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Qui sont les pharisiens?

Non au formalisme des hypocrites, dénonce (une fois de plus) le Pape dans l'homélie du 1er avril à Sainte Marthe. Mais qui sont-ils, demande Francesco Colafemmina. (3/4/2014)

De l'homélie du 1er avril

On doit s’approcher des nombreux blessés accueillis dans ce grand «hôpital de campagne symbole de l’Eglise» sans paresse spirituelle et sans formalismes. C’est ce qu’a recommandé le Pape François lors de la Messe célébrée mardi matin, 1er avril, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe.

L'autre péché indiqué aujourd’hui par le Pape est «le formalisme» des juifs. Ils s’en prennent à l’homme que Jésus vient de guérir car il porte sa civière un samedi. Cela ne sert à rien qu’il soit heureux, presque au point «de danser au milieu de la rue» car il est finalement libre «de la maladie physique et aussi de cette paresse, de cette tristesse». La réplique des juifs est sèche: «Ici les choses sont ainsi, on doit faire cela!». Ils étaient «intéressés uniquement par les formalités: c’était samedi et on ne peut pas faire de miracles le samedi! La grâce de Dieu ne peut pas travailler le samedi!».
C’est la même attitude que celle des «chrétiens hypocrites qui ne laissent pas place à la grâce de Dieu». Si bien que pour «ces personnes la vie chrétienne signifie avoir tous les documents en règle, tous les certificats!». Mais en faisant ainsi «ils ferment la porte à la grâce de Dieu».
Et, a-t-il ajouté, «ils sont si nombreux dans l’Eglise!».
(http://www.news.va/fr)

     

J'avoue lire rarement les homélies quotidiennes informelles de François à Sainte Marthe. Elles ne me "parlent" pas. Mais j'avais lu celle-là, et elle m'avait frappée.
Francesco Colafemmina, dans son dernier billet, se pose lui aussi la question: qui sont les pharisens que dénonce régulièrement le Pape François?

Texte complet ici (http://www.fidesetforma.com/2014/04/01/famiglia-i-farisei-accidiosi), traduction partielle:

(...) Le problème est posé aujourd'hui de manière décisive par l'attitude et les paroles du pape François.
Un Pape sui generis, sans doute, mais aussi un pape qui, critiquant chaque jour, avec violence verbale, ces chrétiens qui, selon lui seraient un «problème» dans l'Eglise, a pour objectif de structurer le consensus envers sa personne et la «nouvelle Église» qu'il incarnerait. Il le structure, parce qu'il sait que le téléspectateur ou le lecteur de nouvelles en ligne, indépendamment de sa foi ou de son athéisme, ne cherche pas de certitude, mais des doutes. Et malgré le fait que chaque démolisseur de certitude s'impose à son tour comme dogmatique, la société contemporaine aime la destruction de ce qui jusqu'à récemment semblait solide, résistant, réfractaire à l'esprit mondain.

(...) D'où les constantes, exténuantes prédications à Santa Marta qui, malgré leur concinnitas (ajustement étudié) sont d'une désarmante répétitivité. Des prédications où reviennent de manière obsessionnelle la comparaison entre les pharisiens évangéliques et les prétendus catholiques qui croient qu'ils sont les détenteurs de l'orthodoxie et de la justice et conditionnent ainsi l'image de l'Eglise. Catholiques estampillés par le pape comme «hypocrites» ou aigris. En somme, des gens perturbés qui croient être sauvés simplement parce qu'ils obéissent à des «règles simples» à des «on doit faire» et non à la «dialectique de la liberté du Christ». Images d'une «Eglise du non» à laquelle il faut opposer une «Église du oui».
Il est vrai que, dans l'Église, il y a eu et il y a encore une grande hypocrisie. Mais l'hypocrisie est la caractèristique de l'incohérent, celui qui prêche une chose et en fait une autre.

(...) Mais aujourd'hui, en quoi les catholiques seraient-ils semblables aux Pharisiens? Serait-ce quand ils crient contre l'avortement? Ou quand ils défendent le sacrement de mariage? Quand ils adorent le Seigneur dans une liturgie dépourvue de vacarmes et d'incursions "mondaines"? Quand ils expriment leur engagement dans la société, dénonçant le péché radical, même quand il menace de détruire leur voix? ce seraient eux, les pharisiens?

Mais les pharisiens ne seraient-il pas plutôt ceux qui se sont éloignés de la foi dans le Christ au point de penser que la «relation» avec Dieu puisse faire abstraction de la rédemption et de la condamnation du péché? Chrétiens seulement en paroles, chrétiens logiques, parce que dans leur cœur, ils plient l'évangile aux exigences de la vie sociale.

(...) Qui sont-ils, alors? Qui sont ces pharisiens redoutables mentionnés par le pape?
Les traditionalistes (c'est à dire les 0,000000x% de catholiques dans le monde)? Les néoconservateurs américains? Les anti-avortement? Les membres de l'Opus Dei? Les Légionnaires du Christ? Les Franciscains de l'Immaculée? Ces groupes sont-ils le problème de l'Eglise? Mais surtout: serait-ce la condamnation du péché, la condamnation sans condition?