Synode : des évêques qui ont perdu la foi

Le commentaire musclé de l’écrivain et journaliste espagnol Juan Manuel de Prada. Et le Père Santiago Martin, pourtant d’habitude modéré, dénonce, preuves à l’appui, des méthodes staliniennes. Traduction de Carlota

 

L’écrivain et journaliste espagnol Juan Manuel de Prada juge sévèrement le synode qui vient de se dérouler, tandis que le prêtre Santiago Martín parle des méthodes staliniennes de certains. Pour ma part, et malgré le texte de conclusion du synode, censé confirmer les non-changements, je reste très méfiante quant à la suite à venir. Le tintamarre médiatique n’est pas venu tout seul et les pères synodaux « progressistes » depuis deux ans, n’ont pas agi à découvert ou presque, par hasard.(Carlota)

L’accouchement du Synode

Juan Manuel de Prada
sevilla.abc.es/historico-opinion
Traduction par Carlota

Le fameux synode sur la famille, avec toute sa fanfare de cuivres et ses épisodes guadianesques (1) s’est terminé avec un document dont les formidables nouveautés auront rappelé à ceux qui les attendaient cet accouchement des montagnes de Samaniego (2) : « Après des épouvantables beuglements qui inspirèrent l’effroi aux mortels, ces montagnes qui faisaient trembler le monde, c’est d’une souris qu’elles vêlèrent ».
Car, en effet, l’Église n’a pas varié, pas même d’un iota, sur ses principes concernant les questions où le monde lui réclamait d’être «tolérante»; ce qu’elle a remis en évidence, c’est ce qu’observait Garrigou-Legrange (3) : «L’Église est intolérante dans les principes parce qu’elle croit ; et elle est tolérante dans la pratique parce qu’elle aime. Les ennemis de l’Église sont tolérants dans les principes parce qu’ils ne croient pas ; et ils sont intolérants dans la pratique parce qu’ils n’aiment pas».

Mais lors de la conclusion du synode, on a vu des choses, en vérité choquantes, qui nous démontrent de nouveau qu’il n’y a pas de dogme qui défie davantage la raison (et mette la foi davantage à l’épreuve) que celui de la succession apostolique; car on a pu vérifier que beaucoup d’évêques ne sont pas les gardiens de la doctrine catholique, mais des vendeurs de lotion anti-calvitie qui se tuent à faire des postureos (ndt voir ici) à la face du monde, peut-être parce qu’ils ont perdu la foi, peut-être parce qu’ils ne l’ont jamais eue et parce qu’ils se consolent de leur tare en transmettant le virus de l’abandon de la foi aux fidèles.
Évidemment, ces vils individus ne manifestent pas publiquement leur manque de foi en proclamant que le Christ n’est pas né d’un Vierge, ou qu’il n’est pas ressuscité le troisième jour, mais ils préfèrent le faire d’une manière plus dissimulée en bénissant les droits de la braguette et en avilissant les sacrements jusqu’à les transformer en pantomimes grotesques, et c’est ce qu’ils prétendaient faire durant ce synode avec la confession, l’eucharistie et le mariage, d’un seul coup.
Et naturellement, en même temps qu’ils perdent la foi en l’Évangile, ils assimilent la foi en l’évangile noir de la démocratie; c’est ce qui se passe, par exemple, dans le cas de Kasper, "théologien à genoux" et faisant la roue, qui durant la conclusion de ce synode guadianesque n’a rien fait d’autre que répéter avec l’obstination d’un maniaque, qu’ils espéraient qu’une « majorité d’évêques » serait d’accord avec leurs postureos, comme si la doctrine catholique se décidait par une majorité.
Dans le temps, ces délires donnaient lieu à des beaux épisodes d’un comique irrésistible, comme ce vote qui fut réalisé à l’Athénée de Madrid (ndt: société culturelle créée en 1835), où il fut décidé à la majorité que Dieu n’existait pas; ce qui est tragique c’est que cette mentalité se soit transportée de l’Athénée au collège épiscopal.

