Page d'accueil | Pourquoi ce site

L'Eglise se convertit à l'idéologie mondialiste

Fortes pressions, en vue de la prochaine publication de l'encyclique papale sur l'environnement. Un sommet parrainé par l'ONU et "Religions for Peace" organisé au Vatican. La mise en garde de Riccardo Cascioli dans un éditorial - à lire absolument - sur la Bussola.

>>> Ci-contre: le Pape et le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon

Nouvelles du Vatican


VIS, mardi 28 avril 2015
Rencontre avec le Secrétaire Général des Nations-Unies

Vers 9 h le Saint-Père s'est rendu au siège de l'Académie pontificale des sciences pour y rencontrer en privé le Secrétaire Général des Nations-Unies, qui devait y prononcer le discours introductif d'une table ronde intitulée: Protéger l'environnement en faveur de l'humanité, la dimension morale des changements climatiques et du développement durable. Remerciant son hôte d'avoir accepté de s'exprimer le 25 septembre à la tribune de l'ONU, M. Ban Ki Moon lui a dit combien est attendue sa prochaine encyclique. Expliquant ensuite les derniers développements de la politique des Nations-Unies en matière de protection de l'environnement, il a informé le Pape des mesures en cours dans le cadre des catastrophes humanitaires qui frappent certaines régions du monde.

* * *

Vatican Insider, 28 avril 2015
Bref salut du pape attendu pour l'initiative promue par l'Académie pontificale des Sciences sociales, Religions for Peace et l'ONU le 28 Avril. Parmi les personnes présentes, Maria Voce et Jeffrey Sachs

Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, et le Président de la République italienne, Sergio Mattarella, seront présents demain au Vatican pour la conférence «Protéger la terre, ennoblir l'humanité: les dimensions morales du changement climatique et le développement durable ». Est prévue un bref salutatdu pape, qui vient de terminer l'écriture d'une encyclique sur la protection de la création qui devrait être publié d'ici l'été.

L'événement est promu dans la Casina Pio IV par l'Académie pontificale des sciences sociales, en collaboration avec Religions for Peace e United Nations Sustainable Development Solutions Network. «Le workshop (sic!!) - informe le site de l'académie vaticane - entend informer et parvenir à un consensus sur le fait que les valeurs du développement durable sont compatibles avec les valeurs des principales traditions religieuses, avec une attention particulière aux plus vulnérables. En outre, il vise à conduire à un niveau plus élevé le débat sur les dimensions morales de la protection de l'environnement, avant l'encyclique papale, et à permettre de consolider un mouvement mondial interreligieux en faveur du développement durable pour combattre le changement climatique en 2015 et au-delà. Le résultat souhaité est une déclaration conjointe sur l'impératif moral et religieux du développement durable, qui souligne le lien intrinsèque entre le respect de l'environnement et le respect des personnes, en particulier les pauvres, les exclus, les victimes de la traite d'êtres humains et de l'esclavage moderne, les enfants et les générations futures».

Le chancelier de l'Académie pontificale des Sciences sociales, le prélat argentin Marcelo Sanchez Sorondo présentera le Symposium, qui sera ensuite ouvert par le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, et le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon. Également invitée Maria Voce, en tant que co-présidente de Religions for peace.

[Parmi les participants, Jeffrey Sachs, l'un des présumés "nègres" du Pape pour l'encyclique sur l'écologie, et dont nous avions traduit un portrait ici: benoit-et-moi.fr/2015-I/actualite/qui-est-jeffrey-sachs].

