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Résistance (suite)

Toujours à propos de l'interview du cardinal Burke à France 2, l'analyse de Hilary White sur Lifesite: comment résistera-t-il concrètement? Que feront les laïcs? Article traduit par Anna.

Voir aussi:
¤ Le Cardinal Burke sur France 2
¤ Le cardinal Burke sur France 2 (suite)
¤ Quand devrions-nous résister au Pape?
¤ Résistance

Le Cardinal Burke: "Je résisterai si le Pape devait enfreindre la doctrine"

https://www.lifesitenews.com.

Les observateurs du Vatican ont été surpris en cette fin de semaine lorsque le Cardinal Raymond Burke, une des principales voix de l'orthodoxie dans l'Eglise, a déclaré qu'il serait prêt à "résister" au Pape François si le pontife essayait de changer la pratique de l'Eglise niant la Communion à ceux qui sont en "deuxièmes noces".

"Je ne peux pas accepter que la Communion soit donnée à une personne en une union irrégulière car c'est un adultère," a déclaré le Cardinal américain.
"Sur la question des gens du même sexe, cela n'a rien à voir avec le mariage. C'est une souffrance de quelques personnes attirés contre nature, sexuellement, vers les personnes du même sexe".

A la question "Si jamais le pape devait persister dans cette direction, que ferez-vous?", le Cardinal Burke a répondu: "Je résisterai, je ne peux rien faire d'autre. Il n'y a pas de doute que c'est un moment difficile; cela est clair, cela est clair."
Le cardinal a avoué que la situation est "pénible" et "préoccupante".

Ce commentaire arrive comme une surprise pour ceux qui, préoccupés de la direction que l'Eglise semble prendre vers les objectifs de la gauche progressiste, sont néanmoins habitués à un langage plus circonspect de la part de prélats comme Burke. Jusqu'à récemment, le cardinal américain, comme haut membre de la curie du Vatican et évêque diocésain de longue date, s'était exprimé avec une grande précision marquée de réserve.

Normalement, dans la couverture journalistique des affaires du Vatican il y a une règle "Ne jamais poser de questions hypothétiques": le genre de questions toujours rejetées car elles ne reçoivent pas de réponse. Indépendamment du reste, le fait que justement cette question de France 2 ait reçu une réponse est significatif. Et le fait que la réponse implique que le cardinal lui-même est agacé par la suite des événements était destiné à susciter une énorme réaction internationale et à attirer l'attention de ceux qui connaissent la mécanique du Vatican.

Une des questions de plus en plus pressantes de la part des Catholiques préoccupés par la récente tournure des événements a été celle de donner une réponse appropriée. Que peuvent faire les Catholiques, dont l'amour pour la papauté est ancré dans leur foi, si le pape semble indiquer que le "non-négociable" de leur religion, à savoir l'indissolubilité du mariage, pourrait après tout être ouvert à la négociation?

Beaucoup ont regardé vers Burke pour avoir un guide dans une situation de plus en plus confuse. Connu pour sa loyauté à l'office pétrinien, le cardinal n'est pas quelqu'un qui cède aux éclats improvisés ou aux expressions imprudentes dans ses interviews. Après que ses déclarations d’après- Synode - que le manque de clarté du pape faisait du tort à l'Eglise - eussent généré un petit remous d'intérêt, le Cardinal Burke avait fait une déclaration clarifiant sa position, affirmant qu'il n'avait jamais voulu critiquer le Pape François.

Maintenant qu'il a clairement fait savoir que la "résistance" est requise si les pires craintes se réalisent, quelques-uns se demandent quelle forme prendrait exactement cette résistance.
Sur le site catholique 1Peter5 , Steve Skojec affirme que la phrase prononcée par Burke ce weekend était une "escalade rhétorique significative". Les commentateurs du site, connu pour attirer les Catholiques croyant à ce que l''Eglise enseigne, ont exprimé cette question urgente: "Comment cela va-t-il se terminer: comment le Cardinal Burke va-t-il ‘résister’?"

Quelle forme prendrait, concrètement, cette résistance? Dans l'histoire catholique il y a très peu d'exemples d'un pape qui conteste la doctrine établie. Les catholiques habitués à assimiler la loyauté à la personne du pape avec l'orthodoxie sont dans un dilemme, avec peu de précédents historiques, et se demandent comment cette "résistance" va se traduire sur le terrain.

Quelqu'un a observé: "A supposer arguendo (lat. dans la supposition) que le pape change la doctrine ininterrompue sur ce sujet: le Cardinal Burke déclare publiquement que le pape est dans l'erreur et qu'il ne le suivra pas sur ce point".
"Quel effet cela aura-t-il exactement sur quoi que ce soit, en termes pratiques? La majorité des évêques suivra le pape. Et le laïcat? En quoi consiste notre résistance?"

