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Le droit d'être consterné

Emma Bonino

Paolo Deotto, le directeur de <Riscossa Cristiana> réagit au coup de fil du Pape à une pasionaria pro-avortement

>>> Cf. Les "périphéries" de François (le coup de fil à Bonino)

Nous sommes en droit d'être consternés….

Paolo Deotto
Riscossa Cristiana
6 mai 2015
Traduction Anna.

Le coup de téléphone à Emma Bonino, avec l'exhortation à "tenir bon" (contre quoi?) et l'invitation au Vatican pour la rencontre avec les enfants, suivies de près de la "simplification" de l'absolution pour le crime abominable de l'avortement, ne sont que les deux derniers épisodes de la banalisation d'un péché qui crie vengeance devant Dieu, et sèment encore plus de confusion dans une chrétienté égarée.

J'ai l'ai déjà écrit, et je le répète, que je n'entends pas prendre des airs de théologien ou de donneur de leçons à quiconque, quel que soit son rôle dans l'Église.

Je ne fais qu'exercer ce que je définis comme "le droit d'être consterné". Je suis un catholique quelconque, assez vieux pour ne pas avoir manqué l'apprentissage du catéchisme, mais pas non plus si vieux qu’il soit brouillé par l'âge ou ait oublié les vérités les plus élémentaires de la Foi Catholique.

Le Pape téléphone à Emma Bonino pour s'informer de sa santé et l'exhorter à "tenir bon". Génial. Repubblica en jubile et publie les déclarations de Mme Bonino qui, saisissant l'occasion, n'a pas manqué d'expliquer au Pape tout le bien qu'ont fait les radicaux…

À part le fait que, franchement, le déluge de rhétorique sur la personne qui "lutte" contre une tumeur est assez agaçant, ne serait-ce que parce qu'il y en a tellement d’autres qui font face dans le silence à leur grave maladie et ont peut-être l'intelligence de s'en remettre à la Providence, à part cela, donc, il n'est pas inutile de rappeler toutes les autres choses pour lesquelles Mme Bonino a "lutté", en premier lieu pour la libéralisation et la diffusion du crime de l'avortement. Elle s'est même vantée d'en avoir procurés des milliers dans cette associations de malfaiteurs dénommée "CISA" (Centre pour l'information sur la stérilisation et l'avortement). La photo d'elle tuant un enfant à l'aide d'une pompe à vélo (ci-contre) est bien tragiquement connue. S'en est-elle jamais publiquement repentie? Jamais.

Peu de personnages ont contribué autant qu’Emma Bonino à tuer non seulement des enfants, mais aussi bien les consciences, avec le résultat que l'avortement est considéré aujourd'hui comme pas plus qu'un fait privé, ou mieux un "droit"de la femme. Une épouvantable anesthésie permanente des cerveaux et du sens moral, grâce à laquelle presque personne ne réfléchit plus au crime qui est sans cesse perpétré avec l'assassinat légitime et gratuit d'environ 300 enfants par jour en Italie.

Il ne manque même pas la cerise sur le gâteau: Emma Bonino a été invitée lundi 11 mai à assister au Vatican à la rencontre du Pape avec des milliers d'enfants - organisé par la "Fabrique de la Paix" - afin d' "œuvrer avec lui à la réalisation d'un grand rêve: édifier un monde de paix, tolérance et accueil". Surtout ce dernier mot prend une saveur d'humour macabre. Madame Bonino participera-t-elle aussi en représentation des millions d'enfants assassinés avant de venir au monde? Au vu de son expertise en la matière, ce pourrait être son rôle le plus approprié.

Un catholique lambda comme moi n'a-t-il donc pas le droit d'être consterné? Et j'ajoute même: consterné et scandalisé.
À chaque malade nous souhaitons de tout cœur la santé, mais il y a des personnages qui sont des "symboles" et, dans ce cas spécifique, des symboles du mal, avec qui les rapports devraient être gérés au moins avec un peu plus d'intelligence. Que le Pape téléphone à qui il veut: mais pourquoi cela doit-il rebondir aussitôt dans la presse? Pourquoi la confidentialité n'est-elle pas requise aux chanceux qui reçoivent un coup de téléphone qui n'est pas pour tous? Pourquoi ne pas réfléchir au fait que, quelle que soit l'intention de celui qui téléphone, une terrible confusion se produit chez les gens, qui voient qu'une sollicitude pastorale spéciale est réservée justement à des personnages qui devraient surtout demander publiquement des excuses pour leurs péchés et pour la corruption morale dans laquelle ils ont jeté la société? Arriver au point d'inviter de tels personnages à une rencontre au Vatican n'équivaut-il pas à les présenter comme des modèles aux enfants?

