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Un secrétariat à la communication, au Vatican?

Information sur Vatican Insider (3/5/2014)

Un secrétariat à la communication, au Vatican?

Giacomo Galeazzi
http://vaticaninsider.lastampa.it/
Ma traduction

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Dans le plan de réorganisation de la Curie, la création d'une coordination centrale sur le modèle de la nouvelle structure vaticane de l'Economie est à l'étude. Les compétences (aujourd'hui partagées entre différents bureaux de la Curie: Salle de presse, Conseil Pontifical pour les Communications Sociales, CTV, Radio Vatican, L'Osservatore Romano) seraient centralisées dans une seule entité.

Mercredi, le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi est intervenu lors du séminaire professionnel organisé par la Faculté de communication institutionnelle de l'Université Pontificale de la Sainte Croix, sur le thème «Stratégies créatives pour le changement culturel» (cf. Le Père Lombardi et la communication du Pape). Dans son discours, il a annoncé une mise à jour dans la «communication du message du Saint-Père pour le monde». Et aussi: «nous n'avons pas encore tout vu: il y a encore beaucoup de choses que nous devons apprendre et voir» (!!!).

Dans la dernière ligne droite se trouve aussi le résultat du travail accompli ces derniers mois par plusieurs consultants internationaux (Ernst & Young, KPMG, PriecewaterhouseCooper's, Deloitte, McKinsey, Promontory Financial Group) sur différentes questions, des systèmes de comptabilité à la gestion des hôpitaux, de l'IOR aux médias. Ce sera ensuite un organisme unique, la Commission pontificale référente d'étude et d'orientation pour les affaires économiques et administrative du Saint-Siège (Cosea), dirigée par Joseph FX Zahra (l'économiste maltais nommé à ce poste en juillet 2013 par François), qui recueillera ces consultations et en soumettra les résultats au pape Bergoglio.

Le processus de réforme des structures du Vatican se poursuit donc et on attend des décisions spécifiques sur des sujets particuliers (en l'occurrence, la communication), qui pourraient être anticipées. Comme cela s'est déjà produit pour les questions économiques, avec l'institution du Secrétariat de l'Economie, dirigé par le cardinal George Pell, le «superministère des Finances», du Conseil pour l'économie coordonné par le cardinal allemand Reinhard Marx (tous deux font partie du «C8»), et avec la confirmation de la «mission» de l'IOR, qui continuera d'exister et de fournir des «services financiers spécialisés» à l'Eglise.
Les dicastères de la Curie romaine seront examinés, et les conseils pontificaux passeront un par un sous la loupe du pape et des huit cardinaux, avec les différentes hypothèses et propositions d'unification et de simplification.

Après celles d'Octobre, de Décembre et de Février, celle qui vient de s'achever était la quatrième session du C8: une cinquième est déjà prévu du 1er au 4 Juillet. A ce moment, la discussion sur les congrégations et les conseils pontificaux pourrait être menée à son terme, ainsi que la création éventuelle de la figure de "curiae modérateur" - une hypothèse déjà émise dans les assemblées générales de pré-conclave, dans le projet illustré par le cardinal Francesco Coccopalmerio, chef du dicastère pour les textes législatifs - pour la coordination des différents offices. A l'étude également, l'institution d'une congrégation pour les laïcs, qui devrait regrouper et fusionner avec plusieurs Conseils Pontificaux.

     

Avec tout le respect dû, je m'interroge:
A quoi bon toutes ces structures, censées regrouper, donc rationaliser (comme si l'Eglise était une simple multinationale), mais qui en fait s'ajoutent à d'autres déjà existantes?
Je vais donner un exemple très simple.
Imaginons: vous avez sur le "bureau" virtuel de votre pc (pas la dernière version) une quantité de "dossiers". Excédé par la place qu'ils occupent sur l'écran de Windows, vous créez un "nouveau dossier", et déposez tous les autres dedans. Vous avez l'impression d'avoir fait le ménage, effectivement, votre écran est désormais presque vide. Mais c'est un peu comme glisser la poussière sous le tapis. On ne la voit plus, mais elle est encore là.

Par ailleurs, aujourd'hui, nous voyons que la communication, c'est le Pape: jusqu'à présent, pour ses déclarations les plus "fracassantes", il n'a pas eu besoin des structures, et les a même "enjambées" - comme il l'a prouvé à travers la Conférence de presse dans l'avion (le Père Lombardi avait annoncé qu'il ne parlerait pas, et cela ne l'a pas empêché de prononcer le fameux "qui suis-je pour juger?" qui est désormais la marque de son pontificat), l'interviewe à la Civiltà Cattolica, celle à Scalfari, etc...

Enfin, l'ajout de structures pourrait impliquer que le Pape (quel qu'il soit, et quelqu'un viendra après François, il ne faut pas l'oublier) doit être mis sous contrôle, que ses propos doivent être "filtrés" par des profesionnels de la "communication". Personnellement, je n'admettais pas cette conception durant le pontificat de Benoît XVI (le "qui dira non à Benoît?" de John Allen après le discours savant de Ratisbonne m'est resté en travers de la gorge), et je n'ai pas changé d'avis pour François, dont les propos contestés ne sont pas des lapsus, encore moins des dérapages, mais tout simplement l'expression de sa pensée - quoi que l'on en pense par ailleurs.