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L'homme de l'année du Remnant

C'est François, évidemment... mais pour d'autres raisons que celles habituellement invoquées pour justifier ce genre de disctinction (7/1/2015)

Préambule nécessaire

Anna a traduit ce réquisitoire sévère du site catholique conservateur "The Remnant" que nous avons récemment rencontré dans ces pages (cf. benoit-et-moi.fr/2014-II/actualites/conte-de-nol-une-messe-dans-le-deser).
Je dis "sévère", mais pas fantaisiste: l'auteur argumente soigneusement chacune de ses critiques, renvoyant toutes à des faits vérifiables sur internet (je n'ai pas reproduit les liens, que l'on trouvera sur le site).
Comme je l'ai déjà dit à plusieurs reprises en publiant d'autres textes potentiellement polémiques, on n'est pas obligés d'être d'accord.
Mais trouver bien et admirable tout ce que fait et dit ce pape sous prétexte pour certains qu'il est simplement... le pape, pour d'autres que son attitude croise leur "agenda", c'est cacher la vérité
dont la recherche devrait être pourtant le but de chaque homme de bonne volonté, catholique ou non.
Parmi les "faiseurs d'opinion" (intellectuels, politiques, journalistes) j'imagine que certains sont arrivés aux mêmes conclusions, mais leur position au sein du système (comme on le voit avec Messori) leur impose une forme d'auto-censure. Rares sont ceux (comme Antonio Socci ou Alessandro Gnocchi/Mario Palmaro) qui osent s'en affranchir.
C'est donc le privilège des blogueurs moins connus de s'exprimer plus librement.

Précisons que, du temps de Benoît XVI, un tel argumentaire (inversé!) aurait fait (a fait, en réalité: que l'on pense à certaine "théologienne", à certain "spécialiste du fait religieux" qui pouvaient s'exprimer jusque sur Radio Vatican!) - le tour des médias mainstream, avec la bénédiction de la plupart des clercs, au nom de la liberté d'expression, invoquant le fait que, le Pape (lire: Benoît XVI) étant un homme public, il était normal qu'il soit la cible de critiques.

     

L'HOMME DE L'ANNÉE DU REMNANT
Christopher A. Ferrara
remnantnewspaper.com
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Le titre d'Homme de l'Année accordé par les médias à une «Personnalité de l'Année» de l'un ou l'autre sexe, reflète l'impact qu'une figure publique a eu dans les événements du monde pendant l'année précédente. Il était donc compréhensible, voire prévisible, que Time, premier magazine d'information du monde, et The Advocate, la plus importante publication homosexualiste du monde, nomment le Pape François «Personne de l'Année» 2013.

Le monde comprend, même si la plupart des catholiques l'ont oublié, que l'Eglise catholique est le dernier rempart contre l'apostasie terminale de la civilisation, à laquelle les pouvoirs ont travaillé pendant presque trois siècles. Avec ses mots que les foules aiment, les gestes et les coups publicitaires que le Pape Francois fournit presque quotidiennement, et que les médias claironnent promptement au détriment de ses prédécesseurs et de l'image de l'Eglise, les faiseurs de l'opinion mondiale voient leur dernière meilleure occasion pour mettre l'Eglise, une fois pour toutes, hors d'état de nuire. Les médias reconnaissent que ce Pape, quelles que soient ses intentions, est déterminé à compléter, 'per impossible', l'auto-démolition ecclésiale trop tard déplorée par Paul VI au milieu de la folle et catastrophique «ouverture au monde» du Concile Vatican II.


Dans la perspective catholique traditionnelle de ce journal, le Pape François est toutefois l'Homme de l'Année pour une raison différente: les conséquences involontaires de son pontificat de plus en plus alarmant. Autrement dit que l'«effet François» réveille finalement beaucoup de catholiques hors des cercles traditionalistes à l'affreuse réalité de la révolution post-conciliaire dans l'Eglise, les mettant en face d'une crise que les «normalistes» ne peuvent plus longtemps cacher derrière leurs interprétations émasculatrices des événements. De ce réveil un exemple est donné par le commentaire mordant d'une catholique, justement préoccupée, Dena Hunt (1) une convertie et une romancière, dans le contexte de l'encyclique sur le «changement climatique», déjà annoncée par les médias comme la nouvelle avancée de la «révolution de François». Sous le titre "Je suis préoccupée", elle écrit (www.staustinreview.com):

