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L'Angelus du 17 février 2013

Premier dimanche de Carême, avant-dernier angélus de Benoît XVI, qui a tout fait pour "dépersonnaliser", devant la foule immense venue l'acclamer (17/2/2014)

D'abord, voici le texte de la splendide homélie du Saint-Père, dans ma traduction d'alors:

Le tentateur est sournois: il ne va pas directement vers le mal, mais vers un faux bien...

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Chers frères et sœurs!

mercredi dernier, avec le rite traditionnel des Cendres, nous sommes entrés dans le Carême, temps de conversion et de pénitence en préparation de Pâques. L'Eglise, qui est mère et maîtresse, appelle tous ses membres à se renouveler dans l'esprit, à se réorienter avec décision vers Dieu, niant l'orgueil et l'égoïsme pour vivre dans l'amour.

Dans cette Année de la Foi, le Carême est un temps favorable pour redécouvrir la foi en Dieu comme critère de base de notre vie et de la vie de l'Église. Cela implique toujours une lutte, une lutte spirituelle, parce que l'esprit du mal naturellement s'oppose à notre sanctification et cherche à nous faire dévier de la voie de Dieu. C'est pourquoi le premier dimanche de Carême, chaque année est proclamé l'Evangile des tentations de Jésus dans le désert.

Jésus, en effet, après avoir reçu l'«investiture» comme Messie - «oint» par l'Esprit Saint - lors du Baptême dans le Jourdain, fut conduit par l'Esprit dans le désert pour être tenté par le diable. Au moment de commencer son ministère public, Jésus a dû s'exposer et rejeter les fausses images du Messie que le tentateur lui proposait. Mais ces tentations sont aussi de fausses images de l'homme, qui, à chaque époque, tendent un piège à sa conscience, se déguisant en proposositions convenables et efficaces, et même bonnes.

Les évangélistes Matthieu et Luc présentent trois tentations de Jésus, qui diffèrent seulement par l'ordre.
Leur noyau est toujours d'instrumentaliser Dieu pour ses propres intérêts, donnant plus d'importance aux biens matériels ou au succès.
Le tentateur est sournois: il ne va pas directement vers le mal, mais vers un faux bien, en faisant croire que les vraies réalités sont le pouvoir et ce qui satisfait les besoins de base. De cette façon, Dieu devient secondaire, est réduit à un moyen, devient finalement irréel, ne compte plus, disparaît. En fin de compte, ce qui est en jeu dans les tentations, c'est la foi, parce que Dieu est en jeu.
Dans les moments décisifs de la vie, mais, à bien y regarder, à tout moment, nous sommes à la croisée des chemins: voulons-nous suivre "moi" ou Dieu? L'intérêt individuel ou le bien réel, ce qui réellement le bien?

Comme nous l'enseignent les Pères de l'Eglise, les tentations font partie de la «descente» de Jésus dans notre condition humaine, dans l'abîme du péché et de ses conséquences. Une «descente» que Jésus a parcouru jusqu'au bout, jusqu'à la mort sur la croix et aux enfers de l'extrême éloignement de Dieu. De cette manière, Il est la main que Dieu a tendue à l'homme, à la brebis perdue, pour le ramener en sécurité. Comme l'enseigne saint Augustin, Jésus a pris de nous les tentations, pour nous donner sa victoire. N'ayons donc pas peur d'affronter nous aussi le combat contre l'esprit du mal: l'important est que nous le fassions avec Lui, avec le Christ, le Vainqueur.
Et pour être avec lui, tournons-nous vers la Mère, Marie: invoquons-la avec confiance filiale dans les moments d'épreuve, et elle nous fera sentir la présence puissante de son Fils divin, pour rejeter les tentations avec la Parole de Christ, et ainsi mettre Dieu au centre de nos vies.

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En français:
Chers pèlerins francophones, le Carême qui vient de commencer est une invitation à donner davantage de temps à Dieu, dans la prière, la lecture de sa Parole et les sacrements. Par le jeûne nous apprendrons à ne pas négliger la véritable nourriture, spirituelle, pour résister aux tentations de l’indifférence et du laisser-aller, de l’égoïsme et de l’orgueil, de l’argent et du pouvoir. Méditons la manière dont Jésus a surmonté les tentations et demandons-lui la force de lutter contre le mal. Que ce Carême soit pour chacun le chemin d’une authentique conversion à Dieu et un temps de partage intense de notre foi en Jésus Christ ! Je vous remercie de votre prière et je vous demande de m’accompagner spirituellement durant les Exercices spirituels qui commenceront ce soir. Je vous bénis tous de grand cœur.

