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L'"équidistance"

Juan Manuel de Prada revient à sa façon sur l'affaire des affiches des " Prêtres " dans le métro parisien. Traduction de Carlota

Dans un langage volontairement peu châtié (pour ne pas dire plus) mais efficcace, JM de Prada se démarque heureusement de l'unanimisme suspect qui sur cette affaire a traversé la classe politique (jusqu'à Vals et Mélenchon!!!) et médiatique (jusqu'à Libé!) en faveur des chrétiens d'Orient, et incidemment des catholiques en France (raison pour laquelle j'avais évité d'en parler). Certes, on peut s'en réjouir... mais cela n'interdit pas de nourrir quelque arrière-pensée sur les motivations de ces défenseurs aussi tardifs qu'inattendus.

(Carlota)
Juan Manuel de Prada revient sur l’affaire des affiches des « Prêtres » dans le métro parisien. Il parle d’équidistance, valeur de l’Occident mondialiste, l’on pourrait aussi dire, écart égal, en fait pseudo impartialité, celle qui consiste à mettre au même niveau, des éléments non comparables. Et c’est bien ce qu’a semblé faire la RATP qui a évoqué sa neutralité, dans son communiqué justifiant le retrait des bandeaux indiquant le but du concert, et donc a fait de facto un parallèle entre des civils sans défense dont des femmes, des enfants et des vieillards, et des hommes de guerre puissamment armées massacrant, réduisant en esclavages des femmes et des enfants, etc., avec des soutiens puissants venus de l’extérieur.

L’Équidistance

JUAN MANUEL DE PRADA
6 avril 2015
www.abc.es

Tout le monde s’est rendu compte que le récent massacre à l’université de Garissa, au Kénya, n’a pas provoqué les mêmes lamentations parmi les gouvernants occidentaux que, par exemple, l’assassinat des caricaturistes de Charlie Hebdo ; cela n’a pas non plus déchaîné la succession enfiévrée de proclamations et de manifestes auxquels les intellectuels de gauche comme de droite nous ont habitués ; et des manifestations avec des foules immenses porteuses de pancartes de solidarité (« Je suis Untel ou Unetelle »), pour que les masses crétinisées puissent faire couler une petite larme et revenir à la maison tout fières de s’être faites connaître, n’ont même pas été montrées

Il est probable, au contraire, que certains ne se soient pas rendu compte que, tandis que les jeunes chrétiens kényans étaient massacrés, le métro de Paris exigeait le retrait d’affiches qui annonçaient le concert de curés chanteurs ; et ce n’était pas fait par aversion à cette plaie contagieuse que sont les curés chanteurs (1), mais parce que, comme le spécifiaient les affiches, la collecte du concert était destinée aux « chrétiens d’Orient »

Pour justifier l’enlèvement des affiches (2), le métro de Paris a allégué qu’elles violaient la « laïcité », une excuse en vérité démente, car donner de l’argent à quelqu’un qui en a besoin ne signifie pas faire une profession de foi ni du prosélytisme. Ce qu’en fait voulaient dire ces misérables c’est que les affiches d’avant violaient l’«équidistance » (..). Ce qu’ont fait ces misérables merdeux (ndt sic!) du métro de Paris, nous le voyons sous des expressions moins diarrhéiques ou plus dissimulées, dans n’importe quel endroit de l’Occident, y compris dans notre Espagne en pleine putréfaction ; si ce n’est que les Français, qui viennent de recevoir leur coup de massue hebdomadaire, sont encore plus merdeux que le reste, et dans leur souci de prendre la posture (3) équidistante, exagèrent la note jusqu’à l’abjection (4).

Mais la maladie de l’équidistance c’est le fantasme qui entoure tout l’Occident néo-païen : en souffrent ses petits politicards, de pauvres moinillons au service d’un Nouvel Ordre Mondial qui considère comme bien clair (et l’a toujours considéré) que le véritable ennemi c’est le christianisme dont la défaite doit être obtenue par tous les moyens, y compris au profit de la terreur islamique, qui peut en pousser beaucoup à l’apostasie par peur ; et en souffrent aussi les masses crétinisées occidentales, ces foules de païens (dans le double sens du mot : parce qu’ils ont cessé de croire en Dieu et parce qu’ils ne sont plus que des troupeaux de pucerons que le Nouvel Ordre Mondial trait par l'intermédiaire de l'impôt, pour financer ses usures), qui, d’une manière trompeuse, pensent que les religions, - comme cela, au pluriel, sont une calamité qui doit être répudiée, car elles empêchent l’avènement des lumières au gaz de la Dame Raison, et l’abondante jouissance de la Demoiselle Démocratie, sa petite fille dévergondée et câline.

À noter, quant au reste, que les djihadistes, qui savent très bien que le Nouvel Ordre Mondial, est anti-christique, ne dirigent pas leurs attaques contre les organismes du N.O.M., ni contre leurs faucons, mais contre des chrétiens. Ils n’entrent pas avec leurs mitrailleuses dans le gymnase de tel grand manitou de l’ONU, ou chez la coiffeuse de telle grande manitou du Fond Monétaire Internationale, mais dans des églises catholiques ou orthodoxes, ou dans des universités où ils savent qu’y étudient des chrétiens (et, avant de les tuer, ils s’assurent qu’ils en sont). On en revient ainsi à démontrer que la folie djihadiste et l’«équidistance» occidentale ont une stratégie et un ennemi communs. Et que cette folie et cette «équidistance» sont guidées par la même lumière, cette lumière, - selon les mots de Chesterton, « qui jamais ne s’est éteinte, un feu blanc qui s’accroche comme une phosphorescence extraterrestre, en faisant briller sa trace par tous les crépuscules de l’histoire : c’est le halo de la haine autour de l’Église du Christ ».

NDT

(1) A priori, l’auteur ne semble pas être un fana des curés qui se transforment en chanteurs (même s’il emploie dans le texte original un terme que l’on utilise aussi pour le rossignol), mais c’est aussi pour insister sur l’affaire. Une affaire, qui grâce aux réseaux sociaux, a pu être dévoilée. On a aussi appris que la RATP (donc compagnie des métros parisiens) avait signé un contrat très important pour des transports urbains dans une pétromonarchie du Golfe… Sans rapport ?

(2) Bandeau de l’affiche précisant la destination de la collecte.

(3) En espagnol, l’auteur use d’un néologisme correspondant à comportement en accord avec le monde et la mode, voire le politiquement correct.

(4) Et encore l’auteur ne donne pas à ses lecteurs espagnols tous les contre-exemples de la rupture de ce principe de laïcité que les usagers du métro supportent quand il s’agit d’autres communautés non chrétiennes et il n’avait pas eu encore connaissance de la décision de Justice voir ici.

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