La prière du Pape émérite

Quelques photos d'une visite récente à Mater Ecclesiae. Et un ou deux réflexions qu'elles m'inpirent (29/10/2015)

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Le "katechon"

Cela fait plusieurs jours que je n'ai rien posté sur Benoît XVI. Ce n'est pas parce qu'il est absent de mes pensées, bien sûr, mais simplement parce qu'après une période faste, courant octobre, où nous avons été gâtés avec des photos presque quotidiennes, il y a eu plusieurs jours "sans".
Aujourd'hui, la Vigna del Signore en a remis plusieurs en ligne, identifiées comme étant d'une "rencontre avec un groupe de fidèles", le 16 octobre.
Je n'ai pas d'autres détails.

Il est toujours très émouvant de le voir en prières dans sa chapelle de Mater Ecclesiae, mais il m'a semblé que ça l'était encore plus en ce moment difficile pour l'Eglise, et ces images m'ont suggéré deux petites réflexions, qui tournent autour du rôle, caché mais profond, qu'il a pu remplir dans le Synode.

La première, c'est que parmi les raisons qui pourraient être invoquées pour expliquer pourquoi la Relation finale du Synode n'a finalement pas été aussi catastrophique que ce que redoutaient les pessimistes, et même bonne, dans certains aspects, il y a sans aucun doute la force de sa prière.
Et pas seulement: le 26 octobre, La Reppublica titrait "Ce repas secret dont est née l'entente", et en gros caractères: "L'ACCORD SUR LE SYNODE ÉTAIT NÉ APRÈS UN REPAS RATZINGER-SCHÖNBORN" (1)
On peut douter de la fiabilité de l'article, et en soupçonner les intentions (certainement malveillantes), mais l'information ne me paraît pas totalement invraisemblable, même si les choses ne se sont probablement pas passées comme l'affirme le journaliste (déjà, si l'on se réfère à l'expérience de Messori, il n'y a pas eu de repas).
Une deuxième remarque, qui vaut pour toutes les circonstances du pontificat de son successeur (mais plus particulièrement pour ce Synode), c'est le rôle de verrou (de "kathecon") qu'il continue de jouer, certainement sans le vouloir. Sa simple présence "dans l'enclos de Pierre" ne pourrait-elle pas être cette chose mystérieuse qui retient encore le "mystère d'iniquité (cf. 2ème épitre de Paul apôtre aux Thessaloniciens, 2, 1-12) et qui empêche François d'aller jusqu'au bout de son entreprise de ... disons, réforme radicale (pour rester dans la litote) de l'Eglise.

* * *

(1) La Reppublica écrit sous le titre:

Le cardinal autrichien, responsable de l'entente finale sur la communion aux divorcés remariés, et le Pape émérite, bien attentif au déroulement du Synode
Il y a même le détail d'un repas (??) entre les deux, qui s'est déroulé au Monastère Mater Ecclesiaie, sur l'arrière-plan de l'accord rejoint dans le circolo Germanicus qui a servi de modèle aux autres groupes, trouvant un point commun entre réformistes et conservateurs avant le vote final.
La rencontre du jeune (!!) archêque de Vienne, considéré par beaucoup comme papabile pour un futur conclave, et le vieux Pontife allemand, advenue quelques jours avant le vote de samedi, rentre dans les habituelles visites de politesse du "Schülerkreis" (le cercle des anciens élèves de Ratzinger) à leur vieux professeur. Mais le Pape émérite, qui désormais a du mal à marcher mais sur le cerveau duquel il n'y a rien à redire (!!) a suivi avec attention - de loin - les phases du débat. Qui l'ont même vu cité plusieurs fois dans les textes. Et tout le monde sait combien le chef de file des conservateurs, le cardinal Muller, préfet de la CDF, et éditeur des Opera Omnia de Joseph Ratzinger est sensible à la vision de Benoît. Dans la main finalement tendue (?) par Müller aux progressistes Schönborn et Kasper, certains ont vu le désir de ne pas diviser le Synode en rejetant l'impulsion donnée par François, mais plutôt de lui faire accueil. "Ç'a été une vraie surprise", commentent aujourd'hui des sources extérieures à l'Assemblée, qui notent que "la Relation, passée non sans conflit, a trouvé au dernier moment une base commune...".