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Moratoire sur les interviewes de hauts prélats

C'est ce que réclame cet éditorialiste de La Bussola (18/5/2014)

A la liste des prélats éminents qui s'expriment à tort et à travers, il faut évidemment ajouter le nom du cardinal Schönborn (A propos du concours de l'eurovision).
Qu'on le veuille ou non, si Benoît XVI a été violemment contesté, c'était souvent "en douce", et cette cacophonie n'existait pas soous son pontificat. Même Kasper était relativement discret.

Par ailleurs, la supplique qui suit ne s'adresse à l'évidence pas aux évêques français: ils s'expriment très peu, et rarement contre la pensée dominante - à moins que la récente déclaration de la directrice du Service Famille et Société de la CEF (Synode: le scénario "espoirs déçus") ne reflète les positions des évêques.
Peut-être leur silence n'est-il pas un mal, après tout.

     

Nous demandons aux évêques un moratoire sur les interviewes
Giuseppe Tires
http://www.lanuovabq.it/it/articoli-chiediamoai-vescoviuna-moratoriasulle-interviste-9239.htm
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Je voudrais faire une simple proposition: que les évêques et les cardinaux ne donnent plus d'interviews, quelle qu'en soit la nature, à quelque journal que ce soit. Au moins pour un certain temps. Qu'ils prennent un congé sabbatique. Nous, simples fidèles, nous avons besoin d'un black-out, d'une période de silence médiatique de nos pasteurs, pour récupérer de la confusion et de la perplexité. Nous n'en pouvons plus.

Il n'est pas nécessaire que les cardinaux et les évêques disent leur mot sur tout et en permanence, qu'ils se contredisent mutuellement, qu'ils se critiquent les uns les autres dans les journaux, qu'ils expriment leurs points de vue personnels, qu'ils fassent des révélations sur des choses couvertes par le secret, qu'ils anticipent sur les conclusions d'un synode qui n'a pas encore commencé, qu'ils donnent leur jugement sur ceci ou cela, qu'ils révélent ce que dira la prochaine encyclique du pape avec les fuites de nouvelles, des anticipations, des interprétations, des avertissements, des prévisions. Les fidèles sont dans la confusion.

Le cardinal Kasper parle constamment de la communion aux remariés et d'un millier d'autres questions, il parcourt le monde pour tenir des conférences et donne des interviews comme le chef d'un parti qui se prépare à livrer bataille au prochain Synode. Le cardinal Maradiaga a critiqué son collègue Müller, non pas dans une conversation privée, mais sur les pages du Tagespost. Ne pouvaient-ils pas se rencontrer et avoir une conversation? A présent, Mgr Galantino déconcerte tout le monde avec des phrases pour le moins ambiguës (Les évêques italiens vers le nouveau cours?). Au sein du petit groupe des cardinaux en charge de la réforme de la curie, on ne compte plus les déclarations inappropriées. Et il s'agit d'un pool de cardinaux tenant entre leurs mains une énorme responsabilité.

Nous avons désormais tous compris que parmi les cardinaux il y a des milliers de positions sur les questions du prochain synode. On n'avait jamais vu de tels bavardage avant un synode. Pourquoi ne gardent-ils pas le silence, et les choses qui doivent être dites, pourquoi n'attendent-ils pas le synode pour se les dire? Ou pourquoi ne se réunissent-ils pour se les dire à huis clos? Les fidèles sont alarmés et beaucoup craignent que ce bavardage ne continue encore au Synode. Ce n'est pas un bel exemple de responsabilité. Sur les choses qu'ils traitent avec désinvolture dans des interviews à des journaux, des fidèles engagent leur vie.
Et puis, on dit que c'est le pape qui fera la synthèse. Mais même cela est susceptible de fausser les choses: comme si le pape était celui qui sert de médiateur entre les positions d'une confrontation et que la vérité, que le Synode enseignera, ne sera que le résultat d'un synthèse dialectique.

Ces derniers temps, les évêques et les cardinaux semblent des politiciens, qui parlent en code à travers les journaux. On critique les déclaractions des juges qui, dit-on, ne devraient s'exprimer qu'à travers les actes. Pourquoi les évêques et les cardinaux ne font-ils pas de même? Qu'ils parlent avec des déclarations, des homélies, des lettres pastorales, bref, par les actes du Magistère, et non avec quatre boutades improvisées devant le micro d'un journaliste. Qu'ils fassent cela au moins pendant un certain temps, pour nous permettre de récupérer de notre étoudissement.

Certains diront: mais ce n'est pas le Magistère. D'accord, et alors le Magistère, à quoi sert-il? L'inflation de bavardage n'aide pas, les gens ne sont pas toujours en mesure de distinguer, les manipulations sont aux aguets, l'inflation des interventions en neutralise l'importance, de sorte que même les interventions vraiment importantes risquent ensuite d'être interprétées comme des bavardages. Les évêques et les cardinaux doivent parler peu, justement parce que, quand ils parlent, ce qu'ils disent a un poids.

Il est stupéfiant qu'après avoir constaté, au long des décennies, combien peuvent peser les déformations que les médias jettent sur les choses de la foi - ils ont réussi à déformer tout un Concile - ils concèdent encore des interviewes improvisées avant d'entamer le chemin du démenti quand le dommage est devenu irréparable. On ne comprend pas cet engouement pour le devant de la scène de la part d'hommes ayant une grande responsabilité dans l'Église, on ne comprend pas ce qu'ils veulent provoquer, on ne comprend cette reddition aux logiques du monde et au spectacle.

Il y a quelque temps a éclaté l'affaire des Vatileaks, mais cela aussi est une sorte de Vatileaks , un goutte à goutte continu de rumeurs, flèches indirectes, ambiguïté, concepts sur le fil du rasoir, affirmations et dénégations. Dont les fidèles font les frais.

Je fais ici une humble demande. Je ne suis personne. Mais s'il vous plaît, messieurs les cardinaux et les évêques, arrêtez avec les interviews. Au moins pendant un moment.