Le Synode, victoire ou défaite du Pape?

Cela dépend de la zone linguistique dont les nouvelles sont issues. Pour la presse italienne, et celle française, c'est la première option. Pour Antonio Socci et la presse anglo-saxonne, c'est la seconde.

>>> Le synode n'est pas une victoire de Francois (Socci, 25 octobre)

Dans la Relatio finale, il n'est pas du tout question de communion, comme l'a immédiatement relevé Sandro Magister sur son blog Settimo Cielo, citant les paragraphes 84 à 86, qui abordent effectivement la question des divorcés remariés

Et pourtant, voilà ce qu'on peut lire sur les principaux quotidiens français:

. Le Monde: Par la plus étroite des marges - une voix au-dessus de la majorité requise des deux tiers -, le pape François a remporté son pari. Le rapport final sur la famille, adopté samedi 24 octobre, à Rome, par le synode des évêques, contient l’ouverture qu’il en attendait : il offre aux divorcés remariés la perspective de retrouver, pour certains d’entre eux, une pleine participation à la vie ecclésiale, jusqu’à l’accès aux sacrements
. Le Figaro: Au terme de trois semaines de débats, le pape a la possibilité d'ouvrir, au cas par cas, la communion pour les divorcés-remariés.
. Libération: Bergoglio a obtenu que les divorcés remariés puissent, sous conditions, communier.
. La Croix: Le texte laisse potentiellement ouvert un accès aux sacrements pour les divorcés remariés, au cas par cas.


Apparemment, des deux côtés des Alpes, la désinformation est équitablement partagée, mais il n'en est pas de même partout: la sphère anglophone, notamment, affiche une plus grande iberté de ton, comme l'explique Antonio Socci ci-dessous.
Alors bien sûr, que la communion aux divorcés remariés ne fasse pas partie des conclusions du Synode est une bonne nouvelle pour l'Eglise, mais clairement, ce n'est pas au Pape qu'on la doit (reste d'ailleurs à voir ce qu'il va en faire), comme le montre le ton cassant qu'il a utilisé contre les gardiens de la doctrine dans son discours de samedi (cf. Fin du Synode)

New York Times, El Pais, Wall Street Journal, Daily Telegraph, The Tablet:
Bergoglio vaincu au Synode, pas de communion pour les divorcés remariés.

Mais la presse italienne invente sa victoire et le "oui" à la communion. Un canular qui fera date

* * *

www.antoniosocci.com
26 octobre 2015
Ma traduction


C'est officiel: avec le Synode, rien n'a changé

Puisque la "machine de propagande" bergoglienne persiste à répéter quelque chose de totalement infondé, c'est-à-dire que la Relatio du Synode ouvrirait la communion aux divorcés remariés (au moins au cas par cas), allons à la source directe.
Demandons-nous: le n°85 de la Relatio permet-il oui ou non l'accès à l'Eucharistie des divorcés remariés?
Le New York Times rapporte la réponse donnée par l'adjoint du Père Lombardi, l'ultrabergoglien Père Rosica. C'est une réponse qu'il a donnée à contrecoeur, mais - mis le dos au mur - il a dû la donner clairement.
Voici ce que nous lisons dans le New York Times: «Les journalistes qui cherchaient des éclaircissements se sont pressés autour du porte-parole: "ils ne peuvent pas recevoir la communion" a dit le père Thomas Rosica».
Ceci explique le ton irrité et chargé de rancoeur du discours de Bergoglio, samedi (Fin du Synode), et de son homélie de dimanche .... Il a ébranlé l'Église depuis deux ans et aujourd'hui, il doit enregistrer la défaite de sa révolution. Au moins pour l'instant, la défense catholique de la foi a gagné.
Reste une question: s'il y a eu une réponse si claire, comment est-il possible que les journaux italiens aient écrit (et continuent d'écrire) le contraire?

* * *

A lire les journaux italiens hier et à entendre les nouvelles sur le Synode, il semble que l'approbation de la communion pour les divorcés remariés soit la nouvelle la plus certaine de l'histoire.
Un coup d'œil sur les titres des premières pages des journaux suffit.

. Corriere della Sera: "Le Synode s'ouvre à la communion pour les divorcés."
. Repubblica: "Oui aux divorcés, mais le Synode divisé".
. La Stampa: "Communion aux divorcés, oui du Synode à un vote près".

