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L'échec de l'Eglise post-conciliaire

Elle ne parvient plus à faire entendre sa voix, et ne s'y essaie même pas. Avec pour résultat - la nature ayant horreur du vide - une déchristianisation massive des pays autrefois catholiques, et la diffusion galopante d'une religion de substitution...

C'est parce qu'il avait identifié cet échec et le grand péril qu'il contenait et qu'il voulait lui porter remède que Benoît XVI avait souhaité une "année de la foi", redonnant une visibilité à l'identité (tant pis si ce mot en écorche certains) catholique: cf. Transmission de la foi et sources de la foi (I) .
On sait qu'il n'a pas pu la mener à son terme, et que l'exhortation apostolique qui devait en tirer les conclusions est devenue, dans un tout autre registre, le manifeste du Pontificat de son successeur: Evangelii Gaudium.

Ci-dessous: procession à Plouaret, en Bretagne.


Je reproduis ci-dessous un article lu aujourd'hui sur le site Pro Liturgia car je le crois très important pour comprendre ce qui nous arrive alors que la propagande au marteau-piqueur nous assomme littéralement dès potron-minet, par tous les canaux dits d'"information" dont dispose le pouvoir (mondial): un discours unique destiné à nous anésthésier, à nous sidérer, à nous décérébrer et à marginaliser les rares dissidents, et où l'Eglise est malheureusement inaudible, certes parce que les médias dits "mainstrean" ne lui donnent que rarement la parole, mais qui, même quand elle est est invitée, même dans ses propres canaux de diffusion (presse, radios ou télés - hyper-confidentielles! - et sites internet) ne cherche nullement à se démarquer, au contraire, relayant même le discours officiel au nom de prétendues et génériques "valeurs" humanistes (il suffit de voir des sujets comme l'accueil des homosexuels, et l'immigration).

Denis Crouan commence par reproduire un excellent éditorial de Gabrielle Cluzel, daté du 15 avril dernier sur Boulevard Voltaire, où je retrouve un écho de l'article traduit ici par Anna: Eglise et marketing...

... Et l'Eglise, dans tout ça?

Par appétence aussi pour une religion éthérée, intellectualisée, l’Église s’est dépouillée de ses rites, de ses dévotions populaires empreintes parfois de superstition… croyant, en sus, sans doute qu’en baissant les exigences, elle allait appâter.

Gabrielle Cluzel

La dernière émission « Zone interdite » a provoqué des remous sur les réseaux sociaux… tout spécialement la séquence montrant Kevin et Christine, Roubaisiens « de souche », devenus Farid et Inès en se convertissant à l’islam et élevant scrupuleusement leurs 7 enfants dans les préceptes de leur nouvelle religion.
«À Roubaix et dans la métropole lilloise - expliquait une voix off - l’appartenance religieuse a pris une place importante dans certains quartiers. Cette affirmation communautaire séduit de plus en plus d’habitants qui se convertissent à l’islam».

J’aurais été un prêtre de Roubaix, dimanche soir, devant ma télé, j’aurais reçu un grand coup de poing au creux de l’estomac: mais qu’a-t-on loupé ? Qu’a-t-on bricolé durant toutes ces années pour en arriver là?

Ce n’est pas faute, pourtant, de s’être occupé des quartiers déshérités. Ça oui, l’Église en a pris soin, elle a aimé ces gens-là. Il serait faux de dire qu’elle a déserté. Mais les a-t-elle «bien» aimés ? Ne s’est-elle pas occupée d’eux trop «horizontalement», leur fournissant, si nécessaire, gîte et couvert, assistance scolaire ou juridique mais sans se demander s’ils n’avaient pas d’autres aspirations, «verticales» celles-là, des aspirations que d’autres sont venus combler? Et n’était-ce pas une forme de mépris de croire ces classes populaires seulement préoccupées de besoins matériels primaires, et incapables d’interrogations ontologiques ?

Pour se mettre à la portée d’un monde par trop sécularisé, l’Église a cru bon de détourner les écoles catholiques de leur spécificité première, vidant le catéchisme de sa substance, réduisant peu ou prou celui-ci à une vague apologie de la gentillesse. Sans voir que de cette grande braderie spirituelle allait naître une formidable injustice sociale, seuls «les héritiers» – pour reprendre la terminologie de Bourdieu – gardant par-devers eux la foi, ce patrimoine impalpable de l’Église que les familles bourgeoises, par «habitus» de transmission, ont su faire passer de façon intrafamiliale ou par des réseaux connus d’elles seules.