Ce synode nous a prouvé que quelques évêques ont perdu la foi; et que beaucoup d’autres sont malléables et avec la conscience suffisamment embrouillée pour accepter que la vérité et le bien moral puissent dépendre de majorités de circonstance. Peut-être qu’ils ne sont pas encore une majorité, comme le veut Kasper ; mais ils sont une minorité suffisante pour provoquer la démolition depuis l’intérieur de l’Église, avec les applaudissements du monde qui les adule.
Chesterton s’indignait face à ceux qui prétendaient que l’Évangile devait s’adapter aux exigences de chaque époque; et il se demandait si les hommes qui, s’étant approché pour écouter le Sermon de la Montagne, avaient compris que celui qui convoite la femme du prochain a déjà commis l’adultère, et si par hasard il s’agissait d’eunuques à qui les femmes ne faisaient ni chaud ni froid, tandis que les hommes d’aujourd’hui qui ne peuvent résister à la tentation de convoiter la femme du voisin parce qu’ils sont des hommes bien virils. Certains parâtres (!!) synodaux auraient répondu à Chesterton, qu’en effet, ces hommes étaient des eunuques; car s’ils avaient été des hommes bien virils, le Christ aurait admis l’accommodement. Le malhonnête croit que tous sont de sa double condition, accommodante et au tempérament d’eunuque.

Notes de traduction
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(1) qui apparaît et disparaît comme le fleuve espagnol Guadiana qui a un parcours souterrain
(2) Félix María Samaniego fabuliste espagnol du XVIIIème qui, un peu à la manière de La Fontaine, un siècle plus tôt, a repris certaines fables des auteurs grecs et latins antiques.
(3) P. Garrigou-Lagrange O.P. ordre de prédicateur donc dominicain, théologien français né en 1877 à Auch

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« Les méthodes de Staline », ce sont les termes forts employés par le prêtre espagnol Santiago Martín, dans son dernier commentaire de l’actualité sur Magnificat TV (en entier et en vo ici, et repris en partie sur Religión en Libertad, pour donner l’alerte sur les méthodes qu’ont utilisées ceux qui semblent n’avoir pas atteint tous leurs objectifs au Synode.
(Carlota)

Des méthodes staliennes

(Extraits)

Dans son dernier commentaire hebdomadaire de l’actualité, diffusé sous le titre «Les méthodes de Staline dans les heures qui ont précédé la clôture du synode de la famille», le père Santiago Martín, fondateur et supérieur des Franciscains de Marie, affirme qu’ «il y a ces jours-ci à Rome une rumeur, une crainte» : que «ceux qui ont perdu, ceux qui faisaient la promotion du changement, de la modification de la doctrine à travers la modification de la pastorale, de la communion pour les divorcés remariés, sont franchement contrariés, pleins de rancœur » et que pour eux, « désormais commence l’heure de la vengeance ».

Cette rumeur «a des aspects vraisemblables» parce qu’elle coïncide avec une série d’affaires que cite le P. Martín comme exemples d’agissements assimilables aux «méthodes staliniennes», à savoir le dénigrement de l’adversaire pour lui faire peur - à lui et aux autres -, et pour détruire la position qu’il défend, en détruisant sa renommée.

Concrètement le P. Martín cite les commentaires d’un nonce dans un pays latino-américain à l’encontre de ceux qui, avant et durant le synode, ont défendu la foi de l’Église, annonçant qu’«on allait leur faire éclater des bombes morales dans les mains». Et il cite les graves diffamations dont souffrent déjà «un important cardinal latino-américain» tout comme les cardinaux Robert Sarah, George Pell ou Antonio Cañizares, ou le retrait de l’accréditation d’un journaliste, en référence claire à Sandro Magister.

Ils sont en train de «fouiller» pour «purger et décapiter les évêques, cardinaux et journalistes» qui ont empêché lors du synode le triomphe de thèses qui auraient faussé la nature de deux sacrements, le mariage et l’eucharistie.

Cependant, rappelle le P. Santiago Martín, «les méthodes de Staline ont jonché la Russie de cadavres et ont fait énormément de mal, mais elles ont échoué. Ils pourront décapiter et discréditer, mais leur poste sera occupé par un autre, car derrière, il y a l’Esprit Saint, qui est capable de réveiller ceux qui sont sous les pierres pour qu’ils parlent pour défendre la vérité».

Le supérieur des Franciscains de Marie encourage, pour finir, ses auditeurs «à faire confiance à Dieu et à accepter que l’Église se fasse porter par l’Esprit Saint» et il rappelle que «nous, les hommes, nous ne pouvons pas changer les enseignements de Jésus Christ si nous ne voulons pas cesser d’appartenir à l’Église».