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Le retour de la théologie de la Libération

Le "père" de la Théologie de la Libération, Gustavo Gutierrez, a ouvert avec le cardinal Maradiaga l'Assemblée Générale de Caritas Internalionalis, qui se tient actuellement à Rome... Edifiant compe-rendu sur <Vatican Insider>

>>> Pour mémoire: Les notes de la CDF dirigée alors par le cardinal Ratzinger, respectivement de 1984 (Instruction Libertatis Nuntius sur quelques aspects de la Théologie de la Libération) et 1986 (Instruction Libertatis Conscientia sur la liberté chrétienne et la libération: «La vérité nous rend libres»)

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Guttierez à l'Assemblée de la Caritas: l'Eglise est amie des pauvres

Iacopo Scaramuzzi
vaticaninsider.lastampa.it
12 mai 2015
(traduction partielle)
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Gustavo Gutierrez, 86 ans, a inventé le concept de «théologie de la libération», sur lequel, au fil des ans, il y a eu un «dialogue, parfois difficile» avec le Vatican.
Aujourd'hui, il présentait dans la salle de presse du Saint-Siège l'Assemblée quadriennale de Caritas Internationalis (du 12 au 17 mai) - que le Pape ouvrira cet après-midi (mardi 12 mai) par une messe à Saint-Pierre consacrée cette année au thème «Une seule Famille humaine, protèger la création». Et il a expliqué que l'Eglise, comme le dit François, est «l'amie des pauvres».

«La pauvreté est non seulement un problème social, c'est une question théologique, une question centrale dans le message chrétien», a déclaré le théologien péruvien, assis à côté du cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga. «Quand nous parlons de charité, n'oublions pas la justice. Nous sommes à l'époque post-capitaliste, post-socialiste, post-industrielle. Les gens aiment à dire que nous sommes à l'époque "post". Mais nous ne sommes pas à l'époque post-pauvreté. L'Eglise pauvre et pour les pauvres, comme le dit le Pape François, est l'amie des pauvres ».

De nombreux thèmes, a expliqué Maradiaga, président sortant de Caritas Internationalis, seront discutés lors de la vingtième Assemblée - du changement climatique aux migrations, du scandale de la faim aux inégalités, du Népal, à nouveau frappé par le tremblement de terre, aux zones de guerre (Moyen-Orient, République centrafricaine, Sud Soudan, Ukraine et également la Syrie, à la demande explicite de l'évêque d'Alep, responsable de Caritas dans le pays). De son côté Michel Roy, secrétaire général de Caritas Internationalis a expliqué qu'il y aura cinq thèmes relatifs aux orientations stratégiques qui seront discutés et adoptés à la fin, pour les quatre prochaines années: l'Eglise pour les pauvres, la réponse aux urgences, la promotion de la dignité humaine , la solidarité globale et le renforcement des membres les plus faibles de l'organisation internationale. Avec la réforme de la Confédération Caritas, adoptée en 2012, «l'implication des évêques dans le social s'est accrue», a déclaré Roy.

Parmi les conférenciers invités il y aura [entre autres], outre Gutierrez, le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, et l'économiste Jeffrey Sachs (...)

A l'Assemblée générale seront également élus les dirigeants de Caritas Internationalis. Le Cardinal Maradiaga démissionnera de son poste de président après huit ans. Les candidats à la présidence sont l'Archevêque Youssef Soueif, président de Caritas Chypre, et, surtout, le cardinal Luis Tagle, archevêque de Manille. Les élections auront lieu le 14 mai.

Plusieurs questions des journalistes adressées à Gutierrez concernaient la Théologie de la Libération et la relation problématique passée avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. «Il n'y a jamais de condamnation par le Vatican», a précisé Gutierrez, qui est aussi un ami du préfet, le cardinal Gerhard Ludwig Mueller, «il y a eu un dialogue, très critique, c'est vrai, parfois difficile. La notion centrale de théologie de la libération est l'option préférentielle pour les pauvres, c'est 90% de la théologie de la libération. Je crois que maintenant, avec le témoignage du pape François, c'est plus clair. Ce n'est pas un changement radical, mais il y a plus de clarté. François a expliqué que l'option préférentielle pour les pauvres est une question théologique. Vous pouvez ouvrir la Bible et le thème des pauvres est là, dans le premier testament, dans le second testament (ndt: étrange façon de s'exprimer!). On trouve les pauvres, pas les théologiens ... Je crois que la critique et l'autocritique des théologiens de la libération ont été une étape importante, mais la théologie est un acte second, pas secondaire, mais second. J'étais un chrétien avant même d'être un théologien (..)»

Gutierrez a ensuite répondu ainsi à ceux qui demandaient si, avec la béatification de Mgr Oscar Arnulfo Romero et celle, engagée de Mgr Enrique Angelelli et de Dom Helder Camara, un mur était tombé dans l'Eglise: «Je pense que nous pouvons dire qu'un mur est tombé. Et le sens du martyre a également changé. Normalement, on est martyr parce que'on a été tué «in odium fidei», mais ce n'est pas le cas de Romero et d'Angelelli, pas exactement, pas formellement. Ils ont été assassinés par des gens qui se disaient chrétiens. Au contraire, les martyrs d'Amérique latine, comme l'a déclaré le document d'Aparecida lui-même, ont été assassinés pour Dieu, pour l'Eglise et pour le peuple, pour la justice, par amour du peuple. C'est très intéressant. C'est une extension de la signification du martyre. Ils ont témoigné de la justice, de la dignité humaine. Ce n'est pas un nouveau sens, mais une addition», a dit Gutierrez, citant le théologien Karl Rahner. «Ces personnes, et beaucoup d'autres, ont donné un témoignage, ils ont offert leur vie pour Dieu, pour l'Eglise et pour le peuple: le peuple ne veut pas dire "pas de Dieu, pas d'Eglise", les trois catégories vont ensemble, et je trouve cela très intéressant, très riche».

Le Cardinal Rodriguez Maradiaga a également mentionné dans son discours, un récent voyage qu'il a fait aux Etats-Unis»: «J'ai déjà entendu des critiques contre l'encyclique du Pape, qui n'a pas encore été publiée. Il y a une idéologie sur l'environnement liée à la vision capitaliste, qui ne veut pas renoncer à polluer pour ne pas renoncer aux gains: ce sont des critiques qui n'ont aucun sens! Mais comment peuvent-ils critiquer un texte qu'ils ne connaissent pas? Je crois que l'approche - a poursuivi le cardinal du Honduras - sera essentiellement éthique. Il y a beaucoup de discussion, si le réchauffement est scientifique ou pas scientifique, mais il suffit de parler avec le chauffeur de taxi qui m'a conduit ici, la température aujourd'hui à Rome n'est pas celle d'un printemps, ou il suffit de penser qu'aux Philippines, cette année, il y eu 21 typhons, en Californie ils rationnent l'eau, pour comprendre que la question doit être prise au sérieux. Le Saint-Père nous fera réfléchir. Quand on parle de la mondialisation de l'indifférence, il serait tragique que les chrétiens ne prennent au sérieux également ces questions».

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