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Messori répond à Boff

L'intellectuel catholique italien répond sur le ton de l'ironie aux accusations caricaturales de "l'éco-théologien" brésilien qui se pose même en conseiller du Pape pour l'encyclique annoncée sur l'écologie! (7/1/2014)

>>> L'article du 24 décembre: benoit-et-moi.fr/2014-II/actualites/franois-ce-que-dit-messori

La tribune de Vittorio Messori dans Il Corriere du 24 décembre dernier, n'en finit pas de faire des vagues. Arès l'attaque surréaliste de Leonardo Boff, les derniers épisodes sont un article musclé de Sebastiano Mallia responsable internet du site de Vittorio Messori (à lire sur le site Papale papale), et bien sûr, la réponse de Messori lui-même, dans le Corriere, reproduite sur son site personnel, qu'Anna a traduite.

Tout cela est une preuve supplémentaire (et ô combien inquiétante) du caractère clivant de ce pontificat, qui voit les gens se déchirer au nom du Pape, allant jusqu'à s'en prendre à une personnalité aussi insoupçonnable (et aussi modérée) par sa foi, son autorité d'écrivain et sa loyauté à la papauté que Vittorio Messori.

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Boff contre Messori L'ex-théologien de la Libération, qui a quitté définitivement la prêtrise en 1992, s'en prend violemment à Vittorio Messori qui a osé exprimer des doutes sur François (2/1/2015)

Un air de tribunal du peuple dans l'Eglise Le titre est de Riccardo Cascioli, le directeur de la Nuova Bussola, commentant une incroyable pétition de soutien au Pape François, initiée par différents secteurs progressistes de l'Eglise, pour dénoncer l'article de Messori (3/1/2015)

En défense de Vittorio Messori Le prêtre et théologien italien Antonio Livi répond à Leonardo Boff sur La Nuova Bussola, en particulier sur le fameux "souffle de l'Esprit". Traduction de Anna (4/1/2015)

Messori lynché Deux articles qui permettent de réféchir au-delà de l'anecdote: celui d'Antonio Socci, et un autre, trouvé sur le blog Libertà e personna, qui évoque rien moins qu'une "lacération du monde catholique" à travers la relation Messori/Tornielli (5/1/2014)

     

A BOFF ET AUX AUTRES CRITIQUES QUI N'ONT PAS LU.
Vittorio Messori,
Corriere della Sera
4 janvier 2015
Traduction Anna
www.vittoriomessori.it/blog/2015/01/04/a-boff-ed-agli-altri-critici-che-non-hanno-letto/

Leonardo Boff, leader de la Théologie de la Libération à la brésilienne, celle ayant la référence la plus explicite au marxisme, après les divergences avec le cardinal Joseph Ratzinger et les misee en garde de Jean-Paul II, déclara que cette église là était inhabitable et irréformable. Ainsi, il quitta le froc franciscain et s'en alla vivre avec une compagne. La surprise arriva toutefois de l'implosion du communisme et, comme il était arrivé à tant d'autres, il passa du rouge au vert, à l'écologisme le plus dogmatique, avec des aspects relevant du culte panthéiste à la Terre Mère. Mais il continue de célébrer les sacrements, avec des liturgie eucharistiques et baptismales par lui-même élaborées (ne non sans, dit-on,résonances new-age), dans l'acquiescement de l'épiscopat brésilien. Dans une interview parue il y a un an sur Vatican Insider, il a affirmé non seulement avoir de bonnes relations avec le pape François, comme déjà en Argentine avec l'archevêque de l'époque, mais collaborer avec lui sur des thèmes écologistes, en vue de l'encyclique «verte» annoncée par l'Evêque de Rome et, paraît-il, par lui-même suggérée.

Nous disons tout cela parce que dans cet admirateur convaincu de Jorge Mario Bergoglio, il semble y avoir vraiment peu de la tendresse, de l'accueil, du respect de l'autre, de la miséricorde indulgente prêchés avec tant de passion par le pape Bergoglio. Son commentaire, publié hier par ce même journal, à propos de mon article du 24 décembre, n'a rien des manières que Bergoglio exige à l'égard de tous, fûssent-ils des antagonistes. L'ex-Père Leonardo m'attribue «de gros vides de pensée», manque d'intelligence, ignorance, me donnant même du mal converti qui, arrivé à un âge respectable, doit finalement se décider à achever sa conversion. Il me lance aussi celle qui est pour lui une lourde accusation, mais qui est pour moi comme un compliment, lorsqu'il me traite de «christomoniste». Je ne sais pas bien ce qu'il veut dire, mais ce que je devine que cela ne me déplaît pas, au contraire il me flatte.

Aucune surprise donc: écrivant des choses qui ne plaisent pas à tout le monde, je connais bien comme ils sont, concrètement, ces édifiants intellectuels (souvent religieux) qui voudraient faire du dialogue, justement, une sorte de religion.
Mais non, ce n'est pas cela qui frappe. Ce qui pourrait rendre amer, c'est que Boff semble même n'avoir pas lu du tout ce que j'ai écrit: peut-être la connaissance imparfaite de l'italien, peut-être la hâte, ou le préjugé idéologique, le fait est que sa réaction, aussi véhémente que confuse, n'a que très peu, voire rien, à voir avec ce que j'ai véritablement écrit. L'exemple le plus évident est l'accusation de «presque ignorer l'Esprit Saint». En réalité, la référence au Paraclet est l'élément central de mon discours, dans lequel je rappelle que nous ne pourrions rien comprendre de la papauté sans nous reporte à l'action libre et impénétrable de l'Esprit. Qu'on me permette de dire que dans ce débat déconcertant suscité par mon article, beaucoup d'autres critiques ont jugé sans importance de se confronter avec ses contenus réels: ayant chaussé les lunettes de l'idéologie, ils ont attaqué un texte qui n'existait que dans leurs schémas préalables. Politiques plus que religieux, peut-être.

Mais revenons à Boff. Il s'avère que dans un des sites les plus visités des catholiques, La Nuova Bussola Quotidiana, un théologien professionnel a analysé précisément l'article publié hier égalament par le Corriere, après qu'il eût circulé pendant plusieurs jours sur le Réseau. Il s'agit de Mgr. Antonio Livi, théologien, professeur depuis des années à l'université du Latran, celle des papes, connu au niveau international pour ses études, l'originalité de sa pensée, ses initiatives académiques et éditoriales. Ce savant, très respecté au Vatican, n'a pas hésité à écrire que «les critiques violentes en insensées à Messori de la part d'un ancien religieux se présentant comme théologien représentent la somme de toutes les bêtises des idéologues de la théologie de la libération». L'influent spécialiste renchérit: «Boff s'arroge l'exclusivité dans l'interprétation de ce que l'Esprit veut de l'Eglise et s'attribue cette même infaillibilité qu'il nie au Magistère».
«L'ancien franciscain», affirme encore Mgr Livi, «semble ignorer qu'un véritable théologien ne fait pas passer pour des vérités divines ses conjectures personnelles et arbitraires». Et ainsi de suite.

En somme, tous les critiques doivent être pris au sérieux, mais tous ne doivent pas être pris au tragique. Je crois que ce dernier cas est celui de l'éco-théologien brésilien.

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