Un nouvel épisode arrive pour augmenter la confusion: une sorte d'"amnistie" pour obtenir l'absolution du péché d'avortement. Tous sont admis à l'"amnistie", pas seulement la femme qui a avorté, mais aussi les médecins, infirmiers, parents, tous ceux qui ont contribué au crime. Cette faculté est accordée aux dits "missionnaires de la miséricorde", c'est à dire aux prêtres qui seront envoyés dans tous les diocèses lors du prochain Jubilé (cf. ANSA).

Voulant être exagérément optimistes, on pourrait dire que le fait que l'avortement soit un péché mortel est réaffirmé. Mais regardant en face la réalité on peut aussi dire que pratiquement rien ne change, car les ordinaires locaux peuvent déjà déléguer des prêtres pour absoudre ceux qui ont pratiqué et procuré l'avortement.

Mais justement parce que du point de vue pratique on n'avait pas besoin de cette mesure, on est choqué (même compte tenu du caractère extraordinaire du Jubilé) par la décision et l'annonce exprimés par Mgr Fisichella, chef du dicastère de la Nouvelle Évangélisation. Je parlais dans le sous-titre de "banalisation" du délit d'avortement. Cette nouvelle pastorale de la "miséricorde", qui s'occupe de moins en moins de justice, de repentance, d'intention de ne plus retomber dans le péché, évolue vers une atmosphère festive et inconsciente de "todos caballeros". Mais oui, allez, une absolution on ne la refuse à personne, on fait même le possible pour simplifier les choses. Dans quelque temps, peut-être, vus les progrès informatiques, on pourra même être absous par courriel, ou par twitter…

Mais ne badinons pas avec les choses sérieuses. L'homicide volontaire n'est-il pas un des quatre péchés qui crient vengeance devant Dieu?

Et voici donc l'enchaînement des événements, le coup de téléphone cordial à la championne du mal Emma Bonino, avec invitation au Vatican le 11 mai, la simplification, voulue et promue, de l'absolution du péché d'avortement, ne conduisent-ils pas à ce que j'ai défini comme la "banalisation" de l'avortement?

Padre Pio a dit que s'il y avait un seul jour où pas même un seul avortement ne serait pratiqué dans le monde, Dieu libérerait le monde du fléau des guerres. Des milliers de personnes, dans le silence et avec ténacité, sauvent depuis des décennies des vies humaines, assistant des mères en difficulté, rappelant à temps et contre temps la gravité de l'avortement, priant en réparation du péché, au risque de la marginalisation et même de l'emploi en de nombreux cas.

Avec un travail tenace, en Italie aussi, s'est constitué au cours des années un "Peuple de la Vie", qui manifeste publiquement son opposition aux attentats à la vie, qu'aucune loi ne rendra jamais "justes". Entre-temps, les adorateurs de la mort protestent et réclament des lois qui limitent - voire même effacent - le droit des médecins à l'objection de conscience, qui menace le "droit" à l'avortement.

Et voilà qu'en quelques jours, avec superficialité et à la recherche d'applaudissements faciles, tout est démoli. Mais oui, la miséricorde, dans la nouvelle conception spray admet tout et autorise tout. Et la justice? Celle-là ne peut pas exister sans la miséricorde. On a inversé les termes de l'affaire, et le tour est joué.

Quelqu'un remet-il en discussion la Doctrine? Mais absolument pas! C'est juste que la doctrine est de plus en plus reléguée dans un monde des idées idéal et inaccessible (iperuranio : selon Platon, zone au-delà du ciel où résident les idées immuables et parfaites). La Pastorale du "tout le monde est pardonné" n'efface pas la Doctrine, mais la couvre d'un voile de plus en plus épais.

Que risquons-nous, au fond? Pas grand-chose: juste la damnation éternelle.

Cette perspective ne me plaît vraiment pas, et donc je le répète: je suis un catholique quelconque, consterné et scandalisé.

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