"Une rencontre avec NOTRE Pape Benoît"

Le récit à la première personne du directeur de la rédaction du Bild Zeitung. Traduction ... indirecte

>>> Autres photos (et résumé de la rencontre sur Vatican Insider): Benoît XVI reçoit le directeur de Bild Zeitung

Mieux que le résumé que donnait hier le site Vatican Insider, voici la traduction de l'article original paru le 15 octobre sur le Bild Zeitung.
Je me suis servie de la traduction en anglais que donne sur son site mon amie Teresa.
Le ton est affectueux, et même touchant.


(Fac similé du Bild Zeitung - Cliquez)

Un samedi à Rome.
Comme hôtes de Benoît XVI. NOTRE Pape.



Cela fait dix ans que le cardinal Joseph Ratzinger est devenu le premier Allemand successeur de Pierre en plus de 500 ans. Et il l'a été juqu'à il y a un plus de deux ans, quand le chef de 1,2 milliard de catholiques à travers le monde est devenu le Pape émérite.
Benoît vit encore au Vatican. Plus dans le palais apostolique surplombant la Place Saint-Pierre, mais «caché» dans un ancien monastère à deux pas, derrière le dôme de la Basilique.
«Caché aux yeux du monde», a-t-il dit lui-même quand il a renoncé à sa charge de Pape. Mais la route vers lui commence toujours à la Porte Sainte-Anne, au Vatican, où l'on est accueilli par les gardes suisses, puis accompagné par un officier de la gendarmerie du Vatican. Il pleut à verse.
Mgr Georg Gänswein, son plus fidèle confident et secrétaire, ouvre la porte de ce qui est sa résidence ainsi que celle de Benoît.
Il y a un minuscule vestibule, et un escalier en bois monte vers le premier étage. Le salon est épuré et lumineux, avec un canapé en cuir blanc et de simples fauteuils. Des étagères tapissent les murs du sol au plafond, il y a une télévision à écran plat avec un lecteur DVD, et des icônes sur les murs.
Il y a aussi un guéridon, et sur le piano une photo en noir et blanc de son frère Georg.
Et il est là, NOTRE pape, debout à la porte. Des yeux vifs et souriants. Appuyé sur un déambulateur, pour le soutenir. Une soutane blanche et de simples sandales marron.
«Comme c'est bien que vous soyez venus!». Il est de bonne humeur, très vif, on ne ressent plus rien de l'épuisement que faisait peser sur ses épaules la charge, si lourde pour son âge qu'il ait finalement décidé d'y renoncer.
Il s'assied sur le canapé. Il est détendu et rayonne de la chaleur et de la certitude de quelqu'un qui est en paix avec lui-même et avec les décisions qu'il a prises.
Benoît apprécie le cadeau que nous lui avons apporté: l'artiste berlinois Albrecht Klink a immortalisé le titre légendaire de BILD: "Wir sind PAPST" le 20 Avril, 2005, dans une sculpture taillée dans le bouleau.
C'était le titre de BILD pour l'élection d'un pape allemand. Un titre qui a fait le tour du monde.
Il prend l'image et passe sa main sur les détails. C'était un titre très émouvant, dit-il, qui lui a fait se sentir spécialement lié à ses compatriotes allemands.
La croix pectorale qu'il porte est exactement la même que celle qu'il donnait aux évêques qui lui rendaient visite quand il était pape, et il la porte désormais en signe de familiarité fraternelle avec tous les autres évêques.
Ses journées sont devenues plus calmes, nous dit-il, et il ne reçoit plus autant d'invités. Chaque soir, il parle à son frère Georg au téléphone et ils se disent entre eux ce qu'ils ont fait dans la journée. Après qu'il ait été élu pape, se souvient-il, leur plus grande préoccupation était qu'ils ne se verraient plus aussi souvent.
«Mais ensuite nous avons découvert que le téléphone existe», dit-il avec un rire. En Août, Georg était avec lui au Vatican pendant quatre semaines. Il a maintenant 91 ans et il est pratiquement aveugle.

Presque avec passion, l'esprit très clair, Benoît parle de son dernier voyage en tant que Pape au Liban et de son précédent voyage en Jordanie et en Israël. De ses multiples rencontres avec les jeunes dans cette région en conflit. En ce moment, ses pensées et ses prières sont pour les guerres actuelles, et la migration forcée de personnes déplacées qui posent aujourd'hui des problèmes monstrueux à l'Europe.
C'est pour toutes les victimes de conflit que Benoît prie le plus ces jours-ci, quand en début de soirée - et encore aujourd'hui, après notre visite - il fait une promenade de 20 minutes à travers les jardins du Vatican avec Mgr Gänswein. Ils prient le chapelet ensemble. Leur itinéraire est toujours le même, jusqu'à la Grotte de Notre-Dame de Lourdes, une réplique de celle de Lourdes - l'autel était un don de Lourdes au Vatican.
Une voiturette de golf l'amène à la grotte, où un déambulateur est toujours prêt pour lui. Ici, dit-il, il a «un dialogue» avec son Dieu. C'est un moment, dit-il, où il se sent le plus en communion avec Dieu.
Il prend congé de nous avec une poignée de main. Puis, il prend les deux mains de son hôte, en une prise ferme. Comme il le faisait toujours quand il était Pape.