«Je regrette que notre actuel Saint Père s'exprime avec tant de force sur des matières où on ne s'attend pas qu'il ait plus de compétence que n'importe qui. En ce qui concerne son image, je ne suis pas vraiment intéressée par la couleur de ses chaussures, dans quel genre de voiture il se promène, ou l'endroit où il choisit d'avoir son ménage… Rien n'est plus séduisant que la flatterie et les applaudissements, surtout de la part d'une presse inconstante et avide de sensations, et rien n'est plus fatal à nos âmes que la vanité… Je présume que des "encycliques" sur d'autres sujets peuvent être écrites n'importe où, pourvu qu'on ait les chaussures d'une couleur politiquement correcte»

Comme le suggèrent ces sentiments, l'impact le plus significatif de François se révèle être, non ce que le monde applaudit, mais son involontaire manifestation que la révolution est allée top loin, qu'il est temps de revenir au point où l'élément humain de l'Eglise s'est écarté de la voie de la Tradition pour poursuivre un imaginaire «renouveau», et rien n'est plus urgent maintenant que de récupérer ce qui a été perdu pendant cette expérience de nouveauté que François semble déterminé à poursuivre jusqu'au bout, selon le «rêve» énoncé dans son manifeste personnel Evangelii Gaudium.

«Je rêve d'une "option missionnaire", c'est à dire un élan missionnaire capable de tout transformer, de sorte que les coutumes de l'Eglise, les façons de faire les choses, les temps et les horaires, la langue et les structures soient dûment orientés vers l'évangélisation du monde d'aujourd'hui plutôt qu'à sa propre auto-préservation» (ndt: §27; la traduction officielle en français est légèrement différente )

C'est ce progressisme sans bornes, dégagé de toute vénération pour ce que l'Eglise a transmis dans sa «façon de faire les choses» au cours des siècles, qui explique l'«effet François», lui gagnant l'adulation sans fin du monde. En moins de deux ans, nous avons assisté à ces «réalisations» du pontificat de Bergoglio:

