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Peu de jours ont passé depuis l'élection...

Un article datant de mars 2013, sur un site italien que je viens de découvrir "Infinito quotidiano" (28/8/2014)

     

Il arrive qu'au hasard d'une balade sur le Réseau, vous croisiez un site dont vous vous dites qu'il a une sensibilité très proche de la vôtre, et que ce que son (ou ses) auteurs ont écrit, vous-même auriez pu l'écrire - ou l'avez écrit - au même moment, peut-être en le formulant différemment.
J'appelle cela un coup de coeur .
Ce coup de coeur a l'avantage supplémentaire de vous faire vous sentir moins seul, quand vous réalisez, entre agacement et inquiétude, le caractère hyper-marginal de vos opinions. C'est important, car si vous êtes dans un groupe de cent personnes (pour donner un exemple) et que vous croyez que 98 pensent différemment de vous (et pensent tous la même chose), même en étant mentalement très fort et en ayant de fortes convictions, vous finissez inévitablement par vous demander si ce n'est pas vous qui êtes dans l'erreur. Sans compter qu'il est plus difficile de ramer à contre-courant que de suivre le sens des flots. Mais ceci est une lapalissade.

J'ai rencontré quelques sites-coup-de-coeur, depuis que j'ai commencé le mien, et j'ai essayé de faire partager mes découvertes à mes lecteurs.
Il est arrivé, évidemment, que ces coups de coeur virent à la déception, après une réflexion ultérieure, ou à l'occasion d'un évènement important (devinez...) qui a fait émerger des divergences dirimantes.
Ce long préambule pour dire que mon dernier coup de coeur est un blog en italien, intitulé de façon quelque peu énigmatique Infinito Quotidiano.
J'ai traduit (pour commencer?) cet article écrit le 18 mars 2013.
A un détail près, que j'expliquerai plus bas, il dit exactement ce que je ressens (et que j'ai dit, il me semble de plus en plus clairement) depuis à peu près un an et demi.

     

Lundi 18 mars 2013

Il s'est écoulé peu de jours depuis l'élection du Pape François à la Chaire de Pierre, et pourtant, dans le monde catholique, il semble que cela fasse un siècle. Avec la complicité du rôle des médias, nous assistons quotidiennement à l'exaltation, probablement non intentionnelle de sa part, du nouveau Pape. Quoi qu'il fasse, de la chose la plus simple à la plus solennelle (si on peut parler de solennité), il est encensé par tous, croyants et non-croyants, avec une émotion et une exaltation qui laissent à la fois perplexe et consterné.
Non qu'un tel attachement au Pape soit une faute, je l'ai éprouvé, moi aussi, et d'une manière encore plus intense, jusqu'au 11 Février de cette année. On est surpris, blessé, on a dans la bouche un goût d'amertume, on ressent du dégoût de toute cette attitude, non par injustice envers le Pape François (bien qu'il semble vouloir tout faire pour se distancier de son prédécesseur), mais parce que dans cette excitation hystérique, on voit clairement combien pendant huit ans, catholiques et non-catholiques, ont vécu mal, très mal, le glorieux pontificat du pape Benoît XVI.

Allez, soyez honnêtes et admettez-le, tout cette frénésie hypocrite démontre simplement et uniquement ceci: vous méprisez [(*)] Benoît XVI, vous l'avez mal supporté, et maintenant que vous en êtes débarrassés, vous instrumentalisez le nouveau venu. Qui, reconnaissons-le, par certains aspects, semble être en accord avec votre attitude.

Mais ce n'est pas des choix du pape François que je veux m'occuper ici. Plutôt de l'attitude écoeurante d'un certain monde catholique. De la part des médias, prompts à sauter dans le train en marche, il était assez évident qu'il en serait ainsi. Il suffit de regarder la façon dont ils ont traité Benoît XVI pour comprendre combien peu ils l'estimaient et à quel point ils attendaient d'extérioriser la joie de le voir écarté. Pas une seule fois ils ne l'ont défendu. Non pas par parti-pris, à Dieu ne plaise, mais par honnêteté, parce que cela aurait dû être leur travail, leur mission: informer. Sur le pontificat de Benoît XVI, au contraire, on a fait seulement de la désinformation. Mais venant d'un certain monde, nous ne sommes pas surpris plus que cela. Dommage que tant de trésors aient été perdus par la faute de nombreux incapables, mais c'est ainsi. Dans le monde, des lois autres que celles de la vérité sont en vigueur, et peut-être tout ce mépris, confirmé par Jésus lui-même, est-il un symptôme d'une grande œuvre, une grande fidélité au Seigneur.

