réponses) d'Antonio Mastino après l'annulation de la visite à la polyclinique Gemelli (30/6/2014)

VISITE ANNULEE A L'HOPITAL GEMELLI

Cité du Vatican, 28 juin 2014 (VIS). Hier après-midi, en raison d'une indisposition imprévue, le Pape François a du renoncer à sa visite à l'hôpital Gemelli de Rome. La messe qu'il devait célébrer en plein air a été dite par le Cardinal Archevêque de Milan, qui a lu l'homélie du Saint-Père. Le Directeur de la Salle de Presse a confirmé les engagements du Saint-Père pour aujourd'hui et dimanche, précisant qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter pour sa santé.

     

La santé du Pape a donné quelques soucis, la semaine dernière, et j'avoue que j'ai sur l'instant éprouvé un sentiment de compassion: François se donne à fond, il est âgé, il est fatigué, ou souffrant au point d'annuler des engagements très attendus, comme la visite à la clinique Gemelli.
Et les supputations des journalistes d'aller bon train.

La santé de Benoît XVI a aussi donné lieu à de nombreuses rumeurs, mais même quand il souffrait très manifestement (comme ce devait être le cas par exemple le 8 décembre 2012, quand il a présidé pour la dernière fois la cérémonie d'hommage à l'Immaculée, Place d'Espagne, ou lors du voyage épuisant au Mexique), il n'a, en huit ans de pontificat, jamais manqué le moindre rendez-vous.
François, si, et pas qu'une fois ou deux.
Il ne s'agit pas de comparer les deux papes: certains ne s'en privent pas, aujourd'hui encore, voit plus bas (*).
Il a des "indispositions", des "accès de fièvre". Dont Dieu merci, il se remet très vite (et quoi qu'il en soit, s'il veut durer, il doit se ménager).
La dernière semaine de juin, il a annulé plusieurs engagements, et même une messe à Sainte Marthe, mais dans le même temps, le 24 juin, il a accordé une longue interviewe à une journaliste... qui l'a trouvé en très bonne forme (Une nouvelle interviewe du Pape ).

Voici à ce sujet un article-enquête signé d'Antonio Mastino, publié sur le quotidien Libero daté d'hier.
On dira que ce n'est pas vraiment bienveillant (ceux qui pensent cela n'ont qu'à se limiter à la lecture du bulletin VIS), mais connaissant l'auteur, c'est fiable: tout ce qu'il dit est vérifiable sur un site peu suspect d'antipathie envers le Pape: vaticaninsider.lastampa.it.
Cela devrait par ailleurs apaiser les craintes de ceux qui se font du souci pour sa santé.
(Voir aussi en français Jean-Marie Guénois sur le Figaro).

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FEUILLETON SUR LA SANTÉ DU PAPE FRANÇOIS
Un article d'Antonio Mastino sur "Libero" daté du 29 juin
(Source)
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Quand la papamobile arrive à la polyclinique Gemelli, les 5000 fidèles présents, dont beaucoup d'handicapés, agitent des banderoles sur lesquelles on lit «Bienvenue, François»
Les malades en fauteuil roulant, les médecins, le recteur de l'université catholique, le directeur de la polyclinique Guizzardi, les caméras de la RAI et de Sat 2000 (la chaîne de la CEI) sont alignés au grand complet pour les trois heures de direct prévues. Il y a surtout l'archevêque de Milan, Angelo Scola, en tant que président de l'Institut Toniolo, l'organisme qui gère l'Université catholique, et donc Gemelli. Tous prêts à accueillir le Pontife avec enthousiasme.
Malheureusement, de la papamobile, personne n'est descendu; François, qui aurait dû célébrer la messe pour les malades à 17h30, à l'extérieur du «Vatican n°3» comme le définissait un malade aussi excellent que Jean Paul II, n'était pas là.
Tandis que les banderoles se dégonflaient dans l'embarras, la suite papale précisait qu'il s'agirait d'une «petite demi-heure de retard»; le pape allait bientôt arriver en voiture. Autre illusion, suivie d'une désillusion encore plus grande: passée la «petite demie-heure», les micros annonçaient simplement que le pape ne viendrait pas du tout. Une décision prise «au dernier moment», selon eux.
Déception des malades et des parents venus de toute l'Italie, embarras des prélats présents, stupéfaction surtout des responsables de Gemelli. Mais non moins fortes et vraiment surprenantes les déclarations à chaud du directeur de la polyclinique, Maurizio Guizzardi, qui a paru très irrité: «Nous sommes déconcertés par l'annulation à la dernière minute de la visite du Pape, déçus surtout pour les nombreux patients qui l'attendaient».

