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La "révolution d'octobre" du Synode a échoué

mais Antonio Socci annonce une année difficile dans l'attente du Synode de 2015... (21/10/2014)

Très honnêtement, on ne peut pas savoir ce que le Pape fera, on peut juste formuler des hypothèses selon sa sensibilité personnelle - et cela vaut aussi pour les bergogliens convaincus: Socci n'exclut même pas une "surprise de Dieu".
On en revient à la formule géniale de Pierre Dac: la prévision est un art difficile... surtout quand elle concerne l'avenir.
Mais le mal a déjà fait son oeuvre, et il sera difficile de redresser la barre.

     

UNE ANNÉE DRAMATIQUE COMMENCE POUR L'EGLISE CATHOLIQUE.
ET POUR LE PAPE FRANÇOIS.

Que se passera-t-il au prochain synode des évêques consacré à la famille? Que fera le pape François?

Antonio Socci
Il Foglio,
21 octobre 2014 (bergoglionate.wordpress.com)
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La «Révolution d'Octobre» du Synode a échoué, et avec elle s'est achevée la première partie du pontificat bergglien. Que sera la seconde? Le discours de clôture fait samedi par François en donne une idée. Celle qui commence sera peut-être l'une des années les plus dramatiques et confuses de l'histoire de l'Eglise.

MACHIAVÉLISME
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Tout d'abord, le pape Bergoglio s'est défaussé de la défaite sur le cardinal Kasper (& cie), après l'avoir utilisé comme bélier pour briser la résistance des cardinaux orthodoxes, tant au consistoire de Février, qu'au Synode. La majorité a rejeté la «révolution» que Kasper, à la demande de Bergoglio, avait envisagée, donc le pape lui-même a pris ses distances de ses thèses, les disqualifiant comme «buonisme destructeur, qui, au nom d'une miséricorde trompeuse panse les plaies sans les avoir d'abord soignées et guéries; qui traite les symptômes et non les causes et les racines».
Dommage que ces absurdes thèses kasperiennes qui ont divisé l'Église comme un traumatisme pendant des mois et des mois soient passées dans les médias comme la nouveauté du pontificat de Bergoglio, sans jamais être démenties.
Dommage que ce soit François lui-même qui ait imposé le même Kasper comme rapporteur unique au Consistoire de Février, qui ait fait l'éloge de ces thèses comme «théologie à genoux» (Kasper a toujours déclaré, sans être contredit, qu'il avait tout fait en accord avec le pape).

La fine fleur des intellectuels et des journalistes catholiques, autrefois ratzingériens et aujourd'hui désireux de se recaser ont adopté et applaudi la révolutionnaire thèse kasperienne. Ainsi que tous les journaux laïques.
Voir aujourd'hui l'éreintage qu'en fait Bergoglio devrait être humiliant pour tous ces papistes empressés. Et le fait devrait également également conduire les gros journaux laïcs - du type «Repubblica» - à reconnaître qu'ils avaient tout faux.
Mais personne ne l'a fait. Évidemment, parce que tous considèrent que le démarquage tardif et embarrassé de Bergoglio de la thèse perdante est seulement tactique. Et ils remarquent que celui qui est sorti vaincu et «censuré» (sfidato) du Consistoire de Février et du Synode d'Octobre, c'est Bergoglio lui-même. Bien sûr, il y a les derniers «japonais» (ndt: qui continuent à se battre alors que la défaite est consommée) qui soulignent que sur les sujets controversés de la communion pour les divorcés remariés et des homosexuels (paragraphes 52, 53 et 55), bien que n'ayant pas obtenu les deux tiers des voix (et donc rejetés par le Synode), il y a cependant une majorité absolue et par conséquent, il ne s'agit pas d'une défaite. Mais cet argument est risible, car c'étaient les textes amendés et corrigés, et pas ceux «kasperiens» et «fortiens».
En fait, la «Relatio post disceptationem», de mi-Synode, celle «révolutionnaire», a été rejetée et réécrite. Et la «Relatio Synodi» est un autre texte («plus équilibré, équilibré et développé», comme l'a souligné le père Lombardi).

SURPRISE
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Donc le résultat du Synode est une véritable «surprise de Dieu», et si le Pape Bergoglio était ouvert à de telles surprises (allusion aux propos mêmes du Pape dans son homélie de dimanche) il prendrait acte qu'une «liquidation» scalfarienne du catholicisme qui finirait par renverser les sacrements, les commandements et les enseignements, n'est pas possible. Comme il l'a dit lui-même «c'est l'Église, notre mère! Et quand l'Eglise, dans la variété de ses charismes, s'exprime dans la communion, elle ne peut pas se tromper: c'est la beauté et la force du 'sensus fidei' qui est donné par l'Esprit Saint ».
Alors pourquoi ne pas reconnaître sereinement ce qui a émergé du synode? Pourquoi ne pas écouter le souffle de l'Esprit?
En réalité, il semble que le pape argentin n'aime pas ces «surprises de Dieu» qui ont fait naufrager sa «révolution» et - selon certains observateurs - il aurait l'intention gagner autour de la table [de jeu] la partie qu'il a perdue sur le terrain.

