La présence réelle du Christ

… C'est l'un des enjeux du Synode. Mais on peut se demander, comme le fait Riccardo Cascioli sur la Bussola si l'Eglise elle-même y croit encore

 

Répondant récemment aux questions de Matteo Matzuzzi sur Il Foglio (cf.Une magnifique interview du cardinal Burke ), le cardinal Burke disait qu'aux Etats-Unis, "plus de cinquante pour cent des catholiques ne croient plus en la présence réelle".
Et il ajoutait:
"Mais ceci est le cœur de la foi catholique. Celui qui ne croit plus en la présence réelle n'est plus catholique".

Mais l'Église croit-elle encore en la présence réelle du Christ?

Riccardo Cascioli
16 octobre 2015
www.lanuovabq.it
Traduction par Anna


Il paraît tout au moins évident que le vrai problème de ce Synode est l'Eucharistie. Avant de parler d'accès à la communion des divorcés remariés (et pourquoi pas de tous ceux qui, étant en état de péché mortel, ne sont pas réconciliés?), il conviendrait sans doute de mieux clarifier si l'on croit encore que dans l'Eucharistie il y a la présence réelle du Christ.

Le compte-rendu fait hier, en conférence de presse, par le père Manuel Dorantesed, collaborateur en langue espagnole du père Lombardi, au sujet du récit fait dans la Salle [du Synode] d'un enfant qui lors de sa Première Communion a donné un morceau de son hostie à ses parents divorcés remariés, est à ce propos exemplaire. Admettant que l'épisode soit vrai, ce n'est pas tellement le geste de l'enfant qui doit scandaliser, un "accident" induit évidemment par l'amour pour ses parents et par la tête farcie des bavardages entendus au sujet de l'exclusion présumée de ses parents de l'Église. On pourrait tout au plus noter que si on donnait l'Hostie sur la langue de tels accidents seraient évités. Mais ceci n'est pas le point qui nous intéresse.

Le problème réel est qu'il y ait un prêtre ou un évêque qui raconte l'épisode pour lui donner une connotation positive en soutien de l'accès à la communion des divorcés remariés (1).
Plus grave encore, à la limite de l'incroyable, c’est qu'il y ait un porte-parole du Synode qui rapporte cet épisode comme "très émouvant", laissant entendre qu'un bon nombre de pères synodaux se sont "attendris" en l'écoutant: le tout sans que ni le porte-parole vatican le père Federico Lombardi ni aucun autre des présents ait trouvé rien à redire.

L'épisode est évidemment raconté, et amplifié au maximum par la grande presse, comme l'apparition des "vrais chrétiens", ouverts et miséricordieux, face aux "docteurs de la Loi" sévères et étroits, qui se comportent en "officiers d'immigrations contrôlant en permanence l'intégrité de ceux qui s'approchent" (autre intervention en salle rapportée au point-presse).

La seule chose déplorable, en réalité, c'est le spectacle d'une Église réduite à mendier l'approbation du monde, prête pour cela à jeter et piétiner ce qu'elle a de plus cher.

Nous sommes convaincus que la majorité des pères synodaux ne s'est pas du tout émue en écoutant les mots de ce pauvre prêtre et qu'elle a bondi en voyant comment le secrétariat du Synode avait décidé de jouer sans scrupules de cet épisode. Une raison supplémentaire pour espérer une réponse claire et ferme montrant au peuple catholique que – quoi qu'il arrive - il y a au moins des pasteurs à qui on peut faire confiance.

* * *

(1) Sur cette affaire, voir ici.
L'épisode est rapporté complaisamment par Vatican Insider.