L'église vaudoise

Mini-enquête sur la communauté dont François veut se rapprocher et dont il a qualifié les disciples de "religieux de premier ordre"... si l'on en croit Scalfari (16/7/2014; mise à jour: les précisions d'une lectrice italienne)

Ci contre: L'entrée de la faculté de théologie vaudoise, à Rome.

Dans l'interviewe du Pape par Scalfari, il y a un échange que j'avais immédiatement relevé, qui est passé relativement inaperçu, et qui mériterait d'être creusé.
Je n'ai pas l'intention de faire un dossier, juste d'indiquer quelques pistes de réflexion.
Juste au moment de prendre congé, Scalfari jette une dernière fois son filet:

- Sainteté, vous travaillez assidument pour intégrer la catholicité avec les orthodoxes, les anglicans ...
Il m'interrompt et poursuit:
«Avec les Vaudois, que je trouve des religieux de premier ordre, avec les pentecôtistes et naturellement, avec nos frères juifs»

Dans le texte italien, "chiesa valdese" ne me disait rien , et j'ai fait une très courte recherche pour arriver à "Eglise évangélique vaudoise" (à ne pas confondre avec L'Église évangélique réformée du canton de Vaud - EERV).

La notice wikipedia (avec la mention habituelle: sous réserve de vérifications ultérieures et d'approfondissement) nous aprend que l’église évangélique vaudoise, ou Table Vaudoise est la principale église actuelle issue de la prédication de Vaudès (aussi connu sous le nom de Pierre Valdo ou Pierre Valdès), riche marchand lyonnais qui en 1170 décida d'abandonner tous ses biens pour se mettre "à la suite du Christ nu".
Elle est présente principalement en Italie, avec des antennes en Amérique du Sud. Elle est adhérente de l'Alliance réformée mondiale et de la Conférence des Églises protestantes des pays latins d'Europe.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, son nom ne doit donc rien au canton de Vaud en Suisse.
La notice wikipedia documente l'historique du mouvement, puis poursuit:

* * *

L'ÉGLISE VAUDOISE AUJOURD'HUI
Actuellement, la Table vaudoise réunit des Églises locales vaudoises et méthodistes. Elle a été présidée de 2005 à 2012 par le pasteur Maria Bonafede, première femme à la tête des Églises vaudoises. Son titre est modératrice de la Table vaudoise. Les femmes peuvent y être pasteurs depuis 1961.
Dans un entretien à La Stampa, Maria Bonafede a déclaré souhaitable que le pape Benoît XVI « sache dialoguer avec les autres Églises chrétiennes » et « abandonne la notion de primat de l'Église catholique romaine sur les autres ». Elle s'est aussi prononcée contre la présence de crucifix dans les lieux publics. Enfin, elle a déclaré que « la foi chrétienne est incompatible avec l'injustice économique, comme elle était incompatible avec le nazisme et l'apartheid ».
La Table vaudoise compte environ 30 000 fidèles en France dans quelques vallées alpines et au Nord de l'Italie, essentiellement dans le Piémont. La Table vaudoise compte également quelques communautés en Amérique latine (Uruguay, Argentine). Les vaudois comptent en totalité 45 000 fidèles en 2013.

DOGME
Quelques aspects du dogme vaudois:
¤ L'Écriture est la seule règle de la foi et des cœurs.
¤ Tout homme et toute femme initié à la connaissance de l'écriture peut prêcher.
¤ Il est bon que le culte soit fait en langue populaire et que chacun use de la Bible.
¤ La messe du culte romain ne vaut rien.
Le purgatoire est une fable.
¤ Le clergé romain ayant perverti la doctrine et les sacrements des apôtres, et n'imitant pas leur exemple, n'a aucune autorité.
¤ Le mariage est dissout par l'adultère.

* * *

Poursuivant mes recherches, j'ai retrouvé un article de Sandro Magister, intitulé CE PÉCHÉ DE SODOME QUI CRIE VERS LE CIEL, datant de mai 2012, alors que "La congrégation pour la doctrine de la foi fai[sai]t réimprimer à l'identique sa lettre de 1986 relative à l'homosexualité, précisément au moment où différents gouvernements légalisent les unions gay".

