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L'anniversaire du 11 février (1)

Monique nous propose un passage du livre "Serviteur de votre joie", qui est une réflexion sur le sacerdoce, et qui illustre bien ce que Benoît XVI a vécu comme Pape (7/2/2014)

>> L'anniversaire du 11 février

Extrait du livre de Joseph, Cardinal Ratzinger
Serviteurs de votre joie , ed. Fayard, pp 30 à 33.
Première édition en Allemagne en 1988.
J.R. est préfet de la CDF mais certains textes ont pu être écrits alors qu'il était encore archevêque de Munich.

Il s'agit d'une réflexion sur le sacerdoce. Le jour de son ordination, en 1951, Joseph Ratzinger était bien loin de se douter qu'elle le mènerait jusqu'au ministère de Pierre.
Je vais essayer d'insérer quelques commentaires (en bleu).
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Monique T, 6 février 2014

     
[...]suivre Jésus - appelons même tranquillement les choses par leur vrai nom: le sacerdoce - n'est pas quelque chose qu'on se procure par soi-même. On ne peut pas se l'imaginer comme une sorte d'assurance pour la vie, de gagne-pain, un moyen d'atteindre une position sociale. On ne peut pas simplement le choisir comme quelque chose en quoi on trouve sécurité, amitié et protection, comme un projet selon lequel on voudrait construire sa vie. Ce ne peut jamais être simplement un mode de subsistance, un choix personnel.

A partir du jour où Paul VI a nommé Joseph Ratzinger archevêque de Munich (1977), ce dernier a renoncé à tout choix personnel. Lui qui aimait tant enseigner la théologie,il a dû accomplir , par obéissance, des tâches éloignées de ses goûts et causes de nombreuses contrariétés.

Le sacerdoce justement compris, on ne peut pas se le donner à soi-même, ni même le rechercher pour soi. Ce ne peut être qu'une réponse à SA volonté, à SON appel.

La vie de Joseph Ratzinger est une succession de OUI à la volonté de Dieu. C'est le mot abnégation qui résume le mieux son parcours. Il a accepté, en tant que préfet de la CDF, des tâches ingrates qui ne lui ont attiré que des critiques acerbes et tous les préjugés qui ont plu sur lui dès son élection. En tant que Pape, il a sacrifié sa personne, pour des péchés commis surtout sous les pontificats précédents ou pour des affaires en suspens depuis des décennies.

Toujours il exige de nous que nous sortions de notre volonté propre, de l'idée spontanée d'une autoréalisation, de ce que nous pourrions faire de nous et voudrions avoir, et que nous entrions de nous-mêmes dans une autre volonté pour nous laisser guider par elle, et même conduire là où nous ne voulons pas. Là où manque cette volonté fondamentale d'entrer dans une autre volonté pour ne faire qu'un avec elle, de se laisser mener là où on ne l'avait pas escompté, on n'est pas engagé dans la voie de la prêtrise, et celle-ci ne pourrait aboutir qu'à un résultat funeste.

Cet homme si brillant a dû renoncer en partie à son "autoréalisation".
Lui qui aimait la spéculation intellectuelle, il a dû s'occuper de Théologie de la Libération ... et d'abus sexuels. Quelle mortification!
De plus, il a souvent dit qu'il aurait voulu élaborer une oeuvre théologique complète mais n'en a pas eu le temps.
Comme St Pierre, il a dû aller là où il ne voulait pas. Loin de toute vanité, il a ressenti son élection comme un couperet. Toujours ce OUI à la volonté de Dieu alors qu'il savait ce qui l'attendait! Son allusion aux "loups" a montré qu'il était prêt à souffrir.

Le sacerdoce suppose qu'on ait le courage de dire oui à une autre volonté, de répondre à l'appel de l'autre, et cela bien sûr pour y découvrir peu à peu et toujours plus la certitude absolue qu'en entrant dans cette volonté nous ne sommes pas anéantis, détruits, mais que, quelles que soient les entraves auxquelles se heurtent en nous les indications reçues, c'est ainsi seulement que nous pénétrons dans la vérité de notre être propre. Car ainsi nous sommes plus près de nous que lorsque nous ne faisons que nous attacher à nous mêmes.

Cette abnégation apporte une certaine paix à l'âme. Celui qui perd sa vie la trouve.

Suivre Jésus, dire ce oui: "Je suis là, je suis prêt", c'est donc toujours un événement pascal, c'est lié au fait de prendre la Croix et de suivre, de sortir de soi- même, de contrecarrer les attachements purement égocentriques et les compensations personnelles; cela concerne la liberté que nous procure le saut dans l'inconnu de l'autre volonté, un inconnu qui n'en est pas moins pour nous ce qui au fond nous est familier. Nous le connaissons par la Croix et la Résurrection de Jésus-Christ: c'est la volonté et le pouvoir qui en vérité portent le monde et qui nous portent.

Un pontificat sous le signe de la Croix, en effet! Pour ceux qui savent le percevoir, c'est aussi un pontificat pascal!

[...] Le oui à l'appel de Jésus est prioritaire, et requiert un engagement total. En d'autres termes: qu'il passe avant tout le reste et requiert la totalité de notre être. On ne peut se contenter d'offrir une part de soi-même, une partie de son temps et de sa volonté.
[...] Le oui de qui suit le Christ implique le courage de se laisser brûler par le feu de sa Passion, qui est en même temps le feu salvifique du Saint- Esprit.
[...] Le noyau de l'appel, c'est au fond toujours ceci: la nécessité d'être prêts à nous laisser embraser par lui, à être transformés en braises ardentes d'un coeur brûlant de la force de sa Parole.
[...] Prions le Seigneur de faire se lever en nous cette lumière, le feu de sa joie.

Au milieu des épreuves, offert en sacrifice, Benoît XVI n'a jamais cessé de prêcher le pardon et la joie de la foi.