  • un dédain sans précédents des vêtements, usages et protocole traditionnels de la papauté, avec le résultat que les médias exaltent l'«humilité» de François au détriment de ses prédécesseurs, y compris les saints canonisés qui ont honoré ces mêmes traditions comme dûes à la sacralisé de l'office du Vicaire du Christ;
  • d'autres démonstrations ostentatoires d'«humilité» toujours devant les caméras (dîner avec les employés du Vatican dans la cafétéria, «selfies» avec des gens de la foule, aller en bus à la retraite annuelle; porter sa propre serviette noire dans les avions, etc.), que les médias exploitent comme reflets défavorables sur les Papes précédents;
  • la honteuse déclaration «Qui suis-je pour juger?», respectant les «personnes gays» dans le sacerdoce catholique, créant l'impression d'une toute nouvelle «ouverture» aux «personnes gays» dans l'Eglise, qu'il n'a jusqu'ici rien fait pour contrer mais a en revanche continué de cultiver, comme lors du Synode sur «la Famille», géré par lui;
  • de nombreuses interviews et conversations hétérodoxes, scandaleuses et déroutantes avec des journalistes, y compris l'athée doctrinaire Eugenio Scalfari, que la maison d'édition du Vatican a récemment, avec l'approbation de François, publié sous forme de livre, confondant toutes les tentatives de ses défenseurs qui prétendaient qu'il était mal cité ou mal compris;
  • les attaques publiques continues contre des fidèles que François accuse de «se sentir supérieurs aux autres car ils observent certaines règles ou restent fidèles de manière intransigeante à un style catholique spécifique du passé», de rechercher «une 'sécurité' doctrinaire exagérée», d'avoir une «préoccupation ostentatoire pour la liturgie, pour la doctrine et le prestige de l'Eglise», et d'exhiber une «prétendue solidité de doctrine et discipline qui conduit au contraire à un élitisme narcissique et autoritaire...;
  • un mépris ouvert de la liturgie traditionnelle de l'Eglise, que François rejette comme «une sorte de mode», à laquelle des gens sont «dépendants»;
  • le démembrement brutal des Frères Franciscains de l'Immaculée, à cause de leur attachement à la Messe Latine rationnelle et leur «dérive traditionnelle», ainsi que le ciblage des Soeurs de l'Immaculée pour un destin similaire sous le couvert d'une «Visite Apostolique» totalement injustifiée conduite par des religieuses modernistes;
  • la chaleureuse embrassade avec des Ministres protestants et des télé-évangélistes comme «frères» que François déclare ne «pas être intéressé» à convertir, même s'ils volent des millions de brebis du troupeau catholique qui lui est confié, comme ils l'ont fait partout dans une Amérique Latine qui est de jour en jour moins catholique;
  • l'étonnante déclaration que c'est «pécher contre la volonté de Jésus» que de mettre l'accent sur les différences doctrinaires de l'Eglise avec les Protestants parce que «notre baptême commun est plus important que nos différences» - écartant ainsi effectivement tout enseignement du Magistère et les anathèmes infaillibles de l'Eglise sur les erreurs de Luther et les autres sectes protestantes;
  • une défense obstinée de l'Islam, contraire à toute l'histoire des persécutions des Chrétiens qui continue aujourd'hui, et qui comprend la déclaration de François dans Evangelii Gaudium que «l'islam authentique et une lecture correcte du Coran sont opposées à toute forme de violence», une affirmation qu'il n'a absolument pas la compétence de faire;
  • une défense de l'Islam contre l'affirmation qu'il promeut par sa nature la violence contre les «infidèles»: «Vous ne pouvez pas dire cela, comme vous ne pouvez pas dire que tous les Chrétiens sont fondamentalistes. Nous en avons notre portion (de fondamentalistes). Toutes les religions ont ces petits groupes», suggérant ainsi que les traditionaliste catholiques romains ou protestants fanatiques sont sur le même plan que les fanatiques musulmans...
  • l'invitation adressée à un imam musulman de «prier pour la paix» dans le jardins du Vatican, lequel, citant le Coran en présence de François a demandé à Allah «de nous accorder la victoire sur les infidèles» (i.e. les non Musulmans), à la suite de quoi une violence d'énormes proportions a éclaté dans le conflit Israelo-Palestinien ainsi que la sauvage persécution musulmane des chrétiens en plusieurs nations;
  • le ridicule «Match de football pour la paix», organisé personnellement par François, durant lequel des bannières 'gay pride' furent exhibées et une diva adolescente argentine chanta l'hymne de John Lennon Imagine, qui invoque la fin de toutes les religions, tandis qu'un groupe d'enfants autour d'elle la regardaient en adoration;
  • la prière à côté d'un Imam dans la Mosquée Bleue à Istanbul, alors qu'au même moment des Chrétiens étaient pendus, brulés vivants, décapités, violés, réduits en esclavage et chassés de leurs maisons dans les nations musulmanes, et que l'imam avec lequel François priait et ses homologues dans le monde refusaient de condamner les atrocités perpétrées par des musulmans fanatiques;
  • le refus d'intervenir pour demander la liberté de Mariam Ibraheem Ishag, la convertie au catholicisme condamnée à mort par la dictature islamique du Sudan pour «apostasie», pendant que des chefs religieux et groupes de défense de droit des hommes dans le monde ont milité, avec succès, pour sa libération;
  • le silence et l' inaction face aux lettres d'appel d'Asia Bibi, condamnée à mort pour «blasphème» par le régime islamique du Pakistan, alors que le Pape Benoît XVI avait publiquement demandé l'abandon de toutes poursuites contre elle et que même le Patriarche de l'Eglise Orthodoxe a récemment fait une déclaration officielle affirmant que «nos millions de brebis unissent leur voix à celle d'un grand nombre de gens dans le monde demandant de sauver la vie de cette femme chrétienne» et demandant au Président du Pakistan de lui accorder le pardon;
  • la promotion obstinée des erreurs du Cardinal Kasper, y compris sa folle proposition d'admettre des adultères publics à la Sainte Communion, ce que François a lui-même permis quand il était Archevêque de Buenos Aires;
  • un synode sur «la Famille» qui comme prévu s'est transformé en une attaque à la famille, y compris une «ouverture» aux gays et aux adultères publiques dans le malheureux rapport de mi-synode, approuvé par François et distribué à la Presse avant que les Pères synodaux l'aient même vu, suscitant une rébellion des évêques et même des cardinaux contre les manipulations du synode;
  • une introduction au «Dieu des surprises» durant une jérémiade contre les 'traditionalistes' après que les Pères synodaux aient refusé le rapport de mi-synode et n'aient pas adopté, dans le rapport final, un langage suggérant l'adoption d'une ouverture aux gays et la Sainte Communion aux adultères publiques;
  • le maintien des textes synodaux rejetés, pour être utilisés au synode de 2015, malgré la non approbation des Pères Synodaux;
  • s'être immiscé dans les questions internationales afin de faciliter une échange défavorable de prisonniers entre les Etats Unis et la dictature communiste de Cuba, qui n'a rien apporté aux catholiques persécutés de Cuba, qui en ce moment subissent un répression de la part du gouvernement, mais qui a permis à Barak Obama de déclarer la normalisation avec Cuba, dont lui et Raoul Castro on remercié François;
  • des gestes petits mais symboliques, comme se mettre un nez de clown, sauter pour attraper une balle de baseball lancée de la foule (qui a fait s'envoler sa calotte), déposer un ballon de plage des JMJ sur l'autel historique de Marie dans la Basilique de Sainte Marie Majeure, a côté du tabernacle (devant lequel il ne fit aucun geste de révérence), finalement mainetenu en place avec un t-shirt des mêmes JMJ parce que le ballon roulait;
  • la «révolution de François» en général, reflétée dans la peur qu'il a exprimée de «rester enfermé dans des structures qui nous donnent un faux sentiment de sécurité, dans des règles faisant de nous des juges sévères, dans des habitudes qui font sentir en sécurité»...

