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Peau de banane

Je reproduis sans commentaire la dernière homélie du Pape à Sainte Marthe (16/12/2014)

(...) il m’est arrivé quelque fois, en voyant un chrétien ou une chrétienne avec le cœur faible et si rigide, de demander au Seigneur : "jette-lui une peau de banane, afin qu’il fasse une belle glissade, qu’il enrage d’être pécheur et ainsi puisse Te rencontrer, Toi qui es le Sauveur".

Les habituels FOB (*) la passeront sous silence ou l'évacueront rapidement, parce qu'elle est franchement gênante.
Une amie a attiré mon attention sur elle.
Je vois que Matteo Matzuzzi lui consacre un article sur Il Foglio. Lui aussi sans commentaire. Je pense qu'il est perplexe, pour ne pas dire interloqué.
En réalité, tout commentaire est superflu.

(*) Fans of Bergoglio

     

Lors de son homélie dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe ce lundi matin, le Pape est revenu sur l’hypocrisie des chefs des prêtres du Temple dans lequel Jésus était entré, et qui lui demandaient d’où il tenait son autorité. « La vérité ne les intéressait pas, a souligné le Pape, ils cherchaient juste leur intérêt et allaient dans le sens du vent, comme des girouettes. Ces chefs des prêtres négociaient tout : la liberté intérieure, la foi, la patrie, tout sauf les apparences, a poursuivi François, c’étaient des opportunistes à qui importaient de toujours bien se sortir des situations difficiles ».

Le Pape a expliqué que ces personnes étaient fortes, montraient leurs vertus d’observance de la loi, mais seulement de l’extérieur. En réalité, ils ne savaient pas en quoi croire et avaient un cœur faible, qui allait d’un côté comme de l’autre. « Jésus au contraire nous enseigne que le chrétien doit avoir un cœur fort, solide, un cœur qui grandit sur le roc qui est le Christ, et qui avance avec prudence. On ne négocie pas le cœur, on ne négocie pas ce roc qui est le Christ ! ».

Jésus « n’a jamais négocié son cœur de Fils, a poursuivi le Saint-Père, son cœur était si ouvert aux gens, de trouver un chemin pour les aider ». Mais les chefs des prêtres répondaient que la doctrine, la discipline empêchaient de le faire, selon eux la loi était sacrée. Pour illustrer ses propos, le Pape a pris l’exemple de son prédécesseur Pie XII qui a assoupli la règle du jeûne eucharistique : « certains d’entre vous s’en souviennent peut-être : on ne pouvait même pas boire une goutte d’eau ! Mais quand Pie XII a changé la discipline, tant de Pharisiens ont crié à l’hérésie, se sont scandalisés ! En réalité, Pie XII a fait comme Jésus, il avait vu le besoin des gens » (1).

Tel est donc le drame de tous ces gens hypocrites et opportunistes. Le Pape a ainsi mis en garde contre cette tentation dans nos vies et a fait cette confession : « il m’est arrivé quelque fois, en voyant un chrétien ou une chrétienne avec le cœur faible et si rigide, de demander au Seigneur : "jette-lui une peau de banane, afin qu’il fasse une belle glissade, qu’il enrage d’être pécheur et ainsi puisse Te rencontrer, Toi qui es le Sauveur". Tant de fois un péché nous met en colère et nous fait rencontrer le Seigneur, qui nous pardonne, comme les malades qui étaient là et allaient vers Jésus pour guérir ».

François a conclu son homélie en demandant au Seigneur « la grâce que notre cœur soit simple, lumineux de la vérité de Celui qui nous la donne, afin que nous puissions aimer, pardonner, être compréhensifs avec les autres, miséricordieux, et surtout de ne jamais condamner. Demandons au Seigneur la grâce qu’il nous donne cette lumière intérieure, qui nous convainc que seul Lui est le rocher et non toutes nos histoires que nous estimons importantes. C’est le Seigneur qui nous montre le chemin, qui élargit le cœur pour que puissent y entrer les problèmes de tant de gens, c’est Lui qui nous donne une grâce que les chefs des prêtres du temps de Jésus n’avaient pas : la grâce de se sentir pécheur ».

* * *

(1) Il faudrait sans doute revenir au texte original que Radio Vatican a apparemment pris soin de "nettoyer", mais ce que dit Matzuzzi est encore pire:

François cite Pie XII , qui «nous a libérés de la croix si lourde du jeûne eucharistique: on ne pouvait même pas boire une goutte d'eau. Même pas! Et pour se brosser les dents, il fallait s'assurer qu'on n'avait pas avalé d'eau. Mais moi même, enfant, je suis allé me confesser pour avoir communié, parce que je croyais qu'une goutte d'eau avait coulé à l'intérieur. C'est vrai ou pas? C'est vrai. Quand Pie XII a changé les règles, "Ah, hérésie! Non! Il a touché la discipline de l'Église!" - beaucoup de pharisiens ont été scandalisés. Beaucoup. Parce que Pie XII avait fait comme Jésus: il a vu le besoin des gens. "Mais les pauvres gens, par cette chaleur!". Ces prêtres qui disaient trois messes, la dernière à une heure après midi, à jeun. La discipline de l'Église. Et ces pharisiens étaient ainsi - "notre discipline" - rigides dans la peau, mais, comme le dit Jésus, "pourris dans le coeur", faibles, faibles jusqu'à la pourriture. Ténèbreux dans leur coeur».