Page d'accueil

Benoît XVI à l'hopital romain de l'Ordre de Malte

le 2 décembre 2007, premier dimanche de l'Avent, au lendemain de la parution de Spe Salvi. Son homélie n'avait pas encore été traduite en français. Et un petit bijou en video à revoir... (6/12/2014)

Le 2 décembre 2007, Benoît XVI se rendait à l'hôpital romain "San Giovanni Battista", appartenant à l'Ordre de Malte et spécialisé dans le traitements des affections neurologiques. Après avoir célébré la messe, il visitait l'unité de réanimation, une structure à l'avant-garde dans le traitement des patients en phase de réveil du coma (détails ici: eucharistiemisericor.free.fr)

Dans l'homélie, le Pape présentait sa seconde Encyclique, Spe Salvi, qui venait tout juste d'être publiée.
Il revenait sur la signification du temps de l'Avent, et rendait longuement hommage aux Oeuvres de charité de l'Ordre de Malte - revenu au premier plan de l'actualité ecclésiale depuis qu'on sait que le cardinal Burke va en devenir le "Patron".

Raffaella vient de mettre en ligne la video de la messe: youtu.be/PLkG9-cPAmA .
Cherchant le texte de l'homélie sur le site du vatican, je m'aperçois qu'elle y est traduite dans les langues habituelles... mais pas en français.
Je ne l'avais pas fait non plus à l'époque (*)
C'est pour moi un plaisir de réparer aujourd'hui cette lacune.

Homélie

Chers frères et sœurs!

«Allons avec joie à la rencontre du Seigneur».
Ces mots, que nous avons répétés dans le refrain du Psaume responsorial expriment bien les sentiments qui remplissent nos cœurs aujourd'hui, premier dimanche de l'Avent. La raison pour laquelle nous pouvons aller de l'avant avec joie, comme nous a exhortés à le faire l'apôtre Paul, est dans le fait que notre salut est désormais proche. Le Seigneur vient! Avec cette connaissance, nous entreprenons l'itinéraire de l'Avent, nous préparant à célébrer avec foi l'événement extraordinaire de la Natalité du Seigneur. Au cours des prochaines semaines, jour après jour la liturgie offrira à notre réflexion des textes de l'Ancien Testament qui rappellent ce vif et constant désir qui a maintenu vivante dans le peuple juif l'attente de la venue du Messie. Vigilant dans la prière, nous cherchons nous aussi à préparer nos cœurs pour recevoir le Seigneur qui viendra nous montrer sa miséricorde et nous donner son salut.

Rrécisément parce que temps d'attente, l'Avent est un temps d'espérance, et à l'espérance chrétienne, j'ai voulu consacrer ma deuxième Encyclique officiellement présentée avant-hier: elle commence avec les paroles adressées par saint Paul aux chrétiens de Rome: «Spe Salvi facti sumus - dans l'espérance nous avons été sauvés»(8:24).
Dans l'Encyclique, j'écris entre autres choses que « nous avons besoin des espérances – des plus petites ou des plus grandes – qui, au jour le jour, nous maintiennent en chemin. Mais sans la grande espérance, qui doit dépasser tout le reste, elles ne suffisent pas. Cette grande espérance ne peut être que Dieu seul, qui embrasse l'univers et qui peut nous proposer et nous donner ce que, seuls, nous ne pouvons atteindre» (§31).

Que la certitude que seul Dieu peut être notre espérance inébranlable nous anime tous, qui sommes rassemblés ce matin en cette maison dans laquelle vous luttez contre la maladie, soutenus par la solidarité. Et je voudrais profiter de ma visite à votre hôpital, géré par l'Association italienne de l'Ordre Souverain Militaire de Malte, pour remettre idéalement l'encyclique à la communauté chrétienne de Rome et, en particulier, à ceux qui, comme vous, sont en contact direct avec la souffrance et la maladie. C'est un texte que je vous invite à explorer, pour y trouver les raisons de cette «espérance fiable, en vertu de laquelle nous pouvons affronter notre présent: le présent, même un présent pénible..» (§1).

