Des perles d'une rare beauté

Découvert a posteriori, un tel bel article de Matteo Matzuzzi, en hommage à Benoît XVI pour le Xe anniversaire de son pontificat

>>> Ci dessous: Benoît XVI à Loreto (1er septembre 2007)

Ce pontificat qui a remis à la postérité des perles d'une rare beauté

Matteo Matzuzzi
Il Foglio (via La vigna del Signore)
Ma traduction
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Il faudra des décennies pour que Benoît XVI reçoive la place qui lui revient dans l'histoire.
Après tout, c'est ce qui arrive aux grands. Les fruits de son pontificat se verront dans un certain temps, comme cela se passe seulement pour les graines plantées profondément, celles que le vent ne peut pas disperser à la première rafale. Des huit années qu'il a passées comme évêque de Rome, peu a déjà sédimenté. Il suffit de relire ce qui a été écrit dans les jours et semaines après sa démission, il y a deux ans. Ce qui était loué et exalté, c'était seulement le geste dramatique de retrait dans la prière, à demi caché au monde; l'ascension de la montagne. Un acte de courage comme on en avait jamais vu auparavant dans l'histoire de l'Église (à l'exception de Célestin V), écrivaient et disaient observateurs laïcs et membres du clergé. Le reste était seulement poussière: les corbeaux, les fuites de documents rabâchés sur les pages des journaux, les scandales variés, la mauvaise gestion administrative.

Mais ce pontificat a livré à la postérité des perles d'une rare beauté, qui pour être admirées et appréciées ont besoin d'être d'abord entièrement intériorisées.
Je pense à la magistrale leçon au Collège des Bernardins à Paris, avec ce cantique dans lequel - comme l'a dit le philosophe Pierre Manent - fut exaltée la racine chrétienne de cette Europe où, aujourd'hui, désormais, on ne se pose même plus la question de Dieu, le quaerere Deum. On pourrait citer le discours de Ratisbonne et celui au Bundestag à Berlin, souvent méconnu et sous-estimé.

Et pourtant, c'est dans les réponses a braccio données par le doux professeur devenu pape, souvent à des enfants ou à des jeunes, que l'on peut comprendre la grandeur de Benoît XVI.
Je citerai un seul exemple: Loreto, 2007.
Le Pontife, face à des jeunes venus à l'occasion de l'Agora de la jeunesse, parle du silence de Dieu, une question qui a interrogé pendant deux millénaires philosophes et théologiens, hommes de foi et athées:

 

"[Nous sentons que] le Dieu silencieux est aussi un Dieu qui parle, qui se révèle et surtout que nous-mêmes nous pouvons être des témoins de sa présence, que de notre foi apparaît réellement comme une lumière également pour les autres. Je dirais donc que, d'une part, nous devons accepter que, dans ce monde, Dieu soit silencieux, mais ne pas être sourds à ses paroles, à sa manière d'apparaître en de nombreuses occasions et nous voyons surtout dans la Création, dans la belle liturgie, dans l'amitié au sein de l'Eglise, la présence du Seigneur et, emplis de sa présence, nous pouvons nous aussi apporter de la lumière aux autres". (w2.vatican.va).

 


Mots simples, prononcés sur une place bondée sans texte écrit sous la main. Mais qui, à eux seuls, valent presque une encyclique.