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"Santé reproductive": Sorondo perd son sang-froid

et utilise malencontreusement la "novlangue" onusienne. Après avoir invité au Vatican Jeffrey Sachs et Ban ki-Moon, deux promoteurs notoires de la "culture de mort" et du concept de "santé reproductive", le prélat argentin répond agressivement aux critiques... qui ne se laissent pas faire.

>>> Voir ici:
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Un prélat de Curie très agressif : A propos d'un présumé inspirateur de l'encyclique "Laudato sii", Jeff Sachs, Mgr Marcelo Sánchez Sorondo, argentin, réputé proche du Pape, interrogé par un influent blogueur "conservateur" américain, répond avec une agressivité qui en dit long sur son "ouverture" et sa conception toute "franciscaine" de la miséricorde! (2/6/2015)
¤ Et aussi: "Le titre d'une encyclique">Mise à jour du 3/6

La réponse de Riccardo Cascioli (La Bussola)

Avortement et climat, au Vatican

www.lanuovabq.it
27 mai 2015
(ma traduction)
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Cher Mgr Marcelo Sanchez Sorondo,
Je lis avec consternation l'interview que vous avez accordée au site américain C-Fam (cf. Un prélat de Curie très agressif), où vous répondez aux critiques et aux questions qui se sont abattues sur les Académies pontificales dont vous êtes chancelier (celles des sciences et des sciences sociales) après la conférence sur le changement climatique et le développement durable d'il y a deux semaines. Critiques et questions, rappelons-le, qui se concentrent principalement sur la présence en tant qu'intervenants de Jeffrey Sachs et du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, tous deux néo-malthusiens notoires, pour qui c'est même un devoir de réduire le nombre d'habitants de la terre.

Selon vos paroles, celui qui nie ou met en doute la théorie du réchauffement climatique anthropique (c'est-à-dire causé par l'homme) est à la solde de l'industrie pétrolière. En d'autres termes, selon vous, la seule raison pour laquelle des scientifiques et des experts cherchent à démontrer l'inconsistance de cette théorie, est leur corruption personnelle.

Comme l'auteur de ces lignes est parmi eux, ayant d'ailleurs écrit plusieurs livres et d'innombrables articles sur les «mensonges des écologistes», je me sens personnellement offensé par vos propos calomnieux, et je vous défie publiquement de démontrer vos affirmations, apportant la preuve concrète de mes liens avec une quelconque industrie du pétrole, si l'on excepte ma visite habituelle au distributeur pour le plein de ma voiture. Que certaines accusations ridicules soient portées par des militants écologistes qui cherchent à imposer des politiques écologiques en discréditant quiconque ne s'aligne pas sur la pensée unique est une chose; le fait qu'un évêque catholique qui préside une académie pontificale les fassent siennes avec une lelle légèreté en est une autre.

Avec ces mots, vous offensez également des centaines de scientifiques honnêtes qui ont consacré leur vie à l'étude de phénomènes que nous connaissons en grande partie encore très peu. Au contraire, vous devriez commencer à prendre au sérieux l'idée que ce sont plutôt vos «amis» écologistes qui sont les meilleurs alliés de l'industrie pétrolière. Parce que, pour ne citer qu'un exemple, les campagnes contre l'énergie nucléaire et l'imposition des énergies renouvelables (coûteuses et inefficaces) sont la meilleure garantie pour ceux qui tirent des profits des combustibles fossiles.

Mais ce qui cause encore plus de désarroi, ce sont quelques-unes des affirmations que vous avez faites.
Par exemple, lorsqu'on vous a demandé si vous étiez au courant que Sachs est publiquement en faveur de l'avortement, vous avez dit qu'«il n'y a pas seulement la tragédie de l'avortement», mais qu'il y a aussi les nombreuses formes de l'esclavage moderne: la traite des êtres humains, le travail forcé, la prostitution, le trafic d'organes, qui seraient tous liés. Et vous expliquez: «La crise climatique conduit à la pauvreté et la pauvreté conduit à de nouvelles formes d'esclavage, à l'émigration forcée, et à la drogue, et tout cela peut aussi conduire à l'avortement.». Donc, en fin de compte, l'avortement serait causé par le changement climatique et celles qui y auraient recours seraient des femmes réduites à la pauvreté précisément à cause du climat.