Chers frères et sœurs, «que le Dieu de l'espérance qui nous remplit de toute joie et toute paix dans la foi en la puissance de l'Esprit Saint, soit avec vous tous!».
Avec ce souhait que le prêtre adresse à l'Assemblée au début de la messe, je vous salue cordialement. Saluts, en premier lieu, au cardinal vicaire Camillo Ruini et au cardinal Pio Laghi, Patron de l'Ordre Souverain Militaire de Malte, aux évêques et aux prêtres présents, aux aumôniers et religieuses qui donnent leur service ici.
Je salue respectueusement Son Altesse Eminentissime Fra'Andrew Bertie, Prince et Grand Maître de l'Ordre Souverain Militaire de Malte, que je remercie pour les sentiments exprimés au nom de la Direction, du personnel administratif, du personnel médical et infirmier et de tous ceux qui, de diverses façons exercent leur travail dans l''hôpital. J'étends mon salut aux éminentes Autorités, avec une pensée particulière pour le Directeur de la Santé ainsi que pour le représentant des malades, à qui j'adresse mes remerciements pour les paroles qu'il m'a adressées au début de la célébration.

Mais le salut le plus affectueux est pour vous, chers malades et pour les membres de votre famille, qui partagent vos angoisses et vos espoirs.
Le Pape est spirituellement proche de vous et vous assure de sa prière quotidienne; il vous invite à trouver en Jésus soutien et réconfort et à ne jamais perdre confiance.
La liturgie de l'Avent nous répétera tout au long des prochaines semaines de ne pas nous lasser de l'invoquer; il nous exhortera à aller à sa rencontre, sachant qu'il vient Lui-même en permanence nous visiter. Dans l'épreuve et dans la maladie, Dieu nous visite mystérieusement, et si nous nous abandonnons à sa volonté, nous pouvons expérimenter la puissance de son amour. Les hôpitaux et les maisons de soins, justement parce qu'elles sont habitées par des personnes éprouvées par la douleur, peuvent devenir des lieux privilégiés pour témoigner de l'amour chrétien qui alimente l'espérance et inspire des résolutions de solidarité fraternelle. Dans la Collecte, nous avons prié ainsi: «Ô Dieu, suscite en nous la volonté d'aller, par les bonnes œuvres , à la rencontre de Ton Christ qui vient». Oui! Ouvrons nos cœurs à chaque personne, en particulier si elle est en difficulté, car en faisant du bien à ceux qui en ont besoin nous nous préparons à accueillir Jésus qui en eux vient nous visiter.

C'est ce que vous, chers frères et sœurs, essayez de le faire dans cet hôpital, où au centre des préoccupations de tous, il y a l'accueil aimant et qualifié des patients, la protection de leur dignité et l'engagement à améliorer leur qualité de vie.
L'Eglise, à travers les siècles, s'est rendue particulièrement «proche» de ceux qui souffrent. Votre distingué Ordre Souverain Militaire de Malte a choisi de partager cet esprit: dès le début, il s'est consacré à l'assistance des pèlerins en Terre Sainte, à travers un Hospice-Infirmerie. Tandis qu'il poursuivait son objectif de défense de la chrétienté, l'Ordre Souverain Militaire de Malte se prodiguait dans le soin des malades, en particulier les pauvres et les exclus. Cet hôpital est aussi un témoignage de cet amour fraternel: ayant vu le jour dans les années 70 du siècle dernier, il est devenu aujourd'hui aujourd'hui un centre de haut niveau technologique et une maison de la solidarité, où à côté du personnel de santé oeuvrent avec un généreux dévouement de nombreux bénévoles.

