Comment asphyxier le Vatican

Le blog <Gloria Dei vivens homo> revient sur l'affaire du blocage des paiements par carte bancaire au Vatican en janvier 2013, mystérieusement levé le lendemain de la renonciation du Pape Benoît... et relance l'hypothèse de sa non-validité. (13/8/2015)

 

Le 1er janvier 2013, tous les paiements par carte bancaire étaient suspendus au Vatican (voir ici: tinyurl.com/oh8khed)

Six mois plus tard, Il Corriere della Sera - le premier (par le tirage!) quotidien italien - apportait quelques précisions :

 

Le blocage des cartes de crédit au Vatican a été beaucoup plus long et coûteux que ce que l'on pouvait penser. Personne ne se hasarde à une quantification exacte: mais il pourrait s'agir de dizaines de millions d'euros. Vu que cela a concerné toutes les activités du petit Etat-Cité.
...
Quand, dans un second temps, les cartes ont été réactivées, les cartes italiennes acceptées étaient uniquement celles du circuit européen VPay.

La Banca d'Italia n'a pas voulu commenter cette limitation. Le Vatican avait annoncé que la Société suisse Aduno Group avait rétabli le service le 12 février. Mais alors, seuls les terminaux des points de vente ont redémarré. Les ventes électroniques, le e-commerce sont tout autre chose, et il a fallu cinq mois, jusqu'à la fin mai, pour adapter les interfaces web des différentes réalités commerciales avec les terminaux d'Aduno.

Le précédent titulaire du service, la Deutsche Bank Italia, filiale italienne de la Deutsche Bank, et comme telle soumise au contrôle et aux directives de la Banca d'Italia, depuis de nombreuses années n'avait pas demandé, et donc pas obtenu, l'autorisation nécessaire pur installer les POS (point of sale). Le motif a été communiqué par la Banque d'Italie le 6 décembre 2012: que le Vatican n'est pas considéré comme pays «équivalent» en termes de blanchiment.
Quatre ans pourraient encore s'écouler (jusqu'à la fin de toute la procédure d'adaptation aux standards internationaux) jusqu'à ce que le Saint-Siège et la Cité du Vatican soient reconnus «équivalents» par l'Italie.
(benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/une-affaire-de-gros-sous)


Le 12 février est bien sûr le lendemain du jour où Benoît XVI annonçait au monde "stupéfait" sa renonciation...
Il faut ajouter à cela que le 15 février 2013, la Salle de Presse du Saint-Siège communiquait que la Commission cardinalice de contrôle de l'Institut pour les oeuvres religieuses avait nommé Ernst von Freyberg, Président du Conseil d'administration - remplacé par ailleurs en juillet 2014 par un français, Jean-Baptiste de Franssu: un "timing" qui, en un moment aussi dramatique pour l'histoire de l'Eglise pouvait sembler déplacé, voire troublant (cf. benoit-et-moi.fr/2013-I/articles/mauvais-timing): comme si un fil (presque) invisible reliait mystérieusement la décision inouïe du Pape au principal moteur du monde, l'argent.

Cette coïncidence des dates n'a pas manqué de soulever, pour les rares personnes qui s'en sont aperçues, des questions sur la validité de la renonciation, qui complètent, dans un registre différent, celles d'Antonio Socci - je suppose que ce n'est pas manquer de respect au Pape émérite que d'en faire état.

Le blog <Gloria Dei vivens homo> récapitule minutieusement la chronologie des faits dans un article du 9 août, excellent et très documenté, intitulé "LA DÉMISSION DE BENOÎT XVI EST-ELLE VALIDE?", que m'a signalé son auteur.
Voici le passage le plus important:

Le réseau SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) qui sert aux transactions électroniques, et dont le Vatican a été momentanément déconnecté, a une influence considérable sur la vie d'un état. À tel point que déconnecter un pays de ce système constitue une véritable arme de guerre économique, employée à l'occasion. En témoigne la résolution du Parlement Européen du 18 septembre 2014 sur la situation en Ukraine et l'état des relations UE-Russie. Cette dernière, en son numéro 13, «demande à l'Union européenne d'envisager l'exclusion de la Russie de la coopération nucléaire civile et du système Swift». D'où les efforts qu'effectue actuellement la Russie pour prendre son indépendance par rapport au système SWIFT en créant son propre réseau de paiement électronique. Autre témoignage de cette utilisation de SWIFT à des fins politiques: en 2012, des officiers américains conseillent de sanctionner l'Iran en excluant ce pays du réseau.

Ce que l'on n'a pas osé réaliser contre l'Iran et la Russie a donc été mis à exécution contre le plus petit état du monde.
Et c'est dans ce contexte précis, un contexte de tension inouïe, que Benoît XVI a renoncé au trône de saint Pierre. C'est un fait indiscutable, massif.
Dès lors, peut-on réellement affirmer que c'est en toute liberté que le pape, soumis à de telles pressions, a démissionné de sa charge ? Il y a bien sûr les protestations de Benoît XVI lui-même, selon lesquelles il aurait librement renoncé à sa mission. Mais pouvait-il vraiment déclarer autre chose ?
(gloriadeivivenshomo.hautetfort.com/archive/2015/08/09/la-demission-de-benoit-xvi-est-elle-valide-5668534.html)


En guise de conclusion (provisoire!), je vais me faire l'avocat du diable, et avancer une explication très simple, c'est-à-dire pas forcément complotiste: cette énième affaire pouvait être la pierre de trop dans l'édifice patiemment construit pour le pousser à partir; ou la goutte d'eau qui a fait déborder un vase qu'un harcèlement incessant avait déjà bien rempli. Et Benoît XVI n'en pouvait plus.
Peut-on affirmer pour autant que sa décision n'était pas libre?
Toute la question est là. Et lui seul a la réponse.