Inauguration de la Bibliothèque Ratzinger

Le reportage de Zenit en italien

Voir aussi:
¤ Des nouvelles de la Bibliothèque Ratzinger
¤ Benoît XVI et la culture de la Parole

Toute la science du pape émérite au cœur du Vatican

Salvatore Cernuzio
www.zenit.org
Ma traduction

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Les Opera Omnia rassemblées dans la bibliothèque historique de la Société de Görres, à l'intérieur du Collège pontifical Teutonique.
Mgr Hayde: «Ce n'est pas un club de tifosi de Benoît, mais l'occasion d'approfondir des études ratzingeriennes».
18 Novembre 2015


Le cardinal Ratzinger aimait s'y réfugier chaque jeudi de chaque semaine. Le palais du Collège pontifical Teutonique, situé entre la basilique Saint-Pierre et la Salle Paul VI, était pour le cardinal bavarois un lieu de paix, où prier et surtout lire et étudier, profitant des 45 mille volumes appartenant à la précieuse bibliothèque de l'Institut Romain de la Société de Görres, à l'intérieur du Collège.

Tant et si bien que, peu de temps avant sa prise de fonction en tant que préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, en attendant que son appartement se libère, Ratzinger demanda l'hospitalité durant les mois de Février et Mars 1982, devenant membre du Collège pontifical et de la Société de Görres, et de la confrérie de Santa Maria del Campo Santo teutonico.

Il était donc naturel, et même «logique» - comme l'a dit le recteur du Collège pontifical, Hans-Peter Fischer - qu'au moment où l'on a pensé au projet d'une bibliothèque consacrée à l'œuvre, la vie et la pensée de Joseph Ratzinger, cet endroit fût le choix qui s'imposait.

Un projet qui, à petits pas, est devenue réalité et qui ce matin a été présenté avec orgueil à la presse par Mgr Fischer et par le directeur de la Société de Görres, Stefan Heid, avec Mgr Giuseppe Scotti, président de la Fondation Ratzinger, qui a donné le coup de pouce définitif pour que l'initiative prenne forme.

La visite exclusive pour les journalistes a commencé sous les palmiers et des cyprès du Campo Santo teutonico, le plus ancien cimetière germanique de Rome, où se dressait autrefois le cirque de Néron et qui abrite aujourd'hui les tombes d'autrichiens, suisses, luxembourgeois, belges et flamands. Des personnes de haut lignage, parmi lesquelles se trouve aussi la pierre tombale de Willy, le sans-abri enterré ici l'an dernier par volonté de François.

Du cimetière suggestif, on traverse les trois étages du Collège, et ensuite à la Bibliothèque historique, où, parmi plusieurs salles qui accueillent des milliers de volumes d'archéologie chrétienne, théologie et histoire de l'Église, a été aménagé un coin entièrement dédié au pape émérite.
Dans l'odeur du neuf, les murs fraîchement peints et les planchers refaits récemment, et le parfum des livres sans âge, on peut alors admirer les œuvres de Ratzinger, comme chercheur, comme cardinal et comme pape, en commençant par les éditions de la trilogie de Jésus de Nazareth en 37 langues.
Au total, il y a à présent un millier de livres, offerts par la Fondation vaticane Joseph Ratzinger-Benoît XVI, par l'Institut Papst Benedikt XVI de Ratisbonne, par la Libreria Editrice vaticana, et aussi par des auteurs individuels. «Vingt caisses» de livres ont été données par le Pontife émérite en personne; ils se distinguent dans la bibliothèque par un cachet pour décourager les vols. Parmi ceux-ci, il y a également un missel utilisé par le Pape lui-même dans un de ses voyages apostoliques (au Liban).

«Ceci est juste le début», a dit Heid, expliquant que «l'idée d'une bibliothèque Ratzinger est née au tournant de 2012-13, avant que le Saint-Père renonce».
Et puis - a-t-il raconté - «nous avions pensé à rassembler une simple collection de ses œuvres. Nous pensions même à une seule armoire, qui de toute façon aurait été trop petite ... Nous avons donc contacté Mgr Giuseppe Scotti qui a donné l'impulsion nécessaire à l'initiative et a accéléré les temps. Nous avons alors pensé en plus grand et ce que vous voyez est seulement une première étape faite ces derniers mois».

«La bibliothèque va certainement s'accroître. Toute bibliothèque s'accroit», a assuré Scotti. «Quand nous avons réfléchi à ce qu'il y avait à faire - l'organisation de l'espace, les travaux d'aménagement et ainsi de suite - nous avons rencontré certains problèmes économiques. Puis, sans rien faire, un industriel (qui préfère rester anonyme) a dit: «Je vais m'en occuper». Et immédiatement une autre dame de Rome: «Je donne quelque chose pour soutenir la première année de la bibliothèque». Des mécènes modernes, en somme, a observé Scotti, qui a souligné: «Il faut laisser percevoir qu'il est possible de soutenir ces oeuvres et qu'on peut aussi donner un coup de main pour faire croître des choses bonnes».

Avec cette confiance, les projets de la Bibliothèque sont donc nombreux. Pour l'instant, on prévoit l'achat de matériel audio et de nouveaux livres, et tout autre écrit sur Benoît XVI. Bien sûr, dit Mgr Hayde, «il est difficile pour une bibliothèque normale de collecter tout de Ratzinger dans toutes les langues. C'est beaucoup. C'est trop».

En tout cas, les étudiants en théologie du monde entier, en particulier ceux de Rome (mais aussi toute personne qui souhaite s'inscrire avec une carte appropriée), ont déjà assez de matériel pour poursuivre leurs études. Et ceci est l'objectif principal: «Non pas créer un club de tifosi de Benoît, mais donner l'occasion aux chercheurs de concentrer et d'organiser les études ratzingeriennes, trouver l'espace nécessaire à ce sujet». Une «intention scientifique», donc, en ligne avec la tradition séculaire de la Société de Görres qui depuis quelques années accueille également un certain nombre de bousiers qui font des recherches dans les archives ou dans la bibliothèque du Vatican.

Qui sait ce qu'en penserait Ratzinger lui-même? «Il a naturellement été informé de l'initiative, mais il n'est jamais venu rendre visite à la bibliothèque, aussi à cause de la difficulté monter plusieurs étapes», a expliqué Hayde. En attendant, ces jours-ci, Mgr George Gänswein, son secrétaire particulier, viendra pour apporter les salutations du pape émérite. «Et après, qui sait, les voies du Seigneur sont infinies».