Mais les enfants des quartiers populaires, eux, n’étaient pas invités à «la table du partage», même en faisant tout ou partie de leur scolarité dans le privé. À eux les coloriages de coccinelles, aux autres – les privilégiés – la Sainte-Trinité, l’Incarnation et la Rédemption, la Foi, l’Espérance et la Charité. Comme les enfants de Dickens devant la vitrine de Noël, ils n’ont pas pu toucher du doigt ce trésor spirituel et culturel, même pas s’en approcher un peu.
Par appétence aussi pour une religion éthérée, intellectualisée, l’Église s’est dépouillée de ses rites, de ses dévotions populaires empreintes parfois de superstition… croyant, en sus, sans doute qu’en baissant les exigences, elle allait appâter. Sans voir que les «petites gens» vivaient moins dans le concept que dans le concret, et qu’une autre religion, toute de rites contraignants, allait les séduire.
Pour ne point mettre à mal le dialogue interreligieux, on a laissé prospérer, dans l’ambiguïté, un certain syncrétisme, nourri par l’ignorance, annihilant toute velléité de résistance aux puissants assauts prosélytes de l’islam: on prie plus ou moins le même Dieu, non ?
Ce reportage a-t-il fait l’effet d’un électrochoc sur le clergé de Roubaix et d’ailleurs? Lui a-t-il fait mesurer que, dans cette quête spirituelle des «quartiers», lui seul – et non les grands prêtres de la laïcité – avait une carte à jouer ?
Celui-ci a-t-il senti qu’autant que plaindre les chrétiens d’Orient réfugiés sur notre sol, il faut les écouter quand, forts de leur expérience, ils s’inquiètent pour lui, l’exhortent à réagir, et montrent l’exemple d’une foi claire d’enfant, exempte de complexes et de fausse pudeur ?

* * *

Denis Crouan poursuit son article en citant le courrier d'un de ses lecteurs:

Cet article publié sur un site qui n’est pas un site catholique, ni même chrétien, est remarquable de lucidité et de clairvoyance. Pour la première fois (??), une éditorialiste réussit à mettre le doigt sur le vrai problème qui est à la racine de tous les autres: les choix qui ont été fait au sein de l’Eglise elle-même et la crise sans précédent qui en résulte.
Comment, en effet, s’étonner que des jeunes français non-issus de l’immigration récente, habitant parfois dans de petits villages de campagne se retrouvent paumés au point d’embrasser une idéologie fanatique et guerrière, et de partir dans un pays lointain pour y risquer leur vie? Comment s’étonner que des familles entières se convertissent à une forme d’Islam particulièrement radicale, alors qu’elles ne sont pas, elles non plus, issues de l’immigration récente ? Pourtant, cette génération complètement déboussolée est issue d'une population française qui, elle, fut chrétienne, qui avait un lien plus ou moins réel avec l’institution catholique, au moins à travers les baptêmes, les mariages, les enterrements, etc.

Mais comment cette institution aurait-elle put endiguer ce triste phénomène?
Depuis quarante ans, l’Eglise de France (ndlr:pas seulement de France, hélas!) n’a plus qu’une seule obsession: disparaître. Se fondre. S’enfouir. Se cacher.
Dans l’application de ce programme, elle a, il faut le reconnaître, admirablement réussi : aujourd’hui ni les prêtres, ni les religieux ni les religieuses ne portent plus l’habit correspondant à leur état et préfèrent se fondre dans la masse en portant des vêtements civils ; en outre, sauf en de très rares endroits, on n’organise plus de processions.
Première conséquence : l’Eglise est devenue invisible. En ce début de XXIe siècle, il est désormais possible qu’un Français naisse, grandisse, vieillisse et meurt sans croiser un seul prêtre ni une seule religieuse de toute son existence.
Deuxième conséquence : l’Eglise est devenue inaudible. Dans les sermons, la foi chrétienne est désormais noyée dans un flot de verbiage inconsistant évoquant la gentillesse, la générosité, le souci de l’Autre, bref, des valeurs évanescentes et consensuelles mettant systématiquement sous le boisseau tout ce qui, dans la doctrine catholique, pourrait heurter le conformisme ambiant. Les évêques ne dénoncent rien et ne critiquent que mollement, sans conviction profonde. Ils ne condamnent jamais.
Cela nous amène à la troisième conséquence, peut-être la plus grave : l’Eglise est devenue inodore. Lorsqu'un non-croyant entre par hasard dans une église au cours d’une célébration, que ce soit par curiosité ou pour participer à un événement familial, il assistera bien souvent à un spectacle grotesque qui ne différera que très peu de ce qu’il pourrait voir en allumant la télé à l’heure des émissions de télé-réalité les plus abrutissantes : bavardages sans intérêt, matérialisme et absence de toute forme de transcendance, horizontalité désespérante, empilage inconsistant de banalités ennuyeuses et d’attitudes puériles... Rien en tout cas qui puisse l’inciter à remettre les pieds dans une église.
Devenue invisible, inaudible et inodore, l’Eglise de France n’a donc plus d’autre choix que de disparaître, son propre effacement du paysage sociétal français étant peut-être la seule chose qu’elle ait réussit depuis quarante ans...

