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Benoît XVI et l'écologie (1)

Rappel du discours de voeux à la Curie de décembre 2008 (11/11/2014)

     

Dans l'avion de retour de Corée, le 18 août dernier, répondant aux questions des journalistes, François a annoncé la publication prochaine d'une encyclique sur l'environnement.
Voici ses propos... dans son langage inimitable! (w2.vatican.va)

Cette Encyclique… J’ai parlé beaucoup avec le Cardinal Turkson et avec d’autres, et j’ai demandé au Cardinal Turkson de recueillir toutes les contributions qui sont arrivées. Et avant le voyage, une semaine auparavant, non, quatre jours avant, le Cardinal Turkson m’a remis la première mouture. La première mouture est grosse comme ça… Je dirais que ça dépasse d’un tiers le volume d’Evangelii gaudium ! C’est la première mouture. Mais à présent, c’est un problème pas facile, parce que sur la sauvegarde de la création, l’écologie, l’écologie humaine aussi, on peut parler avec une certaine assurance jusqu’à un point donné. Puis, arrivent les hypothèses scientifiques, dont quelques unes sont sûres, d’autres non. Et une Encyclique de ce genre, qui doit être magistrale, doit se fonder seulement sur les certitudes, sur les choses qui sont sûres. Parce que, si le Pape dit que le centre de l’univers est la terre et non le soleil, il se trompe, parce qu’il dit une chose qui doit être scientifique ; et ainsi, ça ne va pas. C’est ce qui se passe maintenant. Nous devons étudier, numéro par numéro ; et je crois qu’elle deviendra plus petite. Mais, on ira à l’essentiel et à ce qui peut s’affirmer avec certitude. On peut dire en note de pied de page, « sur ce point, il y cette hypothèse, celle-ci, celle-là… », le dire comme information, mais pas dans le corps d’une Encyclique, qui est doctrinale et doit être sûre.

Sur l'écologie humaine, le Pape pourra largement s'inspirer du magistère de son prédécesseur!
Benoît XVI a très souvent abordé le sujet de l'environnement, au point que les médias, soucieux de le recruter pour leur combat ambigu, qui est celui de l'écologisme politique et du mondialisme, l'ont appelé "le Pape vert"!
Nous y reviendrons.

Lors des voeux à la Curie Romaine du 23 décembre 2008, il avait clairement essayé de lever les équivoques sur ce sujet (j'avais traduit ce passage):

     

(...)
Il y a avant tout l'affirmation qui nous arrive dès le début du récit de la création: on y parle de l'Esprit créateur qui flotte sur les eaux, crée le monde et le renouvelle continuellement.
La foi dans l'Esprit créateur est un contenu essentiel du Credo chrétien. Le fait que la matière porte en soi une structure mathématique, est rempli de l'esprit, c'est le fondement sur lequel reposent les sciences de la nature modernes.
Ce n'est que parce que la matière est structurée de manière intelligente, que notre esprit est en mesure de l'interpréter et de la remodeler activement. Le fait que cette structure intelligente provienne du même Esprit créateur qui nous a donné l'esprit à nous aussi, comporte à la fois un devoir et une responsabilité.

Dans la foi liée à la création, c'est le fondement ultime de notre responsabilité envers la terre. Elle n'est pas simplement notre propriété que nous pouvons exploiter selon nos intérêts et nos désirs. Elle est plutôt don du Créateur qui en a dessiné les systèmes intrinsèques et avec eux nous a donné les signaux d'orientation auxquels nous conformer comme administrateurs de sa création. Le fait que la terre, le cosmos, reflètent l'Esprit créateur, signifie aussi que leurs structures rationnelles qui, au-delà de l'ordre mathématique, deviennent presque palpables à l'expérience , portent en elles-mêmes une orientation éthique. L'Esprit qui les a modelées, est plus que des mathématiques - c'est le Bien en personne qui, au moyen du langage de la création, nous indique le chemin de la vie juste.

Puisque la foi dans le Créateur est une partie essentielle du Credo chrétien, l'Église ne peut pas et ne doit pas se limiter à ne transmettre à ses fidèles que le message du salut.
Elle a une responsabilité pour le créé et doit aussi faire valoir cette responsabilité en public.
Et en le faisant elle doit défendre non seulement la terre, l'eau et l'air comme dons de la création appartenant à tous. Elle doit aussi protéger l'homme contre sa propre destruction.

Il est nécessaire qu'il y ait quelque chose comme une écologie de l'homme, comprise dans le sens juste.
Ce n'est pas une métaphysique dépassée, si l'Église parle de la nature de l'être humain comme homme et femme et demande que cet ordre de la création soit respecté.
Ici, il s'agit de fait de la foi dans le Créateur et de l'écoute du langage de la création, dont le mépris serait une auto-destruction de l'homme et donc la destruction de l'oeuvre même de Dieu.
Ce qui souvent est exprimé et entendu avec le terme « gender », se ramène en définitive à une auto-émancipation de l'homme du créé et du Créateur.
L'homme veut se faire tout seul et disposer toujours davantage, et exclusivement tout seul, de ce qui le concerne. Mais de cette façon il vit contre la vérité, il vit contre l'Esprit créateur.

Oui, les forêts tropicales méritent notre protection, mais l'homme comme créature, dans laquelle est inscrit un message qui ne signifie pas contradiction de notre liberté, mais sa condition, ne la mérite pas moins.