De la part du monde catholique, clercs et laïcs, l'attitude enthousiaste envers le pape François donne, je l'ai dit, la nausée. Depuis à peu près une semaine, tous les instincts refoulés durant près de huit ans de sainteté, se donnent libre cours. Tous, à partir du 13 Mars, ont réalisé l'importance des signes et des gestes faits par le nouveau pape. Jusqu'au 28 Février, pourtant, ceux qui soulignaient l'importance des gestes et des signes, comme étant des moyens efficaces pour indiquer et transmettre des choses plus grandes, étaient, comme l'auteur de ces lignes, accusé de formalisme, de bigoterie, d'esthétisme, de pharisaïsme, etc.. La redécouverte des signes traditionnels accomplie par le pape Benoît XVI (Dieu veuille qu'ils ne soient pas simplement mis au panier) a été, de la part du clergé, moquée, méprisée et désobéie, en particulier en ce qui concerne la liturgie. Le monde des fidèles qui se disent catholiques (sur cela, je maintiens des réserves), s'est mis en rang pour faire de la liturgie, un mélange pouilleux de spontanéité et d'inventions, de la doctrine la suite malheureuse de conversations de bar, de la personne et du ministère du Pape, un accessoire de sa propre vie spirituelle.

On exalte François pour mépriser Benoît.

Ce petit jeu ayant été une réussite pendant toutes les années de son pontificat, à quoi cela rime-t-il de continuer? N'y aurait-il pas assez de motifs pour exalter François? Donnons-lui du temps, et prions pour qu'Il nous en donne à suffisance.
En attendant, évitons, au moins, d'être hypocrites.
Tous ces évêques, cardinaux, prêtres et monsignori qui ont souffert Benoît XVI, qui se sont cachés derrière sa sainteté vouée au martyre de leurs saletés, qu'ils nous épargnent, aujourd'hui, leur défense de chaque éternuement du pape François. Où étaient-ils, les monsignori, les évêques, les prêtres, les vaticanistes et toute la compagnie, quand Benoît XVI a été attaqué (injustement !!!) pour la pédophilie, accusé d'antisémitisme, d'être contre la raison, la science, etc? Pourquoi restaient-ils silencieux? Serait-ce qu'ils étaient complices, ou tout au moins qu'ils avaient leur propre intérêt à laisser crucifier le Saint-Père Benoît XVI?
Vous êtes vraiment répugnants, aujourd'hui, à vous glorifier de défendre le pape. Mesquins vous étiez et mesquins vous restez.
Vous exaltez la pauvreté de François ignorant que Benoît XVI a fait la même chose (sinon plus). Comme Benoît, et comme Joseph. Sauf que, justement, il savait distinguer. Quand il s'agissait de sa personne, il a renoncé à tout (même à la vie privée si convoitée), mais personne ne l'a jamais exalté, peut-être parce qu'il n'a jamais voulu, humilité bénie!, que cela se sache. Quand il s'agissait au contraire de Benoît, il savait, en bon catholique, que toute la (présumée) richesse qui le recouvrait n'était pas pour lui-même, mais pour le Vicaire du Christ.
Vous ressemblez à Judas, voleurs et traîtres, de l'épisode de l'Evangile de Jean (cf. Jn 12: 1-11), qui, sous l'excuse de la sollicitude pour les pauvres, ne se souciait que de remplir ses poches.
Lisez ce que dit Jésus, puis nous en reparlerons.
En attendant, que plus d'un parmi vous ait le courage de se poser certaines questions et, peut-être, de me donner les réponses adéquates.

Note de traduction

(*) C'est le seul point de cet article avec lequel je ne suis pas d'accord: il ne s'agissait pas de mépris.
Le mépris (selon wikipedia : émotion intensément négative à l'égard d'un individu ou groupe d'individus perçu comme inférieur ou sans intérêt) implique le sentiment de sa propre supériorité.
Il est donc impossible de ressentir du mépris pour quelqu'un dont on perçoit (tout en refusant de l'admettre) qu'il vous écrase intellectuellement et spirituellement.
Il s'agissait tout au plus de mesquinerie, de conformisme, de "suivisme" moutonnier, de bêtise, et surtout d'un complexe d'infériorité honteux (parce qu'il ne veut pas se reconnaître comme tel) dû à une totale incompréhension et se traduisant par un rejet obsessionnel.
Benoît XVI et ses adversaires ont constamment évolué dans des univers disjoints, destinés à ne jamais se renconter par volonté des seconds, qui étaient tout simplement incapables de le suivre - non pas parce qu'il les dominait par sa stature intellectuelle, que sa délicatesse ne faisait jamais sentir, mais parce qu'il avait trop d'avance sur eux. Eux raisonnent encore (peut-on parler de raisonnement?) selon les vieux schémas modernistes post-68, dont Hans Küng (et ses épigones héritiers de l'"esprit du concile", qui croient triompher aujourd'hui) est le porte-drapeau "théologique", alors que Benoît est un prophète qui voit très loin, et très juste, vivant déjà dans la post-modernité comme en témoigne par exemple le discours de Ratisbonne, où il avait compris avant tout le monde le vrai problème que l'islam pose au monde (on commence à s'en apervevoir 8 ans après.... peut-être trop tard) - et tentait de suggérer une piste pour le résoudre.

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