Page d'accueil | Pourquoi ce site

La manche effilochée de François

Quelques réflexions ultérieures (8/5/2015)

Voir aussi:
¤ Paupérisme
¤ Paupérisme (suite)

Comment un geste anodin peut-il être un révélateur?
C'est ce que j'essaie de comprendre ici, à travers quelques points de vue trouvés sur internet.

Bien sûr, à tout ce qui a été ou est écrit ici, on peut ajouter une hypothèse: le Pape est une personne peu soignée, indifférente à son aspect extérieur, imperméable à la beauté. Pour dire les choses crûment, il s'en fiche, et il en donne des preuves chaque jour. Il a enfilé le premier vêtement qui lui tombait sous la main, à la hâte, et personne n'a osé lui faire la moindre observation ("qui dira "non" à François?). Il en a parfaitement le droit en tant que personne privée...
Mais comme Pape?

Sans parler, évidemment, de la honteuse (et pour le moment pas tout à fait explicable) attitude des médias serviles qui instrumentalisent un simple "défaut", certes véniel (le désordre, la négligence) pour en faire une vertu inédite, qui les arrange...
Et qui en appellent désormais aux "réseaux sociaux" (qu'ils pensent manipuler) comme instance suprême de jugement.

L'habit élimé de Bergoglio: pauvreté évangélique ou geste populiste?

Le site "institutionnel" Aleteia - ici en langue italienne - consacre lui aussi un article à la fameuse photo, signalant que «Les photographes ont immortalisé la soutane lors d'une visite à la paroisse Regina Pacis (d'Ostie)».
Après avoir cité presque in extenso l'article de Famiglia Cristiana, l'auteur lui oppose un billet d'Antonio Mastino , sur son blog <Papale papale>, intitulé «TRUCCO DA BARACCONE» (tour de foire, ou de cirque) (*).
Et poursuit:

Pourtant, l'habit de Bergoglio a été lu par d'autres non pas comme un détail significatif de son sobre style pastoral, mais comme un "tour de cirque" (blog <Papale Papale>, le 5 mai ). Le blog voit dans cet épisode le désir «populiste et fébrile de lancer des messages "populaires" (ndt: au sens: propres au peuple)», allant même jusqu'à raisonner en ces termes:

«Se faire déchirer ou laisser exprès déchirée la manche de sa soutane pour montrer de l'humilité, c'est précisément cette "fausse humilité" - contre laquelle l'Écriture nous met en garde - qui est portée en procession, comme le Saint-Sacrement. Non seulement on fait déchirer sa manche, on fait même en sorte que tout le monde puisse le remarquer: se croit-on meilleur que le Christ qui lui n'est jamais sori [en vêtements] déchirés?».

Analyse qui toutefois reste isolée, puisque parmi les portails et blogs prévalent nettement ceux qui soutiennent la ligne du geste non «prémédité» mais plutôt conforme au «style Bergoglio». C'est le cas de portails comme <Papaboys> ou bien <Il sismografo> (ndt: exclusivement à la gloire de François!!) qui épousent la ligne de Famiglia Cristiana.
Les accusations, toutefois, s'opposent aux faits que nous a livrés le pape dans cette première partie de son pontificat....

La conclusion de l'article nous montre comment nous vivons désormais dans un monde virtuel, où la parole des "réseaux sociaux" deveint quasiment parole d'évangile (raison pour laquelle je les fréquente très peu) et où la Repubblica est promue au rang d'autorité morale et d'arbitre des élégances.

Les chaussures noires qu'il porte depuis qu'il est élu (!), la croix de simple métal, l'anneau du pêcheur d'argent (!!) et la simple montre-bracelet, une Swatch, le modèle de base (!!!): tout cela, plus que le résultat d'une stratégie raisonnée, est une manière d'agir qui est la marque distinctive d'un pape qui brise les schémas.
Comme l'écrit La Repubblica du 4 mai, le détail du vêtement a été très apprécié et partagé sur les réseaux sociaux, qui sont désormais devenus un peu le thermomètre du citoyen moyen. Catholique et non.

Il faut s'y faire: ceux qui critiquent le Pape vont se trouver de plus en plus marginalisés... par ce monde virtuel.

* * *

(*) Depuis qu'il collabore au journal "La Croce" dont le directeur est un nommé Mario Adinolfi, un "catholique adulte" au parcours politique sinueux (voir en note ici: benoit-et-moi.fr/2015-I-1/actualites/le-tanguero), la ligne de Mastino est de plus en plus difficile à suivre.
Dans son tout dernier article (www.papalepapale.com/cucciamastino/senza-categoria/i-volenterosi-calunniatori-di-papa-francesco) , il se transforme en défenseur pointilleux de François (qu'il a cessé de détester - dit-il - et qu'il aurait même appris à aimer) et s'en prend avec virulence à ses détracteurs.
Ce virage à 180°, perceptible depuis un certain temps, rend sa sortie sur la manche effilochée incompréhensible, et c'est l'une des raisons pour lesquelles je n'avais pas traduit (comme on me l'a demandé) l'article relatif.