Eh bien, avec tout le respect dû, je dois dire que parmi les nombreuses idioties sur le climat lues au cours des dernières années, celle-là les surpasse toutes, et que ce serait comique si ce n'était tragique. Cinquante millions d'avortements par an, un massacre qui n'a pas d'égal dans l'histoire, que certains - parmi lesquels votre «ami» Sachs - réclament comme droit humain fondamental, et vous, vous en faites l'une des conséquences du changement climatique. Certes, dans le monde, malheureusement, beaucoup de crimes se comettent - et dans ce cas, la racine est le péché originel, pas le changement climatique - mais l'avortement reste le pire de tous, à la fois par l'ampleur du phénomène et par sa nature: l'élimination consciente de la créature la plus vulnérable, la plus démunie. «Un crime abominable» comme l'a appelé le Concile Vatican II, une expression reprise par le pape François. Cela ne diminue en rien la gravité des autres crimes contre la personne, mais tout vient de là, de la suppression de l'enfant dans le sein maternel, autre chose que le changement climatique.

Ensuite, vous affirmez que c'est grâce à l'étroite concertation que vous avez eue avec Sachs et Ban, que dans le projet des ODD (Objectifs du Développement Durable), il n'est pas fait référence à l'avortement ou au contrôle de la population; on parle de «d'accès au planning familial, de santé sexuelle et reproductive et des droits en matière de reproduction», formules que - selon vous - certains gouvernements peuvent «interpréter dans le sens de Paul VI, en termes de paternité et de maternité responsable».

Ici, il est évident que vous ignorez totalement l'histoire des conférences internationales de l'ONU et l'origine de ces formules. Et vous n'avez probablement jamais rien lu sur la Conférence du Caire sur «Population et développement» (1994), vous n'avez pas non plus suivi récemment les furieuses batailles qui sont menées dans chaque commission de l'ONU, mais aussi de l'Union européenne justement autour « de la santé et des droits reproductifs». Donc, vous ne savez pas que le concept de santé reproductive a été introduit précisément pour diffuser la contraception et l'avortement, en les faisant rentrer dans les programmes sanitaires de base. Il est évident que vous ignorez que les droits reproductifs concernent l'auto-détermination de la femmes à décider de la vie dans son ventre.

Vous ignorez alors tout cela et bien plus , et c'est presque incroyable étant donné la position que vous occupez. Mais justement à cause de cela, dans votre cas, l'ignorance - si c'est de cela qu'il s'agit - ne constitue pas une circonstance atténuante, c'est même une circonstance aggravante.
Par ailleurs, je vous serais reconnaissant si vous m'indiquiez quels sont les gouvernements qui interprètent la «santé reproductive» dans le sens de «paternité et maternité responsables», cela me permettrait de combler une lacune.

Il y a un autre élément dans vos réponses qui mérite d'être repris: vous tenez pour acquis que ce sont les changements climatiques qui sont à l'origine de la pauvreté et vous attendez une solution d'un accord global sur les politiques climatiques. Mais il n'en va pas ainsi: la vulnérabilité aux événements climatiques extrêmes - qui ont toujours été là - diminue avec l'amélioration des conditions économiques, hygiéniques et sanitaires. Imposer des politiques qui, avec l'excuse du climat, empêchent le développement, signifie maintenir des populations entières dans la pauvreté et y faire sombrer d'autres. Ce n'est pas un hasard si les rapports du WWF montrent que les pays ayant le meilleur équilibre écologique sont Cuba et la Corée du Nord.