Chers Chevaliers de l'Ordre Souverain Militaire de Malte, chers médecins, infirmières et tous ceux qui travaillent ici, vous êtes tous appelés à rendre un service important pour les malades et pour la société, un service qui exige abnégation et esprit de sacrifice. Dans chaque malade, quel qu'il soit, sachez reconnaître et servir le Christ lui-même; faites-lui percevoir avec vos gestes et vos paroles, les signes de Son amour miséricordieux. Pour mener à bien cette «mission», cherchez, comme saint Paul nous le rappelle dans la deuxième lecture, à «revêtir les armes de la lumière» ( Rm 13, 12), qui sont la Parole de Dieu, les dons de l'Esprit, la grâce des Sacrements , les vertus théologales et cardinales; luttez contre le mal et abandonnez le péché qui obscurcit notre existence.
Au début d'une nouvelle année liturgique, renouvelons nos bonnes résolutions de vie évangélique. «c'est l'heure de nous réveiller enfin du sommeil» ( Rom 13:11), exhorte l'Apôtre; il est temps, autrement dit, de se convertir, de secouer la léthargie de péché, pour nous préparer avec confiance à accueillir «le Seigneur qui vient». Pour cette raison, l'Avent est un temps de prière et d'attente vigilante.

A la «vigilance», qui d'ailleurs est le mot clé de cette période liturgique, le passage évangélique qui vient d'être proclamé nous exhorte: «Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur viendra» ( Mt 24,42). Jésus, qui est venu parmi nous à Noël et reviendra dans la gloire à la fin des temps, ne se lasse pas de nous rendre visite constamment dans les événements quotidiens. Il nous demande et nous avertit de l'attendre en veillant, puisque sa venue ne peut être programmée ou pronostiquée, mais sera soudaine et imprévisible. Seuls ceux qui sont en alerte ne sont pas pris par surprise. Qu'il ne vous arrive pas, prévient-il, ce qui est arrivé à l'époque de Noé, quand les hommes mangeaient et buvaient avec insouciance et ont été pris au dépourvu par l'inondation (cf. Mt 24,37-38). Qu'est-ce que le Seigneur veut nous faire comprendre avec cet avertissement, sinon que nous ne devons pas nous laisser être absorbés par les réalités et les préoccupations matérielles, au point d'être pris au piège par elles?

«Veillez donc ...». Écoutons l'invitation de Jésus dans l'Evangile et préparons-nous à revivre avec foi le mystère de la naissance du Rédempteur, qui a remplit l'univers de joie; préparons-nous à accueillir le Seigneur venant constamment à nous dans les événements de la vie, dans la joie et dans la douleur, dans la maladie et dans la santé; préparons-nous à le rencontrer dans sa venue définitive. Son passage est toujours une source de paix et, si la souffrance, héritage de la nature humaine, devient parfois presque insupportable, avec l'avènement du Sauveur «la souffrance - sans cesser d'être souffrance - devient malgré tout chant de louange» (Enc. Spe Savi, §37). Réconfortés par ces mots, poursuivons la célébration eucharistique, en invoquant sur les malades, sur leur famille et sur ceux qui travaillent dans cet hôpital et sur l'Ordre des Chevaliers de Malte tout entier, la protection maternelle de Marie, Vierge de l'attente et de l'espérance.

© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana, pour la version en italien; ma traduction.

     

(*) C'était au moment de la communion, ce dimanche 2 décembre 2007.

La communion, c'est un moment très intime, et j'évite en général d'en reproduire les images.
Mais ici, regardant le "direct" sur KTO, j'avais été extrêmement émue par l'attitude de certains malades, pour qui le fait de recevoir l'hostie des mains du Saint-Père représentait manifestement quelque chose de bouleversant, et d'extraordinaire. On voit très bien le geste d'un homme qui lui envoie un baiser avec le doigt. Et il n'était pas le seul...
J'ai trouvé ces images sur le site de Fotografia Felici. Je les trouve plus éloquentes que tout.
On voit bien que l'émotion de ces gens avait décuplé leur ferveur.

J'avais fait une petite video (que l'on retrouve dans celle postée par Raffaella):