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Synode: la "via discretionis" de Mgr Paglia

A propos des "divorcés-remariés", le Président du Conseil Pontifical pour la Famille s'exprimait à Orléans, dans le cadre d'une conférence sur la famille. Ce qui inspire une réflexion à Monique

Ce que dit Mgr Paglia

Un chemin pénitentiel ad-hoc qui permet l’accès des divorcés remariés aux sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation. C’est ce dont a parlé Mgr Vincenzo Paglia, président du Conseil pontifical pour la famille, à Orléans, au cours de son intervention durant la conférence intitulée « Familles : fragilités et Espérance », et organisée par le diocèse d’Orléans, le 18 Avril 2015.

Selon Mgr Paglia, « développer un tel chemin est sans doute une voie à parcourir et à approfondir. Avec un groupe de théologiens prévu à cet effet, de juristes et d’experts en pastorale, nous sommes en train d’étudier cette perspective depuis quelques mois. Et nous offrirons bientôt à tous les conclusions de cette recherche. Pendant ce temps, l’on peut dire que la « voie pénitentielle » qui est à l’hypothèse ne pourra être mise en œuvre, de toute façon, que pour des cas particuliers et dans le cadre d’un sérieux chemin de vie chrétienne. Donc, cela ne sera pas pour tous et ne se fera pas de façon indiscriminée, même si c’est ce que l’attente de la part de la presse semble suggérer. Quoi qu’il en soit, je parlerais plutôt d’une via discretionis, à savoir d’un chemin de discernement qui implique également un chemin pénitentiel. Cette voie doit avoir un caractère « public », c’est-à-dire qu’elle doit être accompagnée par l’évêque ou par la personne que ce dernier a nommée. Cela me semble une étape décisive, car il faut éviter tout subjectivisme. Dans ce cadre, il sera possible d’évaluer les intentions du couple et les raisons qui l’ont amené à demander l’accès à cette voie. Dans tous les cas, il est essentiel que le couple divorcé et remarié qui se présente soit acheminé à une intégration dans la vie de la communauté. Je ne vous ferai part que de quelques brèves remarques. Mais une chose est claire : il ne s’agit pas de trouver une règle de base qui soit en mesure de nous dispenser de la grave responsabilité de prendre en charge des situations humaines et spirituelles souvent dramatiques et qui ne sont pas toujours faciles à résoudre ».
(www.familiam.org)

Commentaires de Monique

¤ Un groupe d'experts étudie la possibilité de proposer aux divorcés remariés un chemin pénitentiel permettant l'accès aux sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie, conformément aux préconisations du Cardinal Kasper.
Sans être aucunement expert, on voit tout de suite que la proposition bute sur la notion de repentir. C'est le remariage civil - et non le divorce - qui ne peut faire l'objet d'un repentir sincère tant que les intéressés ne changent rien à leur situation. Comment pourraient-ils recevoir l'absolution sans repentir, à moins que le Pape ne change la nature du sacrement? Ce qu'il ne peut pas.
Les experts auront beau travailler nuit et jour pendant des mois, ils ne pourront pas résoudre ce problème. S'ils décrètent qu'on peut être absous sans contrition, c'est à dire en continuant tranquillement à pécher, ils permettront aux prêtres de profaner le sacrement et on peut s'attendre à une vive protestation des évêques (pas tous!).
On donne donc aux divorcés remariés un faux espoir.

¤ Cette disposition ne s'adresserait, dit-on, qu'à des cas particuliers.
Le problème n'en est pas plus simple pour autant. S'il y a bien des niveaux différents de culpabilité concernant la rupture du premier mariage et si certains conjoints sont innocents et ont été abandonnés, c'est le remariage qui les place en situation d'adultère. On ne voit donc pas comment, même par pure miséricorde, on pourrait les absoudre sans repentir.
Si humainement parlant, on comprend mieux le remariage d'une personne ayant beaucoup souffert lors du premier (en fait unique) mariage, il n'en reste pas moins qu'elle a contrevenu à l'indissolubilité du mariage. On ne voit donc pas quelle exception on peut faire. Il est incontournable que, même victime du premier conjoint, cette personne entretient une relation adultère... ou alors il faudrait redéfinir la notion d'adultère en fonction des souffrances endurées précédemment et surtout en faisant fi des paroles du Christ.
D'ailleurs, qui serait chargé de désigner les personnes aptes à entreprendre le fameux chemin pénitentiel? L'évêque? Un prêtre? Selon quels critères? Ne voit-on pas à quel niveau d'arbitraire seraient soumis les postulants, suivant les diocèses?

¤ Mgr Paglia pense que la réconciliation avec l'Eglise devrait être un acte public afin d'éviter tout subjectivisme. C'est une sage précaution. En effet, on a beaucoup entendu dire (surtout en Allemagne) que les divorcés remariés devraient se déterminer selon leur conscience. Le comble de l'arbitraire et du laxisme serait ainsi atteint.

¤ L'intégration dans la vie de la communauté est un point auquel tient le Pape. C'est une chose qu'on fait depuis 50 ans. Les divorcés remariés sont bien accueillis par les autres chrétiens et remplissent dans les paroisses toutes les tâches qu'ils veulent, selon leur bon gré. Il y a même un manque de discernement quand on leur confie des fonctions d'enseignement car ils peuvent être amenés à prêcher ce qu'ils ne font pas. Il ne serait donc pas superflu que le synode définisse sans démagogie exactement ce qu'ils peuvent faire.

Conclusion.
La préparation du synode en est encore au stade des bonnes intentions, en partie doctrinalement impossibles à mettre en oeuvre.
Les thèses "Kasper" sont vraiment peu étayées si on les compare aux thèses adverses mais elle jouissent, semble-t-il, d'un atout incomparable: la faveur du Pape.


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