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La santé de Benoît XVI

Des précisions et une mise au point à propos d'un scoop de Bild, pour couper court aux rumeurs (4/6/2014)

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Ces jours-ci a circulé sur internet une photo montrant Benoît XVI sur la terrasse du couvent Mater Ecclesiae, accompagné de Mgr Gänswein, de son frère, et de Soeur Kristin, la religieuse qui accompagne ce dernier lorqu'il est à Rome.
Une scène intime, familière, paisible, mais une photo sans aucun doute volée, et je regrette que les réseaux sociaux et les blogs aient cru bon de la reproduire, sans autre commentaire que ceux, parfois malveillants, qui laissaient supposer que le pape émérite était physiquement (voire plus) très affaibli, devant en particulier se servir d'un déambulateur.
La photo est une exclusivité du tabloïd allemand Bild. Quotidien à très gros tirage (entre 3 et 4 millions d'exemplaires), le plus diffusé en Allemagne, certes pas un must d'élégance et de hauteur intellectuelle, mais qui, il faut reconnaître, a toujours soutenu Benoît XVI: on se souvient du fameux titre du 19 avril 2005 "Wir sind papst"

Que ce soit bien clair: Benoît XVI a souhaité rester désormais caché au monde (ce qui ne veut pas dire oublié); peut-être ne voulait-il pas que les caméras du monde entier épient la moindre de ses défaillances, son déclin physique, les signes de la vieillesse.
Sa santé a suscité les pires rumeurs dès son élection (on se souvient des "indiscrétions" de dame Pigozzi, en février 2006), et d'autres, récurrentes, en particulier à son retour des Etats-Unis en 2008), et les rumeurs avaient redoublé quand il avait pour la premère fois utilisé une estrade mobile pour parcourir la nef de Saint-Pierre, le 16 octobre 2011 (voir benoit-et-moi.fr/2011-III).

Soulignons qu'à chaque fois qu'il est paru en public depuis sa renonciation, il a tenu à marcher, certes en s'appuyant sur une canne, mais d'un pas relativement alerte: il n'a donc pas souhaité médiatiser ses difficultés de locomotion (c'était déjà le cas durant son pontificat: on savait par des "indiscrétions" qu'il utilisait une canne dans ses appartements, mais ce n'est que tout à la fin qu'il l'a utilisée en public).

J'ajoute que les déambulateurs sont d'un usage très courant en Allemagne, où j'ai assez souvent l'occasion de me rendre. Depuis longtemps (bien avant leur apparition chez nous) je vois là-bas des gens finalement pas si âgés l'utiliser couramment pour faire leurs courses.

Je sais gré à mon amie Teresa d'avoir commenté la photo de Bild avec beaucoup de sensibilité (le mal était déjà fait!): certes, à première vue, cette photo serre le coeur.
Elle se demande également, vu l'attitude de don Georg, s'il ne s'agit pas d'un premier essai de l'engin.
Mais surtout, Teresa a eu la bonne idée de traduire l'article qu'illustrait la fameuse photo: il n'a rien de désobligeant, bien au contraire (on notera le "notre" pape...).
Je le traduis à mon tour en français. Je pense que cela rassurera tous ceux qui l'aiment:

     

NOTRE PAPE A MAINTENANT UN DÉAMBULATEUR
Katharina Windmaisser
Bild
1er Juin 2014
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Coiffé d'une casquette de baseball blanche pour se protéger du soleil du printemps romain et avec un déambulateur devant lui, l'homme en blanc est Joseph Ratzinger, 87 ans, notre pape émérite Benoît XVI.
Pour la première fois nous avons une photo montrant notre Saint-Père avec une aide à la marche. Avec son frère Georg, 90 ans, qui en utilise un depuis de nombreuses années, Benoît savoure l'air frais sur la terrasse de la maison de sa retraite, le couvent Mater Ecclesiae.
Depuis qu'il a démissionné en tant que Pape en Février de l'année dernière, il y a toujours eu des rumeurs sur l'état de santé de Benoît. Est-il si faible qu'il ne peut plus marcher par lui-même?
A Ratisbonne, le meilleur ami de Georg Ratzinger, Mgr Heinrich Wachter, 84 ans, dit à BILD: «Non, non, tout va bien pour les deux frères. Mentalement, ils sont tous les deux en pleine forme, et ils aiment encore discuter des questions de foi. C'est juste les jambes qui ne sont plus si bonnes».
Depuis le 14 mai Georg Ratzinger est en visite chez Benoît, qui est toujours heureux des friandises bavaroises qu'il lui apporte. Demain (2 Juin), Georg sera de retour en Bavière. «Comme d'habitude, il rapportera avec lui les souvenirs que son célèbre frère lui a donnés - des photos et des chapelets» dit Wachter.

En somme, un article plutôt bienveillant.
Bild ne se cache pas d'avoir voulu faire un scoop (cf. "pour la première fois...").
Mais le large lectorat du journal, un lectorat populaire, est probablement composé en grande partie de gens qui aiment Benoît: il s'agissait donc aussi de couper court aux rumeurs, de dédramatiser, et de les rassurer (et nous aussi!).