Voici le passage concernant l'Eglise vaudoise:

Sandro Magister

Le fait que la condamnation sans équivoque des comportements homosexuels par saint Paul dans son épître aux Romains crée de la confusion non seulement dans l’Église catholique mais également dans d’autres confessions chrétiennes est prouvé – entre autres – par la polémique qui est en cours chez les vaudois, la plus connue et la plus vivante des communautés protestantes "historiques" présentes en Italie.
En 2010, leur synode annuel a donné le feu vert à la bénédiction nuptiale des couples homosexuels "là où l’église locale a atteint un consensus mature et respectueux".

À la suite de quoi, au cours des mois suivants, certains pasteurs ont effectivement béni des mariages entre hommes et entre femmes. Ils étaient soutenus par la pasteure Maria Bonafede, qui occupe la plus haute charge dans la communauté, celle de modérateur de la Table vaudoise.
Mais les opposants au mariage homosexuel étaient aussi aguerris. Ils ont publié un manifeste d’opposition. Et ils ont reçu le soutien du pasteur Paolo Ricca, le plus connu et le plus estimé des théologiens vaudois, qui fait autorité.
En juin 2011, Ricca a écrit dans l’hebdomadaire vaudois officiel "Riforma" ["Réforme"] que, en donnant son accord à la bénédiction des couples homosexuels, le synode avait pris une décision "praeter Scripturam", hors de l’Écriture. Et il a cité le saint Paul de l’épître aux Romains, celui-là même qui est cité par le cardinal Biffi dans le passage reproduit ci-dessus.
Être hors de l’Écriture constitue la plus brûlante des accusations pour un protestant. Mais l’état-major des pasteurs et des théologiens vaudois a répondu à Ricca que saint Paul ne doit pas être pris au pied de la lettre mais interprété dans le "contexte" de son temps, influencé par des préjugés marqués par un "caractère patriarcal" et un "mépris ethnico-religieux" inacceptables aujourd’hui...

* * *

Certes, le tableau est nuancé, mais là non plus, il n'y a pas vraiment de quoi faire la clarté dans l'esprit des fidèles catholiques...

Je reçois à l'instant des précisions très intéressantes (et assez inquiètantes) d'une lectrice d'Italie:

A propos des Vaudois, ou "Valdesi".
------
Ils sont le plus nombreux des groupes réformés en Italie, dérivant de Paolo Valdo 400 ans avant Luther.
Au Moyen Age, ils étaient des hérétiques importants, comme les Cathares. St Dominique et St Francois prêchaient beacoup contre eux. Ils furent persecutés avec force, mais ils ont survécu jusqu'à aujourd'hui.
Ils ont toujours été anticatholiques, fièrement et avec acharnement, et en Italie ils ont épousé tous les mouvements politiques et sociétaux contre l'Eglise, de la Revolution française à la Revolution bolchévique. Ils sont évidemment à gauche dans le panorama politique d'Italie (le secretaire du parti "Rifondazione comunista", Refondation communiste, est un " valdese"). Divorce, avortement, mariage pour tous, PMA, GPA, ils sont pour tout cela.
La Radio italienne programme un dimanche par mois un Service protestant et aussi des conversations par des pasteurs. Fréquemment il y a Madame Bonafede (qui devrait mieux s'appeler "Malafede" - mauvais foi. Mon commentaire sur ses discours: "oh, mon Dieu, pardonnez-la, elle ne sait ce qu'elle dit".
Ces hérétiques sont plus nombreux en Piémont, et vous savez que Bergoglio est pémontais d'origine. Je suis certaine qu'il les a connus a Buenos Aires parmi d'autres emigrés piémontais. Ils sont souvent engagés dans des activites sociales - écoles gratuites, assistance aux malades, aux pauvres - on peut ainsi mieux comprendre son admiration pour eux.
J'avais une camarade a l'Université, une valdese. Ses parents ne voulaient pas qu'elle vienne chez moi pour étudier, car ils savaient que j'étais catholique.
(RR)

>>> Haut de page