L'avertissement de Riccardo Cascioli

L'Eglise se prépare à accepter le contrôle des naissances

Riccardo Cascioli
28 avril 2015
www.lanuovabq.it
-----

Il y a une étrange excitation autour de l'encyclique annoncée sur l'environnement, que le pape François devrait enfin publier avant l'été. Elle est étrange surtout parce que ce sont les milieux laïcs (et laïcistes) qui semblent le plus en attente. Désormais, pas un jour ne passe sans que la grande presse internationale ne consacre un article à la révolution écologique qu'apportera ce pontificat. Comme le Washington Post d'hier, selon lequel le Pape François «soulèvera des préoccupations urgentes sur le réchauffement de la planète et mettra l'accent sur l'impact humain du changement climatique». Le Washington Post annonce même triomphalement que c'est la première fois dans l'histoire qu'un pape choisit «pour un écrit aussi important» une date de publication étudiée spécialement «pour influencer un processus civil, en l'occurrence le Sommet de l'ONU sur les changements climatiques qui doit se tenir à Paris en Décembre prochain».

Probablement, jamais auparavant une encyclique n'avait été autant attendue et par ailleurs autant annoncée dans ses contenus. Tant et si bien que quand elle sera enfin publiée, elle risque de ne pas être considérée dans son contenu réel, puique tous donnent déjà pour acquis ce qu'elle dira.

Mais pourquoi toute cette excitation, tout cet enthousiasme? Tout simplement parce que, à tort ou à raison, on voit à portée de main un objectif qui jusqu'à récemment semblait inaccessible, autrement dit amener l'Eglise catholique elle aussi dans le choeur écologiste des religions, en soutien de la doctrine officielle sur le climat.

Jusqu'à présent en effet, en dépit des pressions internes et externes fortes, le Saint-Siège a toujours représenté l'ultime obstacle insurmontable en défense de la dignité humaine contre l'idéologie mondialiste qui veut les personnes totalement dépendantes - dans la formation et l'information - du pouvoir dominant. Les Conférences internationales de l'ONU, depuis les années 90, en sont un exemple: si dans les documents internationaux approuvés à ce jour, nous ne trouvons pas l'avortement élevé au rang de droit humain fondamental, la reconnaissance des genres à la place des sexes, et la déconstruction de famille, on le doit justement à l'activité dans ces instances de la délégation du Vatican, dont les représentants ont été en mesure de rassembler un nombre suffisant d'Etats pour envoyer tous les plans en l'air.

Un autre exemple en est l'encyclique de Benoît XVI Caritas in Veritate qui, malgré les fortse pressions reçues même de certains épiscopats européens, ne se plie pas à la mentalité dominante
; et affirme le concept de «développement humain intégral» là où l'on voulait insérer «développement durable». En cela, l'Eglise catholique s'est toujours démarquée de toutes les autres religions, qui depuis désormais très longtemps se sont alignées sur l'idéologie mondialiste de l'ONU, au point d'avoir créé une espèce d'ONU des religions (cf. www.religionsforpeaceinternational.org) qui devrait offrir un support moral aux politiques mondiales - voir le développement durable - décidées par les agences de l'ONU. Seule l'Église catholique, voyant à juste titre dans ces politiques une menace à la dignité humaine au nom de valeurs abstraites, n'a jamais accepté l'alignement tout en gardant le dialogue ouvert.

Mais tout cela semble désormais le passé, tant et si bien qu'aujourd'hui se déroule une grande conférence organisée par l'Académie Pontificale des Sciences Sociales sur le thème du changement climatique: «Protéger la terre, ennoblir l'humanité: les dimensions morales du changement climatique et du développement durable» en est le titre. Et le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon lui-même, y assiste pour dire l'intérêt que suscite le tournant de l'Eglise.

La présentation de la conférence dit que le but est de «sensibiliser et créer un consensus sur les valeurs du développement durable en harmonie avec les valeurs des principales traditions religieuses, avec une attention particulière aux plus vulnérables». Le but du symposium est aussi de «contribuer au débat mondial sur la question, en indiquant les "dimensions morales" qui sont à la base de la protection de l'environnement avant l'encyclique papale» et en aidant à «construire un mouvement mondial dans toutes les religions pour le développement durable et le changement climatique tout au long de 2015 et au-delà».