Mais sommes-nous vraiment sûrs qu'il en est ainsi? Le Synode a-t-il vraiment approuvé la communion pour les divorcés remariés?
La vérité nue des faits, samedi soir pointait le bout de son nez - si l'on exclut le blog de l'auteur de ces lignes - uniquement sur le site de la "Nuova Bussola quotidiana" et sur le blog que tient sur le site de L'Espresso, le plus fiable des vaticanistes, Sandro Magister qui titrait: "Les divorcés remariés dans la Relatio finale. Mais de la communion, il n'y a même pas l'ombre."
En réalité, c'est ce qui ressort de la lecture objective de la "Relatio". Comme je l'ai expliqué dans mon article d'hier, dans le document final du Synode, il n'y a aucune référence à l'accès à l'Eucharistie pour les divorcés remariés, une révolution qui - renversant la doctrine et la pratique établie depuis des siècles sur la base de la Sainte Ecriture - si elle avait été vraiment approuvée devait être mise non seulement noir sur blanc mais également longuement traitée, avec des pages et des pages de soutien magistériel (qui toutefois n'existent pas).
Il y a dans la "Relatio" un accueil sincère, de la part de la communauté chrétienne, aux divorcés qui ont fait un second mariage civil. Mais on ne parle pas pour eux d'accès à l'Eucharistie (qui est impossible, comme le réaffirmait "Familiaris consortio" de Jean-Paul II, tout en valorisant l'accueil).

Mais alors que s'est-il passé? Est-il possible qu'une vérité aussi lumineuse des faits qui - en même que le naufrage des ouvertures sur les unions civiles et gay - marque la défaite de Bergoglio, ait été ignorée par la plupart des médias italiens?
Malheureusement oui.
Pour mieux comprendre, essayons de regarder les titres que les journaux étrangers ont faits sur les conclusions du Synode. Comparons-les aux premières pages des journaux italiens (ndt: et, peut-être à un degré moindre, français!).
Voilà le titre qu'a fait El Pais, l'homologue de la Repubblica en Espagne: "Le Synode de la famille se conclut sans répondre aux attentes du pape".
Allons de l'autre côté de l'océan et voyons le titre du Wall Street Journal: «Les évêques conduisent le pape à la défaite sur l'ouverture aux catholiques divorcés". Sous-titre: "Le synode se termine sans approuver un parcours pour accéder à l'Eucharistie pour ceux qui sont divorcés remariés."
. Le Sunday Times: "Le Pape attaque les évêques pour avoir bloqué la réforme gay".
. Le Daily Telegraph: "Le Synode est terminé. Rien de substantiel n'a changé".
. La revue catholique ultraprogressiste The Tablet écrit sans ambages: "Le Synode sur la Famille s'achève sans consensus sur la question de la communion pour les catholiques divorcés remariés et avec le rejet de tout changement dans l'enseignement de l'Église sur l'homosexualité."

La comparaison entre les titres italiens et ceux du reste du monde est objectivement impressionnante. Les médias italiens voudront-ils se poser des questions? Se rendront-ils compte qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond?
(...)
La défaite de la ligne Bergoglio-Kasper apparaît encore plus éclatante si l'on considère le point de départ, le consistoire de Février 2014, quand le pape argentin a lancé son combat pour révolutionner l'enseignement de l'Église.
Il y a trois documents, noir sur blanc, à prendre en considération pour comprendre les étapes de la défaite des "gauchistes".
1. Le rapport de la mi-Synode de 2014, qui a été préparé par une commission bergoglienne, et qui incluait la communion pour les divorcés remariés et des ouvertures aux unions civiles et gays (il a été rejeté).
2. L'"Instrumentum laboris" sorti entre les deux synodes, qui reprenait ces trois thèmes, quoique sous une forme modérée (c'était déjà un peu une marche arrière), mais qui toutefois ajoutait une tentative substantielle pour mettre de côté Humanae Vitae du Pape Paul VI.
3. A l'issue des travaux de ces deux années, nous avons la "Relatio" finale du Synode 2015 qui a littéralement balayé ces thèmes, répétant entre autre, l'enseignement de l'encyclique Humanae vitae et soulignant la forte opposition de l'Eglise à l'idéologie du gender.

Une défaite objective. Qu'à présent les bergogliens tentent de faire passer pour une victoire en utilisant les médias complaisants.
Une fois de plus, comme dans la période post-conciliaire, on essaie de remplacer le "vrai Synode" (celui des documents) par le "Synode des médias".
Ce serait un véritable coup de force. Les médias seraient-ils dans le jeu?

Antonio Socci

(Libero, le 26 Octobre 2015)