“ Je ne suis pas sûr que l’Eglise ait eu raison de supprimer les processions, les manifestations extérieures du culte, les chants en latin. On a toujours tort de donner l’apparence de se renier, d’avoir honte de soi-même. Comment voulez-vous que les autres croient en vous, si vous n’y croyez pas vous-même ?” disait le Général De Gaulle à Alain Peyrefitte en 1963.

La propagande plus que néfaste - mortifère! - assénée par les medias du système et reprise complaisamment par l'Eglise à travers les prédications de ses prêtres se niche absolument partout, en particulier évidemment à la télévision, véritable outil de "viol des consciences". De la publicité aux fictions, des émissions de divertissement aux documentaires culturels comme Thalassa, jusqu'aux bulletins météo, elle nous envahit, nous submerge, nous étouffe.

Témoin, le feuilleton très regardé (y compris par moi, qui y trouve matière à réflexion, parce que c'est un véritable miroir de notre société devenue folle) "Plus belle la vie", véritable arme de destruction massive... des cervaux distraits ou insuffisament pourvus d'anticorps, dont j'ai déjà eu l'occasion de parler ici: benoit-et-moi.fr/2007. (à propos, dans un épisode récent, on y chante les louanges du "pape François", un "pape qui donne envie" - sic!)
Caroline Artuis lui consacre aujourd'hui, toujours sur le site Boulevard Voltaire un billet intitulé "Stupeur et tremblements! Plus belle la vie fait la promotion du djihad" ( cf. www.bvoltaire.fr/carolineartus/dans-plus-belle-la-vie-le-djihad-est-un-combat-interieur):

Dans l’épisode 27 de la saison 11, «Tu as travaillé, ça a marché, tu as gagné ton premier djihad », dit une lycéenne à son camarade. «Mais je ne suis pas un terroriste qui tue des gens qui n’ont rien fait. » Il n’avait rien compris ! Le djihad, c’est un «combat intérieur, c’est écrit dans le Coran».
Mise en avant de l’homosexualité, du multiculturalisme et du métissage, propension certaine à voir en l’homme blanc un raciste indécrottable, la série nous avait (presque) habitués. Mais en faisant du prosélytisme religieux – musulman et djihadiste - mensonger avec ce feuilleton regardé chaque soir par six millions de spectateurs, dont les âges doivent s’échelonner de 8 à…, la chaîne v(i?)ole là les consciences de nos enfants, et par la diffusion de la série, assoit son outil de propagande musulmane.
(..)
Dans un pays laïc, "Plus belle la vie" aurait à peine le temps de faire scandale qu’elle serait aussitôt définitivement supprimée. Dans notre pays gouverné par des socialistes, cette série prouve sans autre forme de procès que la République assume sa volonté de balayer 2.000 ans de christianisme.

J'ajoute que pour faire bonne mesure, la jeune musulmane qui séduit le benêt franchouillard répondant au prénom décidément emblématique de Kevin, dont les parents sont des "petits blancs" - le père, sorte d'ectoplasme au chômage et la mère femme de ménage plus ou moins encartée au FN - est une délicieuse jeune fille qui certes porte un foulard (qu'elle enlève au lycée, pour respecter la sacro-sainte "laïcité") mais ne "couche pas", s'exprime bien, est soumise à son père, élève brillante, etc... En total contraste avec les "ados" français, mal polis, odieux avec leurs parents, ingérables et rétifs aux études, avec un vocabulaire réduit à une centaine de mots mâtinés de franglais, de verlan et autres jargons indéchiffrables pour moi.

Un épisode récent est une illustration parfaite de ce qui précède.
La jeune musulmane explique à Kevin à quel point la religion est importante pour elle, ajoutant ingénument "Pas pour toi?". Stupéfaction du garçon, pour qui le mot "religion" n'évoque manifestement rien.
Rentré chez lui, il interroge sa mère: "on est quoi, comme religion? on est catholiques?". Et celle-ci lui répond "Heureusement, non! Tu n'es même pas baptisé".
Tout est dit!

Comme l'a répété si souvent Benoît XVI "un monde dont Dieu est absent est un monde de plus en plus inhumain".
Même les scénaristes du feuilleton l'ont compris, même s'ils font passer une propagande mensongère à travers la fiction.

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