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L'effet François

Sandro Magister commente à son tour un sondage réalisé par l'institut américain Pew Resarch Center (8/3/2014)

(Cliquez sur les vignettes)

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Le sondage a été réalisé aux Etats-Unis du 14 au 23 février 2014, sur un échantillon de 1821 adultes (de plus de 18 ans). Les détails sont donnés ici: www.pewforum.org/2014/03/06/catholics-view-pope-francis-as-a-change-for-the-better/ .

Le titre du compte-rendu du sondage, sur le site, est "Les catholiques américains voient le pape François comme un changement en mieux" (n°1).

Mais ajoute aussitôt que malgré sa popularité, il est moins évident de voir un "effet François", un changement visible dans la façon dont les américains vivent leur foi, ou leur assiduité à la messe.
L'impression d'ensemble est une certaine confusion dans les réponses, qui peuvent même sembler contradictoires, et une grande superficialité dans le "ressenti" des gens.
Au vu des réponses, et comme on l'a vu en France récemment, on peut légitimement se poser la question: ces catholiques sont-ils encore... catholiques? (n°3)

Sandro Magister s'intéresse spécialement à la première partie de l'enquête (n°2), qui compare les popularités des trois derniers papes (il y a des surprises...)
Et il conclut de l'observation des résultats que "La popularité [d'un Pape] n'est pas synonyme de facilité et de souplesse".
Peut-être tout simplement (cf. n°3), parce que les gens n'écoutent pas l'enseignement du Pape... ou plutôt, cet enseignement n'est plus du tout transmis.

     

François et ses prédécesseurs. Les secrets de la popularité d'un pape
magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2014/03/07/francesco-e-i-predecessori-i-segreti-della-popolarita-di-un-papa/
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Un an après son élection comme pape, la cote de popularité de François continue d'être élevée, très élevée. Dans un pays comme les Etats-Unis, le Pew Research Center a constaté que dès Mars 2013, 84% des catholiques étaient très ou assez favorables au pape et il y en a tout autant aujourd'hui: pour être exact dans la proportion de 85%, et même avec plus de la moitié d'avis très favorables.

Mais le Pew Research a la mémoire longue. Et il fait remarquer que Benoît XVI avait lui aussi atteint les mêmes niveaux de popularité en 2008 (ndt: année de sa visite, qui avait été un très grand succès, parce que les gens l'avaient vu, le voyage ayant été très bien couvert par les télévisions, et massivement suivi), avec 49% de très favorables et 34% d'assez favorables, qui, additionnés, constituaient 83% des catholiques américains.
Des niveaux que le pape Joseph Ratzinger avait conquis étape par étape, ayant débuté en 2005 par un modeste 17% d'opinions très favorables et un tiède 50% d'assez favorables (ndt: la faute à qui?).
Sans parler du pape Karol Wojtyla, qui, à l'apogée de son pontificat, dans les années 90, recueillait à plusieurs reprises un fantastique 93% de consensus.
Les enquêtes menées par le Pew Research Center ont également enregistré, depuis de nombreuses années, une demande forte et croissante chez les catholiques américains pour des réformes comme la liberté de la contraception, le mariage des prêtres, la prêtrise pour les femmes et même, quoique avec un support plus petit le mariage entre personnes du même sexe.
Mais à partir de la collecte de ces données, il n'y a aucune indication que la faveur accordée à un pape dépend de son «ouverture» sur ces thèmes. La popularité n'est pas synonyme de facilité et la souplesse. Au contraire.

Prenez Jean-Paul II. Quand il est à l'apogée de sa popularité, il publie l'encyclique "Veritatis Splendor" (1993) inflexible sur les questions les plus controversées de la morale et l'autre encyclique "Evangelium Vitae" (1995) avec des terribles pages contre l'avortement et l'euthanasie. Il mène une bataille rangée contre le monde avec des dizaines d'interventions en rafale pour la défense de la vie, avant, pendant et après la conférence de l'ONU sur la population tenue au Caire en 1994. Il prononce l'anathème contre les femmes prêtres dans la Lettre apostolique "Ordinatio Sacerdotalis" de la même année 1994. Et toujours en 1994, il décrète l'année de la famille et écrit une lettre aux évêques pour réaffirmer l'interdiction de la communion pour les divorcés remariés.

Quant à Benoît XVI, l'instruction "Dignitatis personae" sur les questions brûlantes de la bioéthique date de 2008, à l'apogée de sa "fortune". Et le motu proprio "Summorum Pontificum", qui libéralise la messe selon le rite romain ancien date de 2007. L'encyclique "Spe Salvi", qui renouvelle la foi dans les "choses dernières" est de la même année. Toujours en 2008, avec un voyage aux États-Unis, il a gagné une popularité supérieure à toutes les attentee, dans le pays le plus difficile sur le terrain miné de la pédophilie, et avec un voyage en France il a fait écouter à l'intelligensia nourrissant les préjugés les plus hostiles à l'Église, obtenant son respect, le manifeste le plus raffiné de son pontificat, la leçon au Collège des Bernardins.

Même le soi-disant "effet François" sur la pratique religieuse sort redimensionné des enquêtes du Pew Research. Depuis un an, la participation à la messe dominicale pour les catholiques aux États-Unis - qui est de 40% - n'a pas enregistré de changement ni en plus ni en moins, tandis que la fréquence de la confession a continué à diminuer. La seule nouveauté a était un réveil de "ferveur" chez les catholiques déjà pratiquants.