Des Bavarois chez Benoît XVI (II)

Le récit (poignant) dans la presse locale de la visite de la délagation bavaroise venue apporter l'arbre de Noël de Saint-Pierre: un sapin, symboliquement, à deux pointes. Mais....

>>>
Des Bavarois chez Benoît XVI

 

Des habitants de Westphalie rendent visite au Pape Benoît XVI


En cadeau, ils lui ont apporté un grand sapin de Noël pour la Place St-Pierre.


17 décembre 2015
www.mittelbayerische.de
(Traduction VB)


Un groupe d'une cinquantaine de personnes originaires de la circonscription d'Amberg-Sulzbach, auquel s'était joint le ministre des affaires européennes de Bavière, Beate Merk,a rendu visite hier à Benoît XVI pour lui offrir le sapin de Noel.

* * *

Dans les jardins du Vatican, les perroquets criaillent dans la lumière du soir.
C'est alors que s'ouvre la porte en bois clair du couvent Mater Ecclesiae, situé derrière la Basilique vaticane.
Le Pape émérite sort à petits pas. Il porte un manteau de lainage blanc, et il dit "bonsoir" à tout le monde.
Son secrétaire particulier, l'archevêque Gänswein, qui le soutient, installe un siège derrière lui. Mais Joseph Ratzinger, qui a 88 ans, ne s'assied que tout à la fin de la rencontre. Il porte une canne noire, et s'y appuie des deux mains.
Benoît penche légèrement la tête vers l'avant afin de mieux entendre les visiteurs impressionnés.
Durant la demi-heure, les coins de sa bouche sont orientés vers le haut, dans ce qui semble être une manifestation de vraie joie. Enfin des visiteurs de la patrie!
Le groupe de 50 personnes de la région d'Amberg-Sulzbach est venu amener un cadeau gigantesque, le sapin de Noël de la Place Saint-Pierre. Il provient cette année des communes de Hirschau, Freudenberg et Schnaittenbach, une région qui associe, comme le fait remarquer un des membres du groupe "l'encens et les saucisses à frire", ce qui fait sourire Benoît.

Le ministre des affaires européennes accompagne le groupe
----
Le Pape émérite qui, dans ce qui ressemble à un coup de tonnerre, s'est retiré en février 2013, marche difficilement. C'était visible la semaine dernière à la Basilique Saint-Pierre, où il était présent pour l'ouverture de l'Année Sainte de la Miséricorde. Mais la visite de Bavière a procuré à Joseph Ratzinger, l'esprit toujours alerte, plusieurs moments agréables.
Le ministre bavaroise des Affaires européennes, Mme Beate Merk, qui accompagnait le groupe, a transmis les salutations de la population bavaroise, et quelques petits gâteaux apparemment délicieux, provenant de la chancellerie de Münich. "Hmmm" a dit Benoît XVI, ajoutant que de cette manière il pourrait aussi goûter la Bavière. Dans le même ordre d'idée, d'autres souvenirs seront savourés, comme les saucisses blanches, et les "pralinés de saucisses" (Wurstpralinen) de Hieshauer ("Intéressant! C'est nouveau!")
Tous ceux qui s'adressent à Benoît l'appellent "Saint-Père", c'est le titre correct pour le Pape émérite.
Mais ces deux mots représentent ce jeudi soir quelque chose de plus, notamment le sentiment que l'homme de 88 ans dont le portrait a déjà disparu de la plupart des magasins de souvenirs situés autour du Vatican continue tout de même d'en remplir l'office, pas au sens strict du terme, évidemment.
"François est le chef, bien sûr, mais pour nous, Benoît XVI reste encore un peu le Pape, dit l'un des visiteurs, Bernhard Wiesgickl, résumant ainsi le sentiment du groupe.

Wiesgickl est le "Baumscout" ("l'éclaireur" de l'arbre), c'est lui qui a sélectionné pour la Place Saint-Pierre le sapin de 30 mètres de haut, dont les deux pointes ont été liées. "Deux pointes, deux Papes" dit-il.
Le lendemain, le groupe a aussi été reçu en audience par François

Un signe d'amitié
----
Benoît remercie pour la visite dans un bref discours, prononcé d'une voix ténue, l'arbre de Hirschauer, dit-il, est un signe d'amitié.
A la fin de la réception, le Pape émérite donne sa bénédiction, puis le groupe entonne le cantique "Großer Gott, wir lieben Dich an" (Grand Dieu, nous t'aimons), et Benoît se joint à eux.
Avant de gravir avec beaucoup de difficulté les trois marches de l'escalier qui mène à la porte d'entrée de sa retraite de vieillesse du Vatican, l'un des pélerins lui dit espérer revenir lui souhaiter son 90ème anniversaire, mais Benoît lui répond "Eh bien, j'aimerais mieux pas".
Il remercie, et sourit.
Et puis il est parti.