En conclusion, ôtez-moi un petit doute: dans un précédent article (cf. ma traduction ici: L'Eglise se convertit à l'idéologie mondialiste) je soutenais que l'Eglise se préparait inconsciemment à favoriser le contrôle des naissances, en poursuivant la mode écologiste et en ne réalisant pas que tel est précisément le but des «Seigneurs du climat». Non que ce ne soit pas grave de toute façon, mais je dois dire qu'à la lecture de vos réponses, il m'est venu le doute atroce qu'en effet l'adhésion aux politiques de contrôle des naissances n'est pas vraiment inconsciente. J'espère être démenti.

Et les précisions de Sandro Magister

Imbroglio diplomatique. Sánchez Sorondo et la «santé reproductive»

magister.blogautore.espresso.repubblica.it/
6 juin 2015
(ma traduction)
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«C'est une grosse erreur que l'Eglise se permette d'utiliser les mots qui sont utilisés à l'ONU. Nous avons un vocabulaire pour exprimer ce que nous croyons» (cf. Ne trompons pas les gens avec la miséricorde).

Cet avertissement du cardinal Robert Sarah s'applique parfaitement à la polémique qui a éclaté entre l'évêque argentin Marcelo Sánchez Sorondo, chancelier des Académies pontificales des sciences et des sciences sociales, et un de ses détracteurs d'outre-Atlantique, Stefano Gennarini, à propos du tapis rouge déroulé le mois dernier au Vatican pour l'économiste Jeffrey Sachs et le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, tous deux partisans actifs de la réduction des naissances, en particulier dans les pays pauvres, grâce à la contraception et à l'avortement promu sur une grande échelle (voir ici).

Mais la polémique s'est poursuivie de manière encore plus enflammée.

Avant tout parce que Gennarini a contre-répliqué aux réponses faites par Sánchez Sorondo à ses détracteurs, et il l'a fait dans "First Things", une des tribunes les plus autorisées du catholicisme conservateur aux États-Unis (cf. The Wrong Way to Respond to Critics - La mauvaise façon de répondre aux critiques)

Ensuite parce que l'anglaise Margaret S. Archer, présidente de l'Académie pontificale des Sciences sociales (PASS), est descendue dans l'arène pour défendre Sánchez Sorondo contre cette deuxième attaque (PASS President Margaret Archer’s reply to First Things attack)

Gennarini avait eu beau jeu de contester à Mgr Sánchez Sorondo ces mots:

«Nous en avons dicuté, et comme vous pouvez le voir, dans l'ébauche des ODD (objectifs de développement durable) on ne parle pas d'avortement ou de contrôle des naissances, mais on parle d'"access to family planning" et de "sexual and reproductive health and reproductive rights"» (Un prélat de Curie très agressif).

Les formules citées par Sánchez Sorondo pour se justifier, en effet, sont précisément celles avec lesquelles l'ONU a toujours entendu promouvoir l'avortement comme «service sanitaire de base», depuis les conférences du Caire et de Pékin au milieu des années 90.
Tant et si bien que les diplomates du Saint-Siège se sont toujours battus vigoureusement contre l'utilisation de ces formules: obtenant parfois leur annulation, ou, en cas d'échec, rendant leur désaccord public.

Sur <First Things>, Gennarini critiquait Mgr Sánchez Sorondo pour s'être placé en contradiction avec ces lignes directrices constantes du Saint-Siège, en souscrivant comme si elles étaient inoffensives aux formules abortistes que celui-ci a toujours contrées.
Margaret Archer, intervenant en dernier, n'a pas non plus été en mesure de défendre sur ce point crucial le chancelier de l'Académie pontificale dont elle est présidente.
Dans sa lettre ouverte au Gennarini, en fait, elle n'a rien trouvé mieux que de déverser sur lui l'accusation toute prête que l'on utilise pour frapper les pro-vie: elle l'accuse de ne s'intéresser à la vie que de la conception à la naissance, et non pour tout ce qui vient après, du travail forcé à la prostitution des enfants, au trafic d'organes, bref, à ce "human traffic", qui faisait l'objet de l'évènement vatican en question, avec pour invités éminents Sachs et Ban Ki-moon.

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