Tandis que François lui-même n'a rien dit publiquement au Synode, il y a une campagne en cours centrée surtout autour des principaux représentants de la hiérarchie allemande, visant à permettre aux catholiques divorcés et civilement remariés de recevoir la communion. Au moment de la publication de la Relatio de mi-Synode, cette manœuvre fut élargie afin d'y inclure un appel à "accepter et mettre en valeur" l' "orientation" homosexuelle, dont l'auteur aurait été l'Archevêque italien Bruno Forte, un théologien nommé par le Pape François parmi les responsables du Synode.

Depuis que le Cardinal Kasper eût le premier en février 2014 suggéré que l'Eglise permette aux catholiques divorcés et civilement remariés de recevoir la Sainte Communion comme s'il n'y avait pas de problème, Burke, comme l’un des principaux défenseurs de l'enseignement catholique traditionnel, a donné régulièrement des interviews , réaffirmant et défendant le concept de mariage de l'Eglise catholique.

Dans un entretien qu'il a eu en novembre avec un média espagnol (cf. benoit-et-moi.fr/2014-II-1/actualites/cardinal-burke-interview-a-vida-nueva), après le Synode, Burke a dit: "Il semble à de nombreuses personnes que la barque catholique ait perdu la boussole". A Vida Nueva, Burke a déclaré que l'information sur ce qui avait été dit au Synode était déformée par le bureau de presse du Saint Siège et par les documents officiels publiés par les mêmes responsables du Synode.

Le document publié au milieu des travaux "ressemblait à un manifeste pour changer la discipline de l'Eglise en matière d'unions irrégulières" a affirmé le cardinal.
Les circoli minori (petits cercles) formés pour discuter à fond des questions ont été mal présentés par les responsables du Synode. Les évêques des ces groupes devaient demander expressément que "nos travaux soient publiés".

"Jusqu'à ce moment le public ne savait pas ce que nous pensions. Tout était, pour ainsi dire, contrôlé et manipulé", a déclaré le cardinal.

"Plusieurs évêques m'ont contacté pour me dire que les personnes en des unions irrégulières venaient dans leurs paroisses et demandaient à recevoir les sacrements, déclarant que le Pape le voulait", poursuit Burke. (cf. le Père Longenecker: benoit-et-moi.fr/2014-II-1/actualites/conseils-au-pape-apres-le-synode)

"Ce n'est pas un sujet sans importance mais une question fondamentale. Le pilier de l'Eglise est le mariage. Si nous n'enseignons ni ne vivons cette vérité, nous sommes perdus. Nous ne sommes plus l'Eglise. Les enseignements de l'Eglise et une position qui les contredit ne peuvent pas être placées au même niveau au Synode."

Ce que les médias laïques ne comprennent pas bien, c'est qu'au regard de l'Eglise catholique le divorce n'est pas simplement interdit, mais qu'il n'existe simplement pas; c'est une impossibilité ontologique. Pour les fidèles catholiques, l'existence du divorce n'est acceptée que comme une espèce de concession de nécessité à un monde sécularisé qui vit dans une attitude de déni. C'est une "fiction juridique" qui n'est satisfaite que sous réserve.

L'Eglise a toujours eu la certitude que les paroles du Christ ont été exactement transmises et que la deuxième personne de la Sainte Trinité n'ait été ni déformée, ni mal citée ni mal interprétée par les auteurs des Evangiles.

Toute l'histoire est racontée dans l'Evangile de Matthieu qui dit:

Les Pharisiens s'approchèrent de lui pour le mettre à l'épreuve; ils lui demandèrent: "Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n'importe quel motif?"
Il répondit: "N'avez-vous pas lu ceci? Dès le commencement le Créateur les fit homme et femme, et dit:
A cause de cela l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et tous les deux deviendront une seule chair"?.
Ainsi ils ne sont plus deux mais une seule chair. Donc ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas.
Les Pharisiens lui répliquent "Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit la remise d'un acte de divorce avant la répudiation?"
Jésus leur répond: "C'est en raison de la dureté de votre coeur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes. Mais, au commencement, il n'en était pas ainsi.
Or je vous le dis: si quelqu'un renvoie sa femme - sauf en cas d'union illégitime - et qu'il en épouse une autre, il est adultère."
(Matthieu 19:3-9, traduction MamE, 2013)

Des paroles intransigeantes du Christ dérive ainsi la doctrine catholique selon laquelle le divorce n'a pas de réalité objective, "ontologique". Une personne qui a divorcé et s'est remariée, vit, selon les propos du Christ, dans un état d'adultère, de péché mortel, elle ne peut donc pas recevoir la Communion jusqu'à ce qu'elle se soit repentie et ait changé de mode de vie.

Le mariage est pour l'Eglise catholique une réalité sacramentelle, aussi dure et immuable que le diamant, qui ne peut exister qu'entre un homme et une femme, pour la procréation et l'éducation des enfants et la sanctification de tous les membres de la famille. En tant que telle elle est un rempart, défendu par l'Eglise Catholique contre tout l'édifice de la Révolution Sexuelle.

Echouer à l’expliquer avec vigueur peut être considéré comme un grave manquement à une époque où le mariage est attaqué comme il ne l’a jamais été depuis le début de la civilisation chrétienne.

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