Un nouveau "moment d'enseignement" du pape

Lu chez mon amie Teresa:

(..) Je viens juste de tomber sur cette nouvelle action provocatrice de notre bien-aimé Pape.
Pourquoi, peut-on se demander, aurait-il décidé de porter une soutane avec des manchettes évidemment effilochées en visite pastorale à Ostie, comme le montrent les photos prises dimanche dernier, 3 mai? Ou n'importe où, d'ailleurs.
Evidemment, personne ne pense qu'il manquait de soutanes blanches avec des manchettes intactes ce jour-là! Son valet, qui l'aide à s'habiller, ne lui a-t-il pas fait observer : «Sainteté, vous ne pouvez pas porter cela - nous allons la donner à repriser»? Une partie du travail du valet consiste sans doute à mettre de côté les vêtements importables pour la réparation appropriée et / ou le nettoyage. Son secrétaire privé, qui monte avec lui dans la voiture papale et dans la papamobile, ne lui a-t-il pas fait une remarque similaire? Georg Gänswein était-il présent, et qu'a-t-il dit?
De toute évidence, JMB voulait que la manchette effilochée représente encore un autre «moment d'enseignement» (teaching moment) de son pontificat.
Que nous enseigne-t-il au juste? Qu'un pape n'a pas le bon sens de ne pas porter un vêtement usé pour une apparition publique ? - en l'occurrence, une visite pastorale à une ville de banlieue avec plusieurs rencontres au programme - mais pire, qu'il ne respecte pas suffisamment son office pour paraître aussi soigné que possible en public, et qu'il ne respecte pas suffisamment les gens qu'il doit rencontrer pour s'habiller correctement pour eux?
Non, le Bergogliophile de Famiglia Cristiana salue cela comme «significatif du style pastoral de Bergoglio ... interprète extraordinaire de cette "théologie du visage" qui veut dire rencontre concrète avec les visages des personnes» (quel rapport avec le fait de porter des manchettes effilochées? Jean-Paul II et Benoît XVI s'intéressaient-ils moins aux personnes qu'ils rencontraient, individuellement et en masse, parce qu'ils étaient correctement habillés?)
La prochaine chose que nous verrons, c'est le magazine Esquire, qui a nommé en 2013 JMB comme «l'homme le plus élégant du monde» saluant les manchettes effilochées comme la grande innovation d'élégance lancée par leur homme le plus élégant.
Les FOF (fans of Francis) vont certainement y voir un autre exemple d'humilité , comme si le négligé vestimentaire était nécessairement humble. Au contraire, si vous pensez que vous êtes un favori spécial de Dieu, et que vous pensez que cela n'a pas d'importance si vous êtes négligée parce que tout vous sera permis - il s'agit, bien évidemment, d'une forme d'arrogance.

La sainteté - cachée - des hommes d'Eglise
L'exemple de Pie XII

Cet article a été publié sur le blog Traditio Catholica le 5 juilet, donc juste après la divulgation des fameuses photos.
Très finement, l'auteur ne fait aucune allusion directe au Pape... Tout est dans la conclusion, sybilline à souhait.

«Dans un couvent de soeurs, à Munich, le Nonce (Eugenio Pacelli) séjourna pendant plusieurs jours pour la prise d'habits et la profession de voeux de deux cents soeurs. Nous avions pourvu à faire parvenir au monastère le linge nécessaire, mais comme celui-ci était usé et reprisé, la religieuse chargée de la garde-robe le mit de côté et en fournit du neuf.
Je ne manquai pas de faire remarquer au Nonce que ce linge, qu'un pauvre aurait difficilement pu porter, n'était pas pour lui.
A quoi le Nonce répondit: «Ne vous inquiétez pas, nous ne donnerons pas aux pauvres l'ancien, mais le neuf ... Mais ne le dites pas à mes sœurs, parce qu'à cause de cela, nous avons toujours la guerre à la maison»

[Témoignage de Sœur Pascaline Lehnert, gouvernante du Pape Pie XII à partir de 1923 jusqu'à sa mort (
www.papapioxii.it/i-fioretti-di-pio-xii)].
* * *

Toute référence à des gestes de paupérisme "provoqué" et "ostentatoire", pour montrer à la télévision et dans les magazines avec une mise en scène très habile et étudiée, est le fruit du hasard.

... et d'autres manches
Un certain 19 avril 2005

A propos des "effets de manches" si l'on peut dire, il y en a un qui ne faisait aucun calcul et c'est ce que l'histoire retiendra grâce à cette première photo officielle.
Rien n'était calculé, tout se déroulait comme le voulait l'harmonie du coeur d'un Saint!

(Marie Christine)

  Benoit et moi, tous droits réservés