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Vincent Lambert et les évêques français

Des réactions, enfin (27/6/2014)

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CEF: service minimum

Avant-hier, j'avais mis en ligne un article assez critique sur la réaction de la Conférence épiscopale à la dramatique "affaire Vincent Lambert".
Je déplorais en particulier la faible emphase qui lui était donnée sur la page d'accueil du site de la CEF.
Je l'ai complété hier, pour tenir compte d'une objection courtoise envoyée par un lecteur.

Ai-je été lue (et même entendue)? Pourquoi pas?
En date du 26 juin, la page d'accueil a été modifiée (www.eglise.catholique.fr):

L'image renvoie vers un article de Mgr Michel Aupetit, évêque de Nanterre, médecin et membre du Conseil Famille et Société:

(extrait)
Il est impossible actuellement de dire ce qu’un patient peut vivre encore de relations interpersonnelles dans un état de conscience minimale. Celles qui se tissent encore révèlent la profondeur de notre humanité qui est à l’origine de sa dignité.
L’Académie Nationale de Médecine a rappelé que le droit des patients d’avoir accès à l’alimentation ne peut être conditionné par leurs capacités relationnelles. Cette position rejoint celle de l’Église qui persiste à défendre la dignité immuable de l’homme. Cette dignité ne vient pas d’un droit octroyé par un tiers : la société, les médecins ou les juges.

Enfin, il faut savoir que le cas de M. Vincent Lambert est un cas particulier à partir duquel il est difficile de légiférer. Il y a plus de 1500 personnes qui sont dans le même état. Ce que l’on va décider pour lui va-t-il impacter sur les autres patients ? On a voulu donner aux juges la décision finale. Or, s’il appartient aux juges de dire le droit, ils n’ont pas autorité pour définir le bien ou le mal.
L’Église, protectrice de la vie et de la dignité, estime qu’« un patient en « état végétatif permanent » est une personne, avec sa dignité humaine fondamentale, à laquelle on doit donc procurer les soins ordinaires et proportionnés, qui comprennent, en règle générale, l’administration d’eau et de nourriture, même par voies artificielles ».

* * *

Toujours en date du 26 juin, on lit un texte du porte-parole, Mgr Podvin (qui n'a malheureusement pas été invité à s'exprimer aux micros dont il est pourtant un habitué)

Enfin (signalé par le Salon Beige), le même jour a été mis en ligne sur le site du diocèse de Bayonne, un communiqué de Mgr Aillet intitulé "Oui à la vie", et évoquant l'acquittement du "docteur" Bonnemaison.
J'imagine qu'il y a d'autres réactions d'évêques. Tant mieux.
Mais on ne les a pas entendus. Ce qui pose une fois de plus le caractère dramatiquement univoque de l'information proposée à ceux qui se contentent de la subir passivement.

* * *

L’injection létale pourrait bien devenir légale. C’est ce que laisse entendre le message délivré par l’acquittement du docteur Nicolas Bonnemaison.

Comment laisser passer un tel aveu de non-assistance à personne en danger ? Comment ne pas entendre la soif de mourir vivants et aimés ? Oui, il s’agit bien de cela : c’est notre société qui est en état pauci-relationnel (état de conscience minimale, ndlr) et non les personnes comme Vincent Lambert qui attendent au contraire un sursaut d’amour.

Je m’adresse aux médecins, aux soignants, à tous ceux qui font partie de cette chaîne solidaire qui nous unit les uns aux autres, surtout au terme de notre existence. Soyez des témoins de la vie, évaluez avec prudence les limites de l’acharnement thérapeutique et procédez à la mise en place de justes soins palliatifs. La question de la mort ne se résout pas par la mort, mais par la vie !

Qu’as-tu fait de ton frère ? Telle est la question que nous pourrions entendre à notre tour au jour dernier

Osons la solidarité ! Osons l’espérance ! Osons la compassion, la vraie, celle qui dit je t’aime en disant oui à la vie.

+ Marc Aillet,
évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, le 26 juin 2014.