Conseils au Pape après le Synode

... du Père Longenecker, un prêtre catholique venu de l'anglicanisme. Ou les difficultés pour un prêtre de terrain de mettre en oeuvre les directives du Pape. "Sélection" et traduction d'Anna (21/10/2014)

>>> A propos du Père Dwight LongeNecker, voir ici: Pape François : restons calmes

Dans le ton toujours respectueux qu'il se sent contraint de garder, il dit en substance au Pape "faites votre job, s'il vous plaît, et gardez solidement la doctrine" car sa façon de guider l'Eglise est en train de lui créer de gros problèmes au niveau paroissial.
(Anna)

CONSEIL AU PAPE A LA LUMIERE DU SYNODE
Rev. Dwight Longenecker
www.crisismagazine.com/2014/advice-for-the-pope
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Le Saint Père a été excellent, quand il a sermoné les prêtres et nous a dit ce que nous devons faire. Nous devons aller dans le monde et "mettre la pagaille" (en italien: fare casino). Nous devons "avoir l'odeur des brebis". Nous devons accueillir tout le monde avec compassion, pardon et miséricorde. Nous devons être des pasteurs bons et gentils qui administrent les sacrements avec soin et sollicitude. Nous devons être à la recherche des pauvres et châtier les riches, être du côté des malheureux, soigner les malades, soutenir les immigrants et tendre la main aux pauvres. Nous devons accueillir les divorcés et remariés, ne pas juger ceux qui ont des attirances homosexuelles et ouvrir les portes de l'église à tous, avec une forme d'évangélisation chaleureuse et affirmative, par attraction.
C'est un message que je soutiens et que j'accepte. Je veux être ce genre de prêtre; je veux être Jésus pour le monde. J'aspire à m'occuper des pauvres et affamés, de pourvoir à leurs besoins, d'accueillir tous dans l'église comme le père reçoit le prodigue. Je veux avoir le coeur ouvert du Pape François. Je veux montrer l'attrait de Jésus, la rayonnante vérité de l'Evangile et la joie de la vie abondante que Jésus apporte au monde. J'aspire à célébrer les sacrements avec amour, attention, espérance, joie et compassion. Je veux être la persona Christi, l'image de Dieu et la face du Père pas seulement pour mes ouailles, mais pour tous ceux que je rencontre.

J'ai entendu les mots du Saint Père et les prends à coeur.

Toutefois, je ne peux le faire que si les vérités intemporelles de la foi catholique sont fermement définies et défendues. Les dogmes, doctrines et disciplines de la foi catholique sont les instruments de mon métier. Ils fournissent les règles de l'engagement, le mode d'emploi du jeu, le plan du voyage et le contenu de la compassion et de la miséricorde que je veux montrer.
Les enseignements historiques de l'Eglise catholique, fondés sur l'enseignement du Seigneur Jésus, révélés par la divine inspiration et développés à travers le magistère de l'Eglise catholique fournissent la méthode de ma miséricorde, le contenu de la compassion et les seules vérités salvatrices que j'aie à partager.
C'est du travail d'équipe, Saint Père. Je ne peux faire le travail que vous voulez que je fasse que si vous faites le travail auquel vous avez été appelé. Avec le plus grand respect et amour, s'il vous plaît ne pensez pas que votre job est de bricoler avec les vérités éternelles. Si mon job est d'être un pasteur compatissant pour ceux qui sont dans les bancs d'église et ailleurs, alors votre job est d'être le premier définisseur et défenseur de la foi. Je ne peux pas faire mon travail si vous ne faites pas le vôtre.

Oui, je sais que vous voulez nous inspirer ce genre de pasteur compatissant mais, honnêtement, je trouve cette inspiration ailleurs. Je me souviens avoir rencontré Mère Teresa de Calcutta et avoir été inspiré par sa compassion. Je suis inspiré par Saint Damien de Molokai, Saint Maximilien Kolbe, Saint Isaac Jogues et une multitude d'autres âmes courageuses et rayonnantes.
Même si votre exemple de compassion, humilité et simplicité est stupéfiant et attrayant, votre travail le plus important est de définir et défendre l'enseignement de l'Eglise Catholique afin que nous puissions ensemble le proclamer et le vivre avec la compassion, la miséricorde et le pardon que nous nous accordons tous à trouver nécessaire.
Je sais que le Synode sur la Famille est une tentative de rendre l'Eglise plus compatissante et attentionnée, mais avec tout mon respect, cela n'est pas mieux accompli au Vatican ou au niveau du diocèse, mais plutôt au niveau de la paroisse. On m'avait appris que la subsidiarité est un principe catholique, que les solutions aux problèmes, les idées pour les initiatives sont mieux entreprises dans la communauté locale.

La compassion, la miséricorde et le combat avec les problèmes familiaux se manifestent tous les jours au niveau de la paroisse. Vous le savez par votre propre travail en première ligne en tant que prêtre et évêque. Au niveau du Vatican la discussion est théorétique et théologique, comme elle devrait l'être. Si vous essayez de bricoler ces questions au niveau global, ça n'arrange rien. Il ne nous rend la vie que plus confuse et plus frustrante au niveau local.
Voici un exemple: deux fois la semaine dernière j'ai eu à traiter avec des catholiques en situation irrégulière.
Une femme s'était mariée hors de l'église et m'a dit qu'elle croyait que maintenant il était permis pour elle de venir à la communion parce que "La pape a changé toutes ces vieilles règles".
Un autre homme a divorcé de sa femme et vit avec une autre femme. Lui aussi m'a dit en toute confidence qu'il était possible pour lui de venir maintenant à la communion parce que "Le Pape François a changé les règles."
Je sais que vos intentions sont bonnes Très Saint Père, et je vous admire et vous aime, mais le processus dans lequel vous nous avez entrainés n'aide pas.
Voici un autre exemple de mon expérience de prêtre de paroisse: un jeune couple vient pour la préparation au mariage. Ils ne pratiquent pas leur foi et vivent déjà ensemble en tant que mari et femme. Je les ai accueillis et j'ai écouté leur histoire. Je leur ai dit qu'il était bien qu'ils veuillent se marier et que j'allais les préparer non seulement pour une cérémonie catholique, mais pour un mariage catholique. Mais dès que j'ai abordé gentiment le sujet de leur mode de vie irrégulier la fille s'est mise à bouder et m'a accusé de ne pas être accueillant. Et puis elle a dit: "Avec ce pape, je croyais qu'on nous aurait accueillis". Ce qu'elle entendait par là était, "Je m'attendais à ce que l'Eglise du Pape François cautionne la cohabitation."
Vous nous avez très bien, très paternellement instruits, et j'ai écouté et appris. Vous nous avez aussi sollicités à un franc débat sur ces sujets.
Alors, afin que je puisse faire mon travail je vous demande respectueusement de faire le vôtre. Je ferai de mon mieux pour évangéliser tout en étant compatissant, accueillant et plein de miséricorde si vous faites de votre de mieux pour affûter les instruments dont j'ai besoin pour mon travail.

La compassion sans contenu n'est que sentimentalité. La miséricorde sans vérité est un geste vide. La gentillesse sans correction est lâcheté.
Je ferai de mon mieux pour prêcher et vivre la foi miséricordieuse jadis accordée aux saints mais j'ai besoin que vous fassiez de votre mieux en tant que successeur de Pierre, le Vicaire du Christ et Serviteur des Serviteurs de Dieu afin de définir, défendre et préserver cette foi immuable dans laquelle la miséricorde est établie.