Synode, relatio finale: les passages controversés

Les quatre paragraphes-clés de la Relatio finale du Synode traduits en français

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Trois jours après sa publication, elle ne semble toujours pas avoir été traduite en français....
J'aurais aimé y échapper, mais pour que les gens qui lisent les articles que je publie en ce moment comprennent de quoi il retourne "clés en main" je ne peux pas faire l'économie du travail de traduction des quatre paragraphes qui ont fait couler le plus d'encre, celui consacré aux homosexuels, et les trois consacrés à la situation des divorcés remariés.

76. L'Eglise conforme son attitude au Seigneur Jésus qui dans un amour sans bornes, s'est offert pour chaque personne sans exception (MV, 12). Envers les familles qui vivent l'expérience d'avoir en leur sein une personne avec des tendances homosexuelles, l'Eglise réaffirme que chaque personne, indépendamment de son orientation sexuelle, doit être respectée dans sa dignité et accueilli avec respect, avec le soin d'éviter «toute marque de discrimination injuste» (Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles, 4).
On réservera une attention particulière à l'accompagnement des familles dans lesquelles vivent des personnes homosexuelles.
Concernant les propositions pour rendre équivalents le mariage et les unions entre personnes homosexuelles, «il n'y a aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu pour le mariage et la famille» (ibid). Le Synode considère dans tous les cas tout à fait inacceptable que les églises locales subissent des pressions à ce sujet et que les organismes internationaux conditionnent l'aide financière aux pays pauvres à l'introduction de lois qui établissent le «mariage» entre personnes de même sexe.

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Discernement et intégration
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84. Les baptisés qui sont divorcés et remariés civilement doivent être davantage intégrés dans les communautés chrétiennes, dans les différentes modalités possibles, évitant toute occasion de scandale. La logique de l'intégration est la clé de leur accompagnement pastoral, pour qu'ils sachent non seulement qu'ils appartiennent au Corps du Christ qui est l'Eglise, mais qu'ils peuvent en avoir une expérience joyeuse et féconde. Ce sont des baptisés, ce sont des frères et des sœurs, l'Esprit Saint déverse en eux dons et charismes pour le bien de tous. Leur participation peut s'exprimer dans différents services ecclésiaux: il est donc nécessaire de discerner lesquelles, parmi les différentes formes d'exclusion pratiquées actuellement dans les domaines liturgique, pastoral, éducatif et institutionnel, peuvent être surmontées. Non seulement ils ne doivent pas se sentir excommuniés, mais ils peuvent vivre et grandir comme membre vivant de l'Eglise, la ressentant comme une mère qui les accueille toujours, prend soin d'eux avec affection et les encourage dans le chemin de la vie et de l'Evangile. Cette intégration est nécessaire aussi pour le soin et l'éducation chrétienne des enfants, qui doivent être considérés comme les plus importants. Pour la communauté chrétienne, prendre soin de ces personnes n'est pas un affaiblissement de sa propre foi et du témoignage sur l'indissolubilité du mariage: dans cette sollicitude l'Église exprime plutôt sa charité.

85. Saint Jean-Paul II a offert un critère global, qui reste la base de l'évaluation de ces situations:
«Les pasteurs doivent savoir que, par amour de la vérité, ils ont l'obligation de bien discerner les diverses situations. Il y a en effet une différence entre ceux qui se sont efforcés avec sincérité de sauver un premier mariage et ont été injustement abandonnés, et ceux qui par une faute grave ont détruit un mariage canoniquement valide. Il y a enfin le cas de ceux qui ont contracté une seconde union en vue de l'éducation de leurs enfants, et qui ont parfois, en conscience, la certitude subjective que le mariage précédent, irrémédiablement détruit, n'avait jamais été valide»(FC, 84). Il est donc du devoir des prêtres d'accompagner les personnes concernées sur la voie du discernement selon l'enseignement de l'Eglise et les orientations de l'évêque. Dans ce processus, il sera utile de faire un examen de conscience, à travers des moments de réflexion et de repentir. Les divorcés remariés devraient se demander comment ils se sont comportés envers leurs enfants lorsque l'union conjugale est entrée en crise; s'il y a eu des tentatives de réconciliation; quelle est la situation du partenaire abandonné; quelles conséquences a la nouvelle relation sur le reste de la famille et de la communauté des fidèles; quel exemple elle offre aux jeunes qui se préparent pour le mariage. Une réflexion sincère peut renforcer la confiance dans la miséricorde de Dieu qui n'est refusée à personne.

En outre, on ne peut nier que, dans certaines circonstances «l'imputabilité et la responsabilité d'une action peuvent être diminuées ou annulées» (CEC, 1735) en raison de différents conditionnements. En conséquence, le jugement sur une situation objective ne doit pas conduire à un jugement sur l' «imputabilité subjective» (Conseil pontifical pour les Textes législatifs, Déclaration du 24 Juin 2000, 2a). Dans des circonstances déterminées, les personnes trouvent de grandes difficultés à agir différemment. C'est pourquoi, tout en soutenant une règle générale, il est nécessaire de reconnaître que la responsabilité à l'égard d'actions ou de décisions déterminées ne sont pas les mêmes dans tous les cas. Le discernement pastoral, tout en tenant compte de la conscience correctement formée de la personne, doit prendre en charge ces situations. Les conséquences des actes, elles aussi, ne sont pas nécessairement les mêmes dans tous les cas.

86. Le parcours d'accompagnement et de discernement oriente ces fidèles vers la prise de conscience de leur situation devant Dieu. L'entretien avec le prêtre, au for interne, concourt à la formation d'un jugement correct sur ce qui entrave la possibilité d'une participation plus pleine à la vie de l'Église et sur les mesures qui peuvent la favoriser et la faire grandir. Étant donné que dans la loi elle-même, il n'y a pas de gradualité (cf. FC 34), ce discernement ne pourra jamais faire abstraction des exigences de vérité et de charité de l'Evangile proposées par l'Eglise. Pour ce faire, les conditions nécessaires d'humilité, de réserve, d'amour pour l'Eglise et son enseignement, dans la recherche sincère de la volonté de Dieu et le désir de parvenir à une réponse plus parfaite à elle, devront être garanties.