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Chère Angelina Jolie, écoute-moi

La bouleversante lettre ouverte à la star qui a subi volontairement une mastectomie et une ovariectomie, écrite par une maman atteinte d'un cancer. Traduction de Anna

Chère Angelina Jolie, écoute-moi, moi qui ai vraiment un cancer

Ç’a été une bêtise que de te faire retirer seins et ovaires juste à cause d'un pourcentage de risque… Réfléchis-y: tu n'as pas de tumeur, tu n'es pas malade (moi par contre oui… et c'est l'amour du Christ qui me donne la force).

27 mars 2015
www.aleteia.org/it/ (via le site www.bastabugie.it)
Erica Bassi
(Traduction Anna)

"Knowledge is power" (connaître c'est pouvoir), ainsi Angelina Jolie terminait, il y a quelques jours, son interview où elle racontait les motivations qui l'ont poussée à deux reprises à se faire opérer, une première fois pour une mastectomie bilatérale totale, la deuxième pour se faire retirer les ovaires: tout cela à cause d'un pourcentage de risque de contracter une tumeur, qui lui avait été communiqué par les médecins il y a quelque temps.

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CHÈRE ANGELINA, TU N'A PAS UN CANCER, TU N'ES PAS MALADE
Je m'appelle Erika, j'ai 40 ans, je suis mariée avec Davide, j'ai trois enfants de moins de huit ans et, il y a presque un an, j'ai découvert que j'avais un cancer.
Chère Angelina, tu es mariée, tu as six enfants et tu n'as pas de cancer, tu n'es pas malade. Tu t'es rendue malade par peur, par manque de confiance; tu t'es peut-être rendue malade parce que tu crois devoir te suffire à toi-même et tu n'as pas encore découvert que tu n'es pas le maître de ta vie. Tu penses: "De cette manière mes enfants ne diront pas que leur mère est morte à cause d'un cancer du sein ou des ovaires": c'est bien, c'est vrai.
Mais tu dois t'y résigner, tu ne peux pas penser pouvoir contrôler et prévenir tout événement. Et, pardonne-moi si je me permets de te le rappeler, mais depuis notre naissance nous n'avons qu'une certitude: un jour viendra où nous mourrons. Tu peux penser vivre toute ta vie sous contrôle, sous une cloche en verre comme la rose du Petit Prince, avec la peur du vent, des insectes, du soleil et de la pluie. Et, paradoxe des paradoxes, arrivant jusqu'à mutiler ton corps (avec tout ce qui s'ensuit) à cause de la peur de cette maladie qui te mutilerait.
Ou bien. Oui, car il y a bien une alternative qui est, à mon avis, de vivre ici et maintenant aux mieux de tes capacités et possibilités, avec les personnes qui sont dans ta vie, de la manière la plus "incarnée" possible et avec la conscience que nous ne pouvons pas contrôler toute chose. Et il existe quelqu'un qui pense à nous.
Nous sommes à Dieu, et le fait de savoir que nous sommes à Lui et qu'Il nous aime est notre pouvoir. Savoir qu'il fera toujours le mieux pour nous et qu'il ne permettra pas qu'un seul cheveu de notre tête s'égare.

Je trouve que tes mots sont blessants à mon égard ainsi qu'envers toutes les personnes qui vivent avec une tumeur et se battent contre elle; j'ai de la compassion pour toi, qui vis dans la terreur de mourir et ne peux pas apprécier la vie, ainsi que pour les personnes qui vivent autour de toi. Il est vrai que dans la maladie la tentation est grande de se laisser saisir par la peur; dans mon cas la peur revient de temps en temps car j'ai trois enfants petits; la peur qu'ils m'oublient; la peur de ne pas les voir grandir; je suis bouleversée de voir leur propre peur et d'entendre Chiara dire: "Comme c'était beau quand nous étions petits et que nous avions notre vie normale et que maman n'était pas malade". Chiara n'a que six ans, elle est encore petite, elle ne devrait pas vivre tout cela. De temps en temps la peur me prend de laisser Davide seul, de ne pas vieillir avec lui.

Le jour où j'ai su pour la tumeur j'avais tellement peur que je n'arrivais pas à me tenir debout et à marcher. Ce jour-là j'ai essayé de prier et je n'arrivais même pas à me souvenir des paroles du "Je Vous salue Marie"; alors je me suis accrochée, littéralement, au crucifix de mon rosaire et j'ai dit au Seigneur: "Viens, toi, habiter dans ma peur et transforme-la, car seule je n'en suis pas capable". Et, petit à petit, ainsi accrochée à lui, j'ai découvert que la peur s'est atténuée, s'est transformée en conscience de la fatigue, parfois en épuisement, ou en préoccupation, mais le miracle a été que j'ai commencé à y voir aussi autre chose, et au-delà; nous sommes les destinataires d'une Providence immense, le Seigneur nous caresse et nous accompagne!
Par le Christ, avec le Christ et dans le Christ : telle est la connaissance qui me donne le pouvoir; le pouvoir d'apprendre, un pas après l'autre, - même moi qui ai tête dure et ai besoin de cours de rattrapage! - que je puis vivre toute chose, même ma maladie, par le Christ, lui offrant ma pauvreté et ma fatigue, avec le Christ qui a vécu la souffrance avant moi et marche auprès de moi, et dans le Christ, lovée dans son cœur, dans ses bras, gardée comme une enfant dans les bras de sa mère.

Chère Angelina je te souhaite de découvrir que ce n'est pas la connaissance des pourcentages de risque qui nous rend puissants, mais bien la découverte d'un Amour plus grand et l'abandon en cet Amour unique qui te rend vraiment invincible.

  Benoit et moi, tous droits réservés