Pour compléter le portrait du Pape

La dernière chronique d'Alessandro Gnocchi, dans sa rubrique hebdomadaire "Fuori moda" sur Riscossa Cristina, revient sur un article stupéfiant de Sa Suffisance Eugenio Scalfari

>>> Voir aussi:
¤ François, une énigme?
¤ Le Pape vindicatif (Socci)

 

L'article de Scalfari est ici: www.repubblica.it.
Je l'avais lu, au moment de sa sortie, il y a un mois.
Il n'est évidemment pas question de traduire ici ce salmigondis délirant (dès son titre: "François le Pape prophète qui rencontre la modernité"!), mais cela vaut la peine d'utiliser la traduction automatique de Google, aussi imparfaite soit-elle, pour se faire une idée du contenu.

J'aimerais simplement insister sur un point essentiel du billet d'Alessandro Gnocchi, déjà évoqué récemment par Antonio Socci: les thuriféraires "conservateurs" de François, malgré tout un peu gênés par certaines de ses affirmations, répètent en boucle depuis presque deux ans que ce que dit Scalfari ne regarde que lui, et n'a rien à voir avec le Pape. Et ils ajoutent, comme justification, que la première interview, celle d'octobre 2013, qui avait mis le feu aux poudres, avait été, de l'aveu même de son auteur, entièrement "bidonnée", faite sans enregistreur, et sans prendre de notes, mélangeant allègrement les propos de l'interviewé et de l'intervieweur: c'est oublier un peu vite que depuis lors, François a accolé son nom à celui du vieil anar férocement cathophobe et néanmoins néo-papiste, dans un livre qui reprend la totalité de l'interview, complétée d'analyses des dinosaures du progressisme (Hans Küng, Leonardo Boff, Enzo Bianchi...), traduit en Français aux éditions Bayard sous le titre "Ainsi je changerai l'Église" : Dialogue entre croyants et non-croyants).
On n'imagine pas qu'un tel livre ait pu être publié à l'insu du Pape, ou contre son gré. Autrement dit, les arguments des bergogliens ne valent rien.

* * *

Selon le principe de sa rubrique hebdomadaire "Fuori moda", Alessandro Gnoccci répond ici à une lettre d'un lecteur.
Extrait (www.riscossacristiana.it/fuori-moda , ma traduction):

Caro Signor Gnocchi....

Je voudrais vous demander votre avis sur une affaire qui me stupéfie. Le 1er Juillet dernier, Eugenio Scalfari, le saint patron des "radical-chic" (la gauche caviar) et athée déclaré, a écrit un article de fou. Si Scalfari n'était pas un vieux barbon je dirais qu'il a écrit sous l'emprise de drogues. Je veux parler de "François, le pape prophète qui rencontre la modernité".

Il y a des énormités en roue libre, on lit que le Christ n'existe pas, on liquide la Trinité, on proclame que Bergoglio n'est pas le vicaire du Christ (qui n'existe pas), mais de Dieu; et ce genre de choses (je ne sais comment les qualifier) fait passer à l'arrière-plan le discours éculé habituel d'un "dieu" qui est le même pour tout le monde, les chrétiens, les juifs, les musulmans et ainsi de suite.
Mais ce n'est pas cela qui m'a stupéfié, c'est plutôt le fait que de cet article, on a très peu parlé, voire pas du tout. Et pas même vous. Mais les énormités, elles ont été écrites par Scalfari, qui est encore très lu et qui a su accroître sa notoriété justement grâcre à la confiance que le Pape lui a accordée. Alors, pourquoi ce silence autour de cet article, entre autre sans remarquer la singularité d'un athée qui se lance dans un éloge du Pape que ne ferait pas le plus servile des prêtres?

Vous, que pensez-vous de cette indifférence?

Caro ***

(...)
Si cette Eglise se relète dans ce Pape, on ne voit pas pourquoi elle devrait se montrer inquiète devant ce que ce Pape pense, dit et fait.
Un catholique sérieux, en présence de l'article de Scalfari que vous citez, confirmé et enrichi jusque dans les moindres détails dans une interview au JT de Sky (chaîne de télévision privée italienne), s'attendrait à un démenti du Vatican qui réduirait une fois pour toutes en cendres le fondateur athée et anti-chrétien de "Répubblica". Au lieu de cela, rien. Et la raison en est très simple: il n'y a rien à démentir.

Rappelez-vous le vacarme de ceux qui, à la sortie de la première interview de Scalfari à Bergoglio en Octobre 2013, se sont fatigués à crier à la mystification? C'était l'interview dans laquelle chaque homme était exhorté à parcourir jusqu'au bout son idée personnelle du bien et du mal, dans laquelle il était dit que le prosélytisme est une bêtise solennelle, qu'il n'y a pas de Dieu catholique et autres bagatelles du même style. Eh bien, cette interview, telle qu'elle a été publiée par "Repubblica" a été reprise dans l'Osservatore Romano, et aujourd'hui, elle se trouve sur le site du Vatican après avoir fini dans un livre signé de Bergoglio. N'oubliez pas que, dans l'intervalle, Scalfari et Bergoglio ont publié ensemble [aux éditions] Einaudi un livre intitulé “Dialogo tra credenti e non credenti”.

Il en résulte que la véritable "Voix du Magistère" n'est pas celle que s'autoconfèrent comiquement les pauvres conservateurs de sacristie qui s'épuisent à émousser les angles de la pensée, des paroles et des actes de Bergoglio pour les rendre moins coupants. Non, la véritable "Voix du Magistère" est celle de Scalfari, lequel nous rappelle régulièrement que dans l'Eglise a eu lieu une révolution qui en a radicalement changé la foi.
Le problème est que c'est lui qui a raison et c'est la raison pour laquelle personne ne dira ce que vous attendez naïvement et inutilement.

Alessandro Gnocchi