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Les "jugements" du Pape

Sandro Magister souligne les contradictions de François (27/6/2014)

Cf. Mafia

     

JUGER OUI OU NON? LE CASSE-TÊTE DE FRANÇOIS
Settimo Cielo (http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/ )
25 juin 2014
(ma traduction)
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En moins de deux jours, le Pape François a d'abord émis un terrible jugement de condamnation qui a conquis les premières pages de tous les journaux, puis il a consacré toute son homélie matinale à Santa Marta pour dire qu'il ne faut jamais juger ni condamner mais seulement se faire défenseurs et intercesseurs pour les autres.

Le jugement de condamnation, il l'a émis le samedi 21 Juin contre les mafieux de la 'Ndrangheta calabraise. Avec ces mots précis:
« Quand on n'adore pas Dieu, le Seigneur, on devient adorateurs du mal, comme le sont ceux qui vivent de méfaits et de violence ... La 'Ndrangheta, c'est cela: l'adoration du mal et le mépris du bien commun. Ce mal doit être combattu, il doit être éloigné! Nous devons lui dire non! .. Ceux qui dans leur vie suivent cette route du mal, comme le font les mafieux, ils ne sont pas en communion avec Dieu: ils sont excommuniés ».
Les compte-rendus ont enregistré à ce point les applaudissements unanimes des deux cent mille personnes présentes. Suivis par les applaudissements encore plus universels des médias.
Mais il s'avère qu'un consensus tout aussi large sourit aussi au pape François à chaque fois qu'il exhorte à ne pas porter de jugement, depuis ce mémorable «Qui suis-je pour juger?» qui est peut-être à ce jour la réplique la plus universellement citée et encensée de son pontificat .

Le casse-tête réside précisément ici. François est le pape qui juge, proclame, absout, condamne, promeut, destitue. Mais dans le même temps, il prêche constamment qu'il ne faut jamais juger ni accuser ni condamner.

Celui qui juge «a toujours tort», a-t-il dit dans son homélie le 23 Juin à Santa Marta. Et il a tort, a-t-il poursuivi, «parce qu'il prend la place de Dieu, qui est le seul juge». Il s'arroge «le pouvoir de juger tout: les personnes, la vie, tout». Et «avec la capacité de juger», il considère qu'il a «la capacité de condamner».

Avec l'excommunication des mafieux, deux jours plus tôt, la musique était tout à fait différente. Mgr Nunzio Galantino, évêque de Cassano all'Jonio, favori de François et fait par lui secrétaire de la CEI, a traduit ainsi les paroles du pape: «L'excommunication signifie que les mafieux sont exclus de la vie dans l'Église. Ils ont choisi le mal comme système de vie. Et quand cela arrive, vous êtes hors de la communion. Vous ne pouvez pas recevoir les sacrements, être parrain... Ce n'est pas votre communauté. Et peu importe que vous gardiez une image de la Vierge, un autel portatif ou une bible (ndt: situation assez peu probable!) à dans les taudis où vous vous cachez: cela ne veut absolument rien dire».
Bien autre chose qu'une absence de jugement! Avec un avertissement: parce que si le mafieux en question se cache «dans des taudis», c'est le signe qu'il est en fuite et qu'il a déjà été reconnu coupable par la justice terrestre tandis que si son casier judiciaire est vierge, il n'est pas si facile pour l'Eglise de le condamner au for externe.

Mais il est encore moins facile de concilier les condamnations du pape aux mafieux, aux «corrompus» et à tous les autres qui tombent quotidiennement sous son jugement, avec ses exhortations incessantes à ne pas juger. Ces exhortations frappent d'autant plus qu'elles viennent d'un successeur de Pierre, à qui ont été données les clés pour lier et délier sur la terre ce qui est lié et délié dans les cieux.

Dans son homélie du 23 Juin à Santa Marta, le pape François a également dit que «le seul qui juge est Dieu et ceux à qui Dieu donne le pouvoir de le faire». Mais il n'a pas précisé qui sont ces derniers. L'énigme continue.