Raffaella a mis en ligne sur son site la video complète, pour retrouver l'ambience de cette journée exceptionnelle:

Et je repropose à nouveau le beau récit de Riccardo Cascioli, le directeur de la Bussola, qui était présent dans la foule:

Les cent mille de la Place Saint-Pierre
Riccardo Cascioli
18/02/2013
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J'étais là aussi avec ma famille hier sur la Place Saint-Pierre pour l'Angélus avec le Pape Benoît XVI, le premier après l'annonce et l'avant-dernier avant la fin de son pontificat. Un voyage de 1200 kilomètres pour prier pendant quelques minutes avec le pape et l'entrevoir, vivant ici-bas, de la «fenêtre de l'Angélus» une dernière fois. Mais la surprise a été de rencontrer tellement d'amis qui avaient obéi à la même impulsion, et encore des milliers et des milliers de personnes qui avaient fait la même chose: qui de plus près, qui de plus loin, tous Place Saint-Pierre. Au moins 100 mille, attirés par une force invisible, sans que personne n'ait donné l'ordre ou suggéré quelque chose: un mouvement spontané du cœur, commencé bien avant que la tête essaie de donner les raisons.

Au fait, pourquoi sommes-nous allés en si grand nombre à Saint-Pierre hier? Au fond, il aurait suffi de suivre avec plus d'attention l'Angélus à la télévision, on aurait vu encore mieux. Et pourtant, nous ne pouvions pas résister à l'envie d'être là. Pourquoi? Que cherchions-nous tous, Place Saint-Pierre? Que voulions-nous dire?

Avant tout, une chose très simple: une immense gratitude pour ce Pape qui a été capable de nous introduire très simplement dans la compagnie du Christ. Une chose qui a toujours frappé, chez Joseph Ratzinger, c'est la familiarité absolue avec Dieu, la capacité de vous rendre présents, palpables, tangibles, presque visibles, les mystères les plus compliqués de la foi chrétienne. Il pouvait parler de la Trinité, et même la décrire, comme si le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient là, en chair et en os, à côté de lui. Benoît XVI nous a rendu plus simple la décision de cheminer, et grandement désirable la sainteté. Comment ne pas lui être reconnaissants? Encore plus maintenant, où avec le plus grand sacrifice, il nous a fait comprendre que c'est le Christ qui dirige l'Église et non les hommes, nous obligeant nous aussi à nous demander en quoi nous croyons.
Quelqu'un a dit, à juste titre, que la fameuse encyclique sur la foi qu'il était en train d'écrire - après la charité, et l'espérance - n'est plus nécessaire, parce qu'il l'a écrite avec sa vie.

Gratitude aussi à l'Église, parce qu'elle continue à générer ces exemples de sainteté , et juste au moment où il semble que le péché de ses hommes soit sur le point de balayer tout. En lisant les journaux ces jours-ci, on peut facilement tomber dans le désespoir et le cynisme, en apprenant des histoires de divisions, d'intrigues, de jeux de pouvoir qui semblent dominer dans la Curie du Vatican. Tout n'est pas vrai, beaucoup de choses sont farine de ceux qui l'écrivent, en haine de l'Eglise, mais Benoît XVI lui-même a plusieurs fois fait allusion à ces plaies qui défigurent le visage de l'Eglise, inutile de le nier.
Pourtant, hier, de la place Saint-Pierre est venue la réponse la plus éloquente à tout ces ragots, à tous ces complots: le peuple chrétien sait reconnaître les saints, il sait reconnaître ceux qu'il vaut la peine de suivre. Le parfum de la sainteté est unique et s'impose à la puanteur des immondices qui l'entoure.
Le parfum de la sainteté est incomparable, il attire, et nous fait demander aussi notre conversion, la «ré-orientation» vers Dieu, comme l'a appelé hier Le Pape.
Et voici une deuxième raison d'être là à Saint-Pierre: un pèlerinage pour demander que notre cœur s'ouvre, «pour redécouvrir la foi comme un critère fondamental de notre vie», pour demander du soutien dans le «combat spirituel» que seuls, nous ne pourrions jamais gagner. Les dimensions énormes de la place, et à l'intérieur, de la basilique semblent faites exprès pour nous rappeler notre petitesse, notre taille réelle. Et comprendre que notre grandeur est toute dans l'appartenance au Christ.

Cent mille personnes hier, il y en aura encore plus dimanche prochain , puis à nouveau le mercredi 27, pour la dernière audience générale. Pour témoigner que l'Eglise - ainsi que le monde - a avant tout besoin de saints; besoin de prier pour que les 117 pères appelés à élire un nouveau pape aient des cœurs perméable à la volonté de l'Esprit Saint, qui ne peut se concrétiser sans le "oui" chacun d'eux. De même que la volonté de Dieu ne peut pas se produiredans nos vies sans notre "oui".