La vérité dévoilée par le temps

Une "publicité" pour Mario Palmaro en pleine page dans l'Osservatore Romano d'aujourd'hui

Ce Pape ne nous plaît pas

Ceux qui me suivent savent l'affection que m'a inspiré Mario Palmaro, mort à 46 ans le 9 mars 2014 après une douloureuse maladie.
Depuis, son ami et alter ego Alessandro Gnocchi a repris le flambeau de la "la vérité qui rend libre" à travers sa chronique hebdomadaire "Fuori moda" sur le site Riscossa Cristiana.
Mon site a traduit de façon (à peu près) systématique, depuis 2013 jusqu'à sa disparition, tous les textes portant sa signature, ou ceux qui parlaient de lui, les regroupant dans une page spéciale: benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/hommage-a-mario-palmaro.
L'un des plus remarquables (mais ils l'étaient tous: Mario Palmaro n'écrivait pas pour ne rien dire) est un article publié le 9 octobre 2013, cosigné avec Alessandro Gnocchi, intitulé "Questo Papa non ci piace" (ce Pape ne nous plaît pas), publié sur Il Foglio, et dont on trouvera la traduction complète ici: benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/dures-critiques-catholiques-contre-le-pape.
J'observais à l'époque qu'il n'était pas facile de critiquer le pape, pour un catholique. Il y fallait même (il y faut encore) du courage, Gnocchi et Palmaro en avaient fait l'amère expérience à leurs dépens, puisqu'ils avaient été immédiatement licenciés de la station de radio catholique italienne Radio Maria, à laquelle ils collaboraient depuis de longues années.


Deux ans plus tard, ce texte apparaît prophétique.
Et en plein Synode, deux ans jours pour jour après la parution de cet article, l'Osservatore Romano publie en pleine page une sorte de publicité pour plusieurs ouvrages de Mario Palmaro (cliquez sur la vignette ci-contre). Un choix éditorial qui a certainement un sens précis, et surprend dans un journal dont la tendance (la dérive?) politiquement correcte s'affirmait depuis plusieurs années, notamment depuis l'élection de François.
C'est évidemment Sandro Magister qui nous en donne la nouvelle, dans son blog personnel Settimo Cielo.
Il cite en particulier un passage de l'article évoqué plus haut:

 

(...) s'élève à l'horizon l'idée d'une nouvelle Eglise, l'«hôpital de campagne» évoqué dans l'interview avec la Civiltà Cattolica, où il semble que jusqu'à présent, les médecins n'ont pas fait leur travail.
«Je pense également la situation d'une femme qui a derrière elle un mariage raté, dans lequel elle a même avorté », dit encore le pape. Et puis cette femme s'est remariée et est maintenant sereine avec cinq enfants. L'avortement lui pèse énormément, et elle se repent sincèrement. Elle voudrait aller de l'avant dans la vie chrétienne. Que fait le confesseur?».
Un discours construit habilement pour se conclure par une question, après quoi on change de sujet, comme pour souligner l'incapacité de l'Église à y répondre. Un passage déconcertant si l'on pense que l'Église répond depuis deux mille ans à cette question avec une règle qui permet l'absolution du pécheur, pourvu qu'il se repente et s'engage à ne pas rester dans le péché. Pourtant, subjugués par la personnalité débordante du pape Bergoglio, des légions de catholiques boivent la fable d'un problème qui n'a jamais existé dans la réalité. Tous là, avec la culpabilité de deux mille ans d'abus présumés contre les pauvres pécheurs, à remercier l'évêque venu de la fin du monde, non pas pour résoudre un problème qui n'existe pas, mais pour l'avoir inventé.

L'aspect inquiétant de la pensée derrière de telles affirmations, c'est l'idée d'une alternative inconciliable entre rigueur doctrinale et miséricorde: si l'une existe, il ne peut y avoir l'autre. Mais l'Église, depuis toujours, enseigne et vit exactement le contraire. C'est la perception du péché, et le repentir de l'avoir commis, en même temps que l'intention de l'éviter à l'avenir, qui rend possible le pardon de Dieu. Jésus sauve la femme adultère de la lapidation, l'absout, mais la congédie en disant: «Va, et ne pèche plus». Il n'a pas dit: «Va, sois tranquille, mon Église n'exercera aucune interférence spirituelle dans ta vie personnelle».

Compte tenu du consensus quasi unanime chez le peuple catholique, et le fait (envers lequel l'Evangile devrait nous rendre méfiants) que le monde se soit amouraché de lui, on pourrait dire que six mois du Pape François ont changé une époque. En fait, on assiste au phénomène d'un leader qui dit à la foule exactement ce que la foule veut entendre.
Mais il est indéniable que cela est fait avec beaucoup de talent et un grand métier. La communication avec le peuple, qui est devenu le peuple de Dieu là où de fait il n'y a plus de distinction entre croyants et non-croyants, n'est que dans une très petite mesure directe et spontanée.

Même les bains de foule sur la place Saint-Pierre, lors des Journées Mondiales de la Jeunesse, à Lampedusa ou à Assise sont filtrés par les moyens de communication qui se chargent de fournir les événements ainsi que leur interprétation.


Je pense à un très beau texte, très personnel, écrit par Mario Palmaro peu avant de mourir, alors qu'il se savait déjà condamné: "La vérité dévoilée par le temps".






 

... et ils ne se tairont pas

«Allant à Rome pour la Marche pour la vie, j'ai pu visiter la Galerie Borghese. Parmi les nombreuses choses merveilleuses, j'ai admiré de près "La Vérité dévoilée par le temps", une oeuvre sculptée par Gian Lorenzo Bernini. Voir cette statue m'a ému: j'ai pensé que nous devrions l'élire comme symbole de notre Comité pour la Vérité et la Vie.
Une petite compagnie de personnes qui ne cherchent pas à changer le monde à coup de "moindre mal" et de compromis, mais affirment ici et maintenant, toute la vérité, tout en sachant qu'elle est mise en minorité par l'opinion publique. Dans l'espoir que le temps la verra triompher.
Le fait intéressant, c'est que le Bernin, cette oeuvre, il n'a jamais pu la finir. Juste comme cela arrive souvent à chacun de nous, quand nous nous rendons compte que nous n'aurons pas assez de temps pour accomplir notre tâche, parce que la fin de cette vie se rapproche rapidement. D'autres, cependant, continueront le travail commencé. Et ils ne se tairont pas».