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Un message prosélytiste et anti-relativiste

C'est ainsi que Matteo Matzuzzi, dans Il Foglio, voit l'exposé de Benoît XVI à l'Urbanienne. Avis à François... (27/10/2014)

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La "lectio" de Benoît XVI à l'Urbanienne.

Matzuzzi semble dire qu'ici, Benoît XVI recadre, voire "corrige" le magistère de François. Après tout, "il suffit" d'oublier le mot prosélytisme.
On peut penser que la "leçon" (dans tous les sens du terme) de Benoît XVI, ne souligne pas vraiment la continuité.

     

DEUX PAPES VALENT MIEUX QU'UN
Ratzinger envoie un message prosélytiste et anti-relativiste

Matteo Matzuzzi
Il Foglio, 25 octobre 2014
Traduction Anna
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Benoît XVI, Pape émérite, descend pour un moment de la montagne sur laquelle il était monté il y a un an et demi, comme Pierre sur le Tabor, pour nous rappeler que renoncer à la vérité (avec un grand V) pour se dédier ex toto corde au dialogue interreligieux dans l'espoir de réaliser la paix dans le monde est «létal pour la foi».
Après tout, le prosélytisme a aussi quelque chose de saint, bien que le Pape régnant ne le tienne pas en grande estime. Certes, l'Eglise croît par attraction comme il [Benoît XVI] l'affirma à Aparecida il y a sept ans, devant le cardinal Bergoglio chargé de rédiger le document de la conférence latino-américaine qui devint ensuite le programme de son pontificat, mais il est aussi vrai que le Christ «confia à ses apôtres, et à travers eux aux disciples de tous les temps, la tâche d'apporter sa parole jusqu'aux confins de la terre et de faire des hommes ses disciples».

Il y a quelques jours, l'Université pontificale Urbanienne a dédié son grand amphithéâtre au théologien peritus du Concile, ainsi que préfet gardien de la foi et Souverain Pontife. Et lui, Benoît, a envoyé un message qui sonne comme une lectio magistrale établie sur un des terrains qu'il connaît le mieux, celui de Dominus Jesus, la déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, en 2000, qui déchaîna des polémiques virulentes au-dedans et en dehors de l'Eglise, y compris de la part d'illustres cardinaux dont la théologie à genoux est aujourd'hui publiquement louée.

«Aujourd'hui beaucoup sont de l'idée que les religions devraient se respecter mutuellement et dans le dialogue entre elles devenir une force commune de paix conjointe» lit-on dans l'essai 'bénédictin'. «Dans ce mode de pensée, la plupart du temps on prend pour hypothèse que les différentes religions sont les variantes d'une seule et même réalité; que la "religion" est le genre commun qui prend des formes différentes selon les différentes cultures, mais exprime toujours la même réalité». «Cette renonciation à la vérité semble réaliste et utile à la paix entre les religions dans le monde», mais «elle est mortelle pour la foi», car «elle [la foi] perd son caractère contraignant et sa gravité si tout se résume à des symboles au fond interchangeables, capables de renvoyer seulement de loin au mystère inaccessible du divin».

Bien autre chose que le Dieu non catholique, autre chose que l'ONU des religions à mettre en place selon les indications de Zapatero et Peres (cf. Le modèle de l'Antéchrist de Zapatero), immédiatement pris au mot par quelque département de la Curie désireux de nouveautés à l'ombre du Cupolone.
On élude, écrit le Pape émérite, «les questions fondamentales de la foi» au risque de mettre «entre parenthèses la question de la vérité de Dieu», présupposant «qu'elle est inaccessible et que tout au plus, on peut rendre présent ce qui est ineffable seulement par une variété de symboles».

Doctrine pure, pouvant créer ces «malentendus» dont Walter Kasper prit note méthodiquement il y a 15 ans en commentant les protestations de communautés religieuses non catholiques qui voyaient s'éteindre les petites flammes allumées à Assise au milieu des années 80. Ce n'est pas un hasard si les commentateurs américains, progressistes ou conservateurs, ont lu dans le message de Ratzinger un avertissement sévère contre la prolifération d'«idées relativistes» concernant la vérité religieuse.

Il suffit d'occulter le mot prosélytisme
, que François définit dans une de ses interviews comme une «solennelle bêtise» (solenne sciocchezza) [cf. interviewe à Scalfari]. On peut et on doit convertir, mais avec délicatesse. Et ici, la dialectique des « deux papes » renvoie à François. Ouvrir les portes de l'Eglise laissant de côté codicilles et normes, même la doctrine, si nécessaire, tant aimée par les zélés et les intellectualistes à qui François a donné une leçon samedi dernier en clôture du Synode, et regarder davantage vers les personnes, comme il l'a fait il y a des années avec une mère de Buenos Aires qui lui parlait de son fils grandi dans les quartiers des trafiquants: «Il ne va pas à la messe», dit-elle au cardinal Bergoglio, (selon ce qu'écrit Paul Vallely dans sa biographie du Pontife régnant « Pope Francis-Untying the knots», largement reprise par Newsweek). Et lui, tout de suite, demanda s'il était un brave garçon. «Oh oui, père Jorge», répondit-elle.
«Eh bien, c'est ça qui compte», conclut le futur Pape François.

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