Pour ces raisons et d'innombrables autres du même type, le Pape François est l'Homme de l'Année 2014 du journal The Remnant.
Sans le vouloir, François montre le résultat final d'une trajectoire qui a commencé avec le Concile ... [et qui s'est ensuite traduit par] l'effondrement rapide des vocations religieuses et la diffusion de l'apostasie des fidèles laïques.

Avec François nous approchons du point final de la trajectoire: la fusion de facto de la plus grande partie de l'élément humain de l'Eglise avec le monde, auquel l'Eglise s'est «ouverte», avec le Pape qui sert de médiateur respecté pour la diplomatie du monde, la justice sociale et des relation pacifiques entre les hommes de toutes religions ou sans religion, alors que la mission de l'Eglise de faire des disciples dans toutes les nations est définitivement abandonnée par ceux qui sont divinement chargés de la réaliser.

Comme l'a déclaré Obama à la télévision nationale en remerciant François d'avoir aidé à négocier l'«avancée» qui a donné aux dictateurs communistes de Cuba tout ce qu'ils voulaient en échange de presque rien, laissant les catholiques de Cuba toujours fermement sous leur joug: «Je veux remercier Sa Sainteté le Pape François, dont l'exemple moral nous montre l'importance de poursuivre le monde comme il devrait être, plutôt que de s'adapter simplement au monde comme il es».
Un tel éloge au Pape par un tel homme, pour une telle raison ne peut pas manquer d' éveiller les catholiques sérieux à la gravité presque apocalyptique de notre situation.

Et c'est précisément pourquoi François doit été considéré comme notre homme de l'année. Car, alors que commence la nouvelle année, nous pouvons avoir la certitude de foi que Dieu tire déjà bien immense de la catastrophe de ce pontificat, de plus en plus de catholiques se détournant avec horreur de la révolution destructrice qu'elle représente, en regardant une fois de plus vers la tradition et l'héritage des grands papes qui ont travaillé si héroïquement pour défendre l'Église contre ce qui l'attaque aujourd'hui avec un abandon insouciant.

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NDT:
(1) Dena Hunt a enseigné l'anglais à l'Université de la Nouvelle-Orléans jusqu'à sa conversion au christianisme en 1984. Suite à sa réception dans l'Église catholique romaine, elle retourna dans sa Géorgie natale pour enseigner dans les lycée ruraux. Ce ne est qu'après sa retraite et un pèlerinage en Angleterre en 2006 qu'elle a commencé à écrire. Depuis, elle a publié de nombreux récits, essais et articles (source).

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