Mais quelles sont les raisons qui «à la dernière minute» ont conduit le Pape de la «miséricorde» à renoncer à la rencontre avec les malades? «Une légère indisposition», a-t-on tout de suite dit à Sainte Marthe; mais ensuite est arrivée une autre justification impromptue, qui démentait partiellement la première, affirmant qu'il était seulement «très fatigué». Excuse? Ou bien santé, fatigue?
Q'en est-il?
A en juger par le ton agacé du directeur Guizzardi, tout laisse à penser qu'à ses oreilles, on ait proposé la première hypothèse. C'est l'avis du prélat de la suite papale (ndt: s'agit-il de Mgr Marini à qui un journaliste a posé la question «que se passe-t-il?», et qui a répondu «Si vous-mêmes ne le savez pas...»). Quant à sa santé, justement ces jours-ci, un vaticaniste qui est chez lui à Sainte Marthe, fidélissime du "tour" bergoglien, a affirmé que le Pape «va très bien, ceux qui disent qu'il va mal sont ceux qui l'espèrent»...

Du reste, le Pape François n'est pas nouveau de ces forfaits à la dernière minute. Il y a exactement un an, alors que dans la salle Nervi (Aula Paolo VI) les musiciens étaient déjà prêts sur la scène pour le concert «en l'honneur du pape», François insoucieux de tout et de tous, fit savoir qu'il n'était pas «un prince de la Renaissance», donc que les concerts ne l'intéressaient pas, et il allait le déserter sans même une note d'excuse. Les musiciens qui s'étaient préparés pendant des mois pour donner au Pontife la preuve de leur maestria artistique, jouèrent devant un fauteuil emblématiquement vide.
En février dernier, une autre «légère indisposition» imprévue fit sauter «à la dernière minute» la traditionnelle rencontre annuelle du Pape avec les étudiants du Séminaire Romain, le «Séminaire du Pape», rendez-vous auquel, depuis des temps immémoriaux, aucun Pape n'a jamais manqué. Déception des séminaristes romains.

Mais que signifient ces forfaits imprévus de François?
Une réponse partielle se trouve dans un livre-interviewe du temps de Buenos-Aires, où l'on connaissait ces changements de programme «à la dernière minute» (ndt: il est dommage qu'Antonio Mastino ne cite pas le titre): le cardinal lui-même expliquait que «quand je n'ai pas envie de faire une chose, de rencontrer quelqu'un, je dis que je vais mal: j'aime rencontrer qui je veux, quand je veux». En pratique les «légères indispositions». A faire remonter aux humeurs variables, et peut-être aux sympathies/antipathies de Bergoglio.

Et en effet, un autre détail saute aux yeux: cette fois encore, c'est le cardinal Scola, son rival direct au Conclave, qui subit les conséquences des «légères indispositions» de Bergoglio. Déjà par deux fois, l'année dernière, ayant obtenu une audience de François, «à la dernière minute», il lui a fait dire qu'il avait une «légère indisposition». Que certains pensent désormais être contre Scola.
Quoi qu'il en soit, le cardinal de Milan, président de l'Institut Toniolo qui préside Gemelli, a avalé la énième couleuvre, et célébré la messe à la place du Pontife indisposé, dont il a lu l'homélie d'une voix plate.

Mais reste la question: comment va François? On l'a vu rester jusqu'à midi aux audiences avec les fidèles en excellente forme, exactement comme les autres fois où il avait déclaré forfait à Scola et aux autres pour les «indispositions imprévues». La dernière nouvelle officieuse que l'on a de lui remonte à quelques minutes après son boycottage: il se promenait dans les jardins du Vatican, bavardant avec quelque prélat de sa suite.
A Sainte Marthe, ils se sont empressés de dire que la visite du Pape à Gemelli n'est pas supprimée, mais simplement «reportée».
Qui sait.
En attendant, le feuilleton continue.

Note

(*) Deux articles coup sur coup du pompier Andrea Tornielli, dont le dernier de ce matin, compilant des statistiques (comme si la qualité d'un Pontificat se mesurait avec des chiffres), semblent destinés à mettre un terme aux rumeurs.
A lire le vaticaniste, François serait le premier Pape à se donner jusqu'à la limite de ses forces.
Selon lui, quand les autres Papes étaient souffrants, cela ne se savait pas (ah bon? et Jean Paul II?). Au contraire, les homélies quotidiennes à Sainte Marthe mettraient sous les projecteurs le moindre bobo du Pape actuel.
Ce n'est pas faux, et c'est un choix personnel du pape.
Mais à ce jour, il n'a annulé qu'une seule messe matinale, ce n'est donc pas là qu'est le problème.
Certes, on n'avait appris qu'après sa renonciation que Benoît XVI avait subi une intervention chirugicale pour remplacer la pile de son pacemaker, mais il n'avait manqué aucune des audiences privées journalières, comme en témoignait le VIS.

Enfin - insiste Tornielli - les autres pontifes se réservaient le mardi (en réalité, ce n'était pas du tout pour se "reposer", mais pour préparer avec soin les copieuses catéchèses du mercredi, et même s'entraîner à la prononciation des saluts dans les différentes langues).
Alors que François lui, "travaille" tous les jours...

¤ vaticaninsider.lastampa.it/vaticano/dettaglio-articolo/articolo/francesco-francisco-francis-34960/
¤ vaticaninsider.lastampa.it/inchieste-ed-interviste/dettaglio-articolo/articolo/francesco-francis-francisco-34986/