Adhésion à l'idéologie du développement durable, intégration avec les autres religions dans la recherche d'une éthique mondiale, soutien inconditionnel de l'idéologie du changement climatique (sous-entendu: causé par l'homme). Voici la nouvelle orientation, promue donc à cette occasion par l'Académie pontificale des sciences sociales, mais malheureusement désormais largement partagée au Vatican. Probablement aussi (mais pas seulement) par ignorance.

Même une personne ignorante, en effet, devrait au moins demander pourquoi dans Caritas in veritate, on parle de «développement humain intégral» et non pas «durable», et aujourd'hui tout observateur devrait se demander pourquoi une institution de l'Église décide d'approfondir et de promouvoir un concept qui lui est étranger, plutôt qu'un concept qui naît de l'anthropologie chrétienne.

Mais revenons à la question de l'ignorance. Dans la vulgate commune, «développement durable» se réfère à des modèles de développement économique qui tiennent compte de la protection de l'environnement. Qui ne serait pas d'accord avec une formulation de ce type, même abstraite?
Mais les choses ne sont pas ainsi: le concept de développement durable s'affirme dans le cadre de l'ONU avec le rapport de la Commission Brundtland sur la population et le développement (Our Common Future, 1987, cf. fr.wikipedia.org/wiki/Rapport_Brundtland ) et se base sur une vision négative de l'homme, dont la présence et les activités sont de toute façon néfastes à la fois pour le développement et pour l'environnement. Le développement économique et la croissance démographique sont ainsi identifiés comme les principaux ennemis de l'équilibre de l'ensemble de l'écosystème, et à dater de ce moment, les politiques de développement durable servent à couvrir - avec l'excuse de protéger l'environnement - de vieux projets: la désindustrialisation du monde développé et le contrôle des naissances dans les pays pauvres. Ce n'est pas un hasard si, dans les inutiles et coûteuses conférences climatiques qui ont lieu depuis la signature du Protocole de Kyoto en 1997 dans l'espoir d'un accord global sur la question, le rejet de la Chine continentale à se soumettre à des règles contraignantes pour son développement a toujours été justifié par le fait que Pékin a déjà fait sa part, en empêchant avec la «politique de l'enfant unique» la naissance de 400 millions de personnes.

Et puis on ne peut pas voir sans inquiètude qu'au Symposium qui se déroule aujourd'hui au Vatican, l'orateur principal est Jeffrey Sachs, ancien économiste en chef à l'ONU, directeur de l'«UN Sustainable Development Solutions Network». Sachs, qui a également été co-opté dans l'Académie pontificale et, selon certaines sources a collaboré activement à la rédaction de l'encyclique à sortir du Pape François (cf. benoit-et-moi.fr/2015-I/actualite/qui-est-jeffrey-sachs), est l'interprète le plus fidèle de cette conception du développement durable et est évidemment un partisan fanatique des politiques de contrôle des naissances.
L'histoire habituelle: pour éliminer la pauvreté, il suffit d'éliminer physiquement les pauvres.
J'ai eu l'occasion de rencontrer Sachs il y a quelques années lors du Meeting de Rimini (ndt: la rencontre annuelle de Communion et Libération), où il était l'un des orateurs, et à la question sur ce thème, il a répondu avec un sourire: «J'ai rencontré de nombreux évêques qui sur le contrôle des naissances m'ont dit en privé qu'ils sont d'accord avec moi, même si pour des raisons évidentes ils ne peuvent pas le dire ouvertement».
Les «raisons évidentes» sont bien sûr le Magistère de l'Eglise, la «tristement célèbre» doctrine qui explique que chaque vie humaine est sacrée et ne peut être sacrifiée pour une raison quelconque, même pour la sauvegarde de la planète (en admettant qu'il y ait un conflit d'intérêts), même pour un présumé (mais pas avéré) bien des générations futures.

Voilà, la route sur laquelle l'Église s'engage est celle-là: approuver tacitement le contrôle des naissances tout en parlant d'autre chose.

  Benoit et moi, tous droits réservés