CONTRE LES CATHOLIQUES
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Cela ressort des paragraphes suivants de son discours final. En effet, avant même de prendre ses distances de Kasper, il a liquidé (une fois de plus) comme «raidissement hostile» dans la lettre (c'est à dire l'Evangile sine glossa ) la position des catholiques qui étaient opposés à Kasper. Il a estampillés «traditionalistes» et «intellectualistes» ceux qui ont tout simplement rappelé le Magistère de toujours de l'Eglise, depuis les Evangiles et Saint Paul jusqu'à Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI. Mais si les catholiques, apostoliques et romains qui professent la position de l'Église de tous les temps et de tous les papes précédents, pour Bergoglio sont à rejeter, on ne sait pas ce qu'il considère comme son troupeau et le magistère catholique (il est également vrai, toutefois, que le même Bergoglio a dit à Scalfari que «Dieu n'est pas catholique» ...).

LE PAPE ROI
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Ensuite, le discours de clôture du pape a rappelé ce qu'était l'argument que ses «adversaires» lui ont opposé, l'argument gagnant: le pape n'est pas le maître de l'Evangile, de la doctrine et de la tradition et de l'Eglise, mais leur serviteur. Il en a pris acte, d'accord. Mais il a ajouté une surprise à la fin. Il a dit:

«L'Eglise est au Christ - c'est son épouse - et tous les évêques en communion avec le Successeur de Pierre, ont le devoir et la tâche de la préserver et de la servir, non pas comme "maîtres", mais comme "serviteurs". Le pape, dans ce contexte, n'est pas le "seigneur suprême", mais plutôt le "serviteur suprême" - le "servus servorum dei"; le garant de l'obéissance et de la conformité à la volonté de Dieu, à l'Evangile du Christ et à la Tradition de l'Église, mettant de côté tout arbitraire personnel, tout en étant - par la volonté du Christ lui-même - le "Pasteur et docteur suprême de tous les fidèles" (Can. 749) et tout en jouissant de la 'potestà' ordinaire qui est suprême, pleine, immédiate et universelle dans l'Église (cf. Can 331-334)»

La première partie de cette citation dément les bergogliens les plus fanatiques que, dans les médias catholiques ou laïcs, au cours des dernières semaines avaient émis l'hypothèse que le pape pouvait faire ce qu'il voulait, même des sacrements (quelqu'un était allé jusqu'à l'appeler «seigneur absolu»).
Dans ces mêmes colonnes, le 5 Octobre de l'année dernière, j'avais écrit, citant une page de Joseph Ratzinger: «Le pape ne peut pas dire: "L'Église, c'est moi", ou bien: "La tradition c'est moi", mais au contraire il a des contraintes précises, il incarne l'obligation de l'Église de se conformer à la parole de Dieu ». J'ai reçu des insultes et des invectives, comme si j'avais délégitimé le pape. Eh bien, samedi soir François a dit la même chose. Et il a ajouté, par surprise, la citation du Code de droit canonique qui lui donne une puissance incontestable sur tous les fidèles et l'Eglise universelle. Ce François, qui s'est ostensiblement présenté comme «évêque de Rome» et a boudé le titre de pape, a soudainement redécouvert les prérogatives les plus lourdes du pouvoir du pape, du pape roi.
En effet, durant le Synode, il a déjà exercé son pouvoir à travers la structure directive, afin de guider et contrôler, d'une manière très peu Synodale et conciliaire. Au point de susciter de vives protestations à cause du bâillonnement.
Sa décision de faire parvenir aux diocèses également les trois points que le Synode a rejetés, sur les divorcés remariés et les gays, donne le sentiment qu'il se soucie peu du Synode lui-même et veut continuer la bataille. Le chaos est de retour.

PURGES
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Un observateur comme John Allen estime que désormais, on passe aux "mutations", c'est à dire aux défenestrations de ceux qui se sont le plus opposés à la révolution Kasper-Bergoglio, à commencer par les cardinaux Burke et Müller.
S'il en était ainsi, cette citation du Code voudrait dire: «vous me dites que je ne peux pas toucher la doctrine, mais je vous rappelle que je peux décider de votre sort».
Ce serait le début d'épuration et de purges vraiment peu recommandables, qui déconcerteraient un peuple chrétien déjà sous le choc. La confusion dans laquelle l'Eglise s'est trouvée durant les derniers mois deviendrait vraiment dramatique.
Est-ce ce que l'on veut?
Allen a rapporté le commentaire post-synodal d'un cardinal: «Je ne pense pas (que Bergoglio) soit un grand stratège ... Je pensais qu'il y avait un plan derrière le chaos ... maintenant je me demande si le chaos n'est pas son plan».
Il ne reste qu'à espérer une surprise de Dieu: que le pape